2 octobre 2015 | Mise à jour le 2 mars 2017
L'inventivité du langage des ouvriers de l'Arsenal de Brest était au cœur d'un premier abécédaire paru en 2012. Aujourd'hui, Gérard Cabon et son complice, le dessinateur Nono, passent la deuxième couche.
« Ici, on ne prononce jamais le nom de Vichy ou d'une autre ville d'eau ». Acte de résistance au gouvernement de Pétain pendant la Seconde Guerre mondiale ou dicton de leveurs de coude patentés ?
Vous le saurez en lisant Y'a skiff ! deuxième couche, suite de l'abécédaire où l'on découvrait ces ouvriers brestois grandes gueules et gros cœur, frondeurs et portés sur le gros rouge.
Mais l'auteur ne s'est pas contenté d'aligner anecdotes, surnoms évocateurs et expressions fleuries – d'ailleurs généralement hilarantes –, il relate aussi l'engagement syndical, les grèves parfois aussi dures que des têtes de Bretons, la résistance à l'occupant nazi… où au petit chef qui ne se salit jamais les mains !
Vous y apprendrez qu'à une réunion « koll amzer », on perd son temps, comment se voir décerner la fourchette d'or, que partir en formation, c'est « aller en réchauffage » et que, soucieux d'éviter la langue de bois, un délégué CGT avait un jour revendiqué « de mettre un garrot à l'hémorragie du manque à gagner »… c’est-à-dire augmenter les salaires !
Bref, de quoi mettre un peu d'humour et de bonne humeur dans un monde du travail qui en manque si cruellement.
Y'a skiff ! deuxième couche, de Gérard Cabon et Nono, Éditions Dialogues, 120 p., 15 €.