À Paris, les livreurs à deux-roues se dotent d'un syndicat CGT
Le premier syndicat CGT des entreprises de livraison deux-roues de Paris vient d’être créé, samedi 26 juin. Avec cette ambition : doter tous les travailleurs des... Lire la suite
La société britannique de livraison de repas Deliveroo pensait sans doute que ses modifications unilatérales sur le paiement de ses livreurs passeraient comme une lettre à la Poste. C'était sans compter sur la mobilisation des livreurs français qui refusent de se voir imposer un nouveau mode de rémunération à la course et non plus à l'heure.
Il est vrai que Deliveroo a déjà expérimenté ce mode de paiement dans les autres pays européens où il est implanté. Une régression sociale que la société a aussi mise en place en France avec une particularité jusqu'à lors : la co existence de deux types de paiement : un tarif à la course pour les nouveaux embauchés (soit 5 euros par course en région et 5,75 euros à Paris) et une tarification horaire pour les anciens livreurs – arrivés avant août 2016 – sur la plateforme numérique. Ces derniers, qualifiés de « partenaires » et surtout pas de salariés, sont alors payés 7,50 euros de l'heure. Une rémunération de base à laquelle s'ajoutent 2 à 4 euros supplémentaires par course et des primes selon les jours travaillés et la météo.
Pour Deliveroo, entreprise qui nie le salariat, ce changement s'imposait parce que la société n'est plus en capacité de garantir un nombre suffisant de courses aux livreurs. Une raison « légitime pour changer de contrat », selon la direction de Deliveroo. Autant dire que ce type d'argument n'est pas du goût des livreurs au premier rang desquels, Jérôme Pimot, coursier à vélo et membre fondateur du Collectif des livreurs autonomes de Paris et syndiqué CGT.
Interrogé sur France Inter, mercredi 9 août, il résumait justement le rôle des plateformes numériques dans le monde du travail. « L'ubérisation est une lame de fond qui arrive dans le monde du travail (…). Le but de ces sociétés là (les plateformes numériques, NDLR) n'est pas de créer un service. Le but est de créer une servitude. »
Une déferlante de start-up, très dans l'air du temps macronien, aussi bien françaises (Frichti, Allo Resto) qu'internationales (Foodora, Deliveroo…) a investi l'Hexagone. Elles semblent répondent à une demande de citadins pressés, à fort pouvoir d'achat, qui cuisinent de moins en moins et veulent profiter de bons repas chez eux ou au bureau. En 2016, le marché dépassait le milliard d'euros de recettes, selon le cabinet d'études Xerfi, soit environ 16 % du secteur de la restauration. Malgré ces tendances prometteuses se pose la question de la rentabilité de telles entreprises. L'année dernière, Deliveroo a bouclé sa meilleure levée de fonds, avec 275 millions de dollars dans les poches de la plateforme de foodtech. « C'est la validation de notre modèle, où les fondamentaux économiques sont pris en compte à chaque étape du développement. On est déjà rentables sur plusieurs marchés », se félicitait la direction française de la société britannique.
Jérôme Pimot, lui, à une autre lecture de l'apparition aussi soudaine que fertile de ces plateformes numériques. « Ces sociétés là lèvent des milliards de fonds pour livrer des burgers » mais « ne gagnent pas d'argent sur le terrain (…) ». Or, selon lui, personne ne capitaliserait des sociétés comme Uber ou Deliveroo en milliards « juste pour créer un service. Par contre, pour casser du travail, pour diviser par deux le coût du travail ( …) » et in fine pour remettre au goût du jour le travail à la tâche.
Les coursiers numérisés ne comptent pas en rester là. Le rassemblement de vendredi à Paris a pour objectif de mobiliser le plus de coursiers possible mais aussi de sensibiliser les clients et les restaurateurs pour faire connaître, d'un bout à l'autre de la chaîne, les pratiques antisociales de ces prestataires numériques.
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