17 octobre 2019 | Mise à jour le 17 octobre 2019
Les 134 salariés de Péters Surgical de Bobigny (Seine–Saint-Denis), une entreprise de production et de logistique de matériel médical, sont révoltés par un plan de suppression d'emplois qui concernerait 60 d'entre eux. L'opération ne s'explique que par l'avidité des actionnaires du fonds d'investissement Eurazeo.
Chez Péters Surgical à Bobigny (Seine–Saint-Denis) tous les voyants économiques sont au vert. Et pour autant, on licencie… Avec 134 salariés, le site où cohabitent un atelier de fabrication de produits orthopédiques et médicaux, ainsi qu'un service de logistique, affiche un bénéfice de six millions d'euros. Une performance en augmentation de 11 % par rapport à l'année précédente. Son chiffre d'affaires, d'un montant de 58,7 millions d'euros, connaît lui aussi une ascension exponentielle (+ 51 % entre 2015 et 2016).
Dans ce contexte, l'annonce d'un PSE (plan de sauvegarde de l'emploi) supprimant 60 postes fait l'effet d'un coup de tonnerre : « L'entreprise a touché 663 000 euros de CICE sur les trois dernières années, et voudrait utiliser cet argent public pour financer le PSE ! » dénonce l'intersyndicale CGT-CFTC, avant d'en appeler à l'intervention de l'État.
Une stratégie financière sans vision industrielle
« Ils veulent délocaliser nos productions vers les filiales asiatiques » dénonce Éric Mutumbo délégué CFTC du site. « Nous refusons le PSE, car l'entreprise va très bien. Le fonds d'investissement Eurazeo veut vendre l'entreprise uniquement pour faire rapidement de l'argent. Ses dirigeants prétendent que la nouvelle réglementation issue du scandale des prothèses PIP impose des coûts de fabrication trop élevés. Mais ils ont investi dans la modernisation de filiales de Thaïlande et d'Inde et pas ici, or même si nous sommes aussi extrêmement rentables, c'est aussi ce qu'il faudrait pour Bobigny » ajoute le délégué CGT Julien Faidherbe.
Mobilisations
En grève depuis le 15 octobre 2019, les salariés ont manifesté bruyamment leur mécontentement, faisant y compris appel à la presse. Parmi les manifestants, beaucoup d'ouvrières, car ce sont majoritairement des femmes qui travaillent à la fabrication des produits chirurgicaux et orthopédiques.
La publicité autour du mouvement n'a, semble-t-il, guère été du goût de la direction qui a émis le souhait de délocaliser à Paris la réunion du CSE pour l'examen du PSE. « Ils disent nous mettre devant nos responsabilités face à un dialogue qui ne serait pas apaisé… » commente Éric Mutumbo. « Le dialogue, ce n'est pas le truc de la direction » ironise Julien Faidherbe qui relève que le communiqué croit bon de préciser qu'elle « respecte le droit de grève. » Ces messieurs sont vraiment trop bons de respecter le droit…
À l'heure où nous écrivons, les actions se poursuivaient et une réunion du CSE était annoncée pour le 17 octobre 2019 à Bobigny.