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Vœux

Pour 2017 : on ne lâche rien

1 janvier 2017 | Mise à jour le 30 décembre 2016
Par | Photo(s) : Fotolia/Baluchis
Pour 2017 : on ne lâche rien

La NVO vous souhaite une année 2017 de luttes et de succès. Retour sur l'année qui vient de se clore, et sur quelques perspectives pour celle qui s'annonce.

C'est le dernier cadeau du gouvernement aux salariés, annoncé avec un peu d'avance sur le père Noël : une généreuse augmentation du Smic de 0,93 %, soit une simple hausse mécanique du salaire minimum, permettant de passer de 9,67 à 9,76 euros bruts de l'heure. Un salarié au Smic à temps plein touchera donc 1 480,27 euros bruts mensuels, soit 13,65 euros de plus qu'en 2016. Autant dire de quoi s'acheter chaque mois plusieurs pains au chocolat au tarif de ceux de Jean-François Copé. Myriam El Khomri, la prodigue ministre du Travail, assume cette audacieuse largesse : « La décision a été mûrement réfléchie à l'aune des réalités économiques », rassure-t-elle dans Le Nouvel Obs. D'autres en d'autres temps ne proposaient-ils (ou elle) pas au bon peuple, faute de pain, de manger de la brioche ? L'absence de coup de pouce, en tout cas, se conforme aux décisions de ces dernières années. Et se fait à l'image des orientations économiques et sociales de 2016. Sinon du quinquennat.

2016, année du 49.3

Car cette année 2016, entamée et finie sous état d'urgence, aura été marquée, en France, par l'acharnement gouvernemental à imposer coûte que coûte sa nouvelle réforme du droit du travail après celle, déjà, d'Emmanuel Macron. Prescrite par le patronat, la « philosophie » de la loi consiste en l'inversion de la hiérarchie des normes, autrement dit, fait primer les accords d'entreprise sur les accords de branche et sur le Code du travail, remettant en cause les principes mêmes du droit du travail et pavant la voie d'un dumping social généralisé.

 

Au mépris des multiples et massives mobilisations contre un texte rejeté par l'immense majorité de la population, et en particulier par la jeunesse, au mépris des organisations syndicales qui refusent l'accompagnement des reculs sociaux, au mépris du débat parlementaire, le premier ministre aura imposé sa loi au forceps d'un 49.3, cet article aussi constitutionnel qu'antidémocratique que le même premier ministre, redevenu simple citoyen candidat à la candidature de la présidentielle, prétend, sans rire, vouloir abroger.

Une année marquée aussi par le recul des libertés individuelles et fondamentales : encadrement policier des manifestations menacées d'interdiction, tribunal, et réquisitions très lourdes contre des militants syndicaux, en particulier de la CGT…

Le dogme de la « baisse du coût du travail »

Faire peur, faire taire. Et nier toute perspective d'alternative, en dépit des promesses de « changement maintenant » d'avant le quinquennat.

C'est ainsi que le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'Union économique et monétaire (TSCG) – ou « Pacte budgétaire européen » – aura été ratifié en début de mandat sans modification, que la réduction des déficits publics en vue de les passer sous la barre des 3 % du PIB sera devenue une priorité au détriment de la solidarité et des services publics, que la politique de l'offre aura primé sur la politique de la demande, qu'au nom de la compétitivité des entreprises la rémunération du travail rebaptisée « coût du travail » sera devenue une cible privilégiée, et que le patronat aura bénéficié de dizaines de milliards d'exonérations sociales et fiscales, au titre du CICE et du pacte de responsabilité, sans contrepartie ni effet sur l'investissement ou l'emploi.

Austérité et dumping

Cette politique s'inscrit dans la continuité des précédentes, et aussi dans un contexte d'austérité imposée en Europe. Par exemple, des nouvelles mesures exigées de la Grèce par les financiers européens, mesures d'austérité aussi injustes et antidémocratiques que contre-productives économiquement… Mais cette politique s'inscrit aussi dans un contexte d'inégalités et de dumping croissants dans le monde, mettant les peuples et les salariés en concurrence quand, au contraire, coopérations et solidarités seraient nécessaires.

Boucs émissaires, populisme nationaliste

Quoi de plus facile dès lors pour l'extrême droite que d'exploiter cette mise en concurrence pour faire de l'Autre – le travailleur migrant, l'étranger… – le bouc émissaire de toutes les crises et de toutes les inégalités ? Les attentats terroristes qui ont de nouveau frappé le territoire en cette année 2016, dans une logique d'éradication de l'Autre, et prétendument menés au nom de l'islam, ont contribué à nourrir non seulement les peurs, mais aussi les fantasmes, le racisme…

Le refus de la majorité des États membres de l'Union européenne (UE), souvent pour des raisons électoralistes à courte vue, d'accueillir comme l'imposent la loi autant que l'éthique les migrants fuyant les guerres menées contre tant de peuples du sud de la Méditerranée, de l'Irak et de l'Afghanistan à la Syrie, la RDC, le Yémen, ou fuyant les crises écologiques et économiques… nourrit ces confusions qui font le lit des droites extrêmes. Les images du corps du petit Aylan, échoué sur une plage turque, ou celles des bombardements d'Alep-Est par le régime syrien et ses alliés, n'auront guère changé la donne.

2017 : la croisée des chemins

2017 s'ouvrira, à quelques jours près, par la passation de pouvoir le 20 janvier entre Barak Obama et Donald Trump à la Maison-Blanche. Le milliardaire « Trump a mené une campagne d'attaques frontales et de dénigrement des institutions politiques. Il s'est présenté comme une alternative au système politique américain et comme la voix du peuple contre les élites corrompues. Il a surtout mobilisé les égoïsmes sociaux, les haines raciales, les divisions ethnico-ethniques et les divisions de genre », témoigne Philip Golub auteur d'Une autre histoire de la puissance américaine. Trump, qui parle « au nom du peuple » et donc à sa place (ce qui est à l'essence du populisme), et qui prétend affronter la mondialisation non en combattant son caractère libéral, mais en défendant le protectionnisme… De la même façon que, au Royaume-Uni, les tenants d'une vision xénophobe ou raciste du monde ont très largement contribué, lors du référendum sur le Brexit, à la campagne pour la sortie de l'UE, et non pas pour un vrai changement de politique économique et de modalités d'exercice de la démocratie au sein de l'UE.

 

En France, 2017 sera aussi une année électorale : présidentielle, puis législatives. L'extrême droite espère surfer sur la même vague que Donald Trump. Ou qu'un Victor Orban en Hongrie… Le danger est bien réel. Et la CGT, avec d'autres, comme la FSU, Solidaires… poursuit sa campagne contre l'extrême droite, ses thèses et ses pratiques, son imposture sociale et le poison de la division, de la xénophobie et du racisme. Mais on sait aussi combien à droite un François Fillon joue la surenchère après la politique menée par le gouvernement actuel. Surenchère économique et sociale, de la volonté de supprimer cinq cent mille postes de fonctionnaires à celle d'allonger l'âge de départ en retraite ou de restreindre les allocations des privés d'emploi, et surenchère identitaire.

 

Dans ce contexte, c'est autour de ses valeurs et de ses axes revendicatifs que le syndicalisme est interpellé et que la CGT se mobilise. Pour l'emploi, de qualité, pour une vraie sécurité sociale professionnelle contre une remise en cause des droits des salariés et une ubérisation plus que rampante de l'emploi qui menace toute une génération. Pour la reconquête de l'industrie, pour une protection sociale de qualité, pour la défense des droits des privés d'emploi comme des retraités, pour des services publics dignes de ce nom, pour de nouveaux droits à l'entreprise et dans la cité, pour le développement des solidarités…

 

Le ton est donné dès janvier avec de premiers rendez-vous :

  • Pour les élections dans les TPE, dans le cadre desquelles les syndicalistes CGT multiplient les rencontres avec les salariés (le scrutin se tient du 30 décembre 2016 au 13 janvier 2017).
  • Auprès des salariés de Goodyear à Amiens, le 11janvier2017, la confédération soutenant l'appel du syndicat CGT Goodyear à manifester nombreux et nombreuses pour la relaxe et la défense des libertés syndicales.
  • Sur tout le territoire pour que la loi « travail » n'entre pas à l'entreprise…

 

Bref, en 2017, on ne lâche rien. Alors, meilleurs vœux !