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Gilets jaunes

Prix des carburants : le mouvement du 17 novembre interpelle les syndicats

15 novembre 2018 | Mise à jour le 16 novembre 2018
Par | Photo(s) : Bigot / Andia
Prix des carburants : le mouvement du 17 novembre interpelle les syndicats

A la veille du 17 novembre, jour où des appels sur le Net se multiplient pour « bloquer le pays » contre le prix exorbitant de l'essence, nvo.fr propose des éclairages sur plusieurs aspects de cette mobilisation annoncée : son organisation, ses mots d'ordre, le rôle de l'extrême droite, la couverture médiatique du 17 novembre, mais aussi les paramètres du pouvoir d'achat, les moyens de la mobilité et de transports propres, les revendications de la CGT…

Quelques jours avant la mobilisation annoncée du 17 novembre contre la hausse du prix de l'essence, avec un appel de ceux qui se nomment  les « gilets jaunes » au « blocage » du pays, le gouvernement se mobilise. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, s'inquiète des risques de débordement d'une mobilisation présentée comme spontanée. Alors que pour mener sa politique de réformes antisociales elle n' a pas hésité à faire preuve de mépris à l'égard d'un réel dialogue social, elle s'inquiète tout d'un coup de l'absence de ce que d'aucuns nomment les « corps intermédiaires ». Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, demande: « qu’il n’y ait aucun blocage total. (…) Partout où il y aura un blocage, et donc un risque pour les interventions de sécurité et aussi la libre-circulation, nous interviendrons » prévient-il. Quant au président de la République, qui continue de dévisser dans les sondages, il annonce à la fois qu'il maintiendra sa politique de forte taxation des carburants, mais qu'il l'accompagnera d'une aide aux plus modestes.

Un mouvement viral sur le net

A la veille de ce 17 novembre 2018, nul ne peut prédire l'ampleur du mouvement dont nombre de médias se font l'écho depuis plusieurs semaines. Mais il pose d'ores et déjà plusieurs questions : quant à son organisation à travers internet et les réseaux sociaux ; quant à ses mots d'ordre ; mais également quant à la volonté des organisations politiques d'extrême droite de s'en emparer.

Une pétition sur change.org, des appels sur les réseaux sociaux, la création de groupes Facebook avec une diffusion favorisée par ses nouveaux algorithmes, des vidéos postées sur la toile et consultées plusieurs millions de fois : les appels à protester contre le prix élevé de l'essence, à l'initiative de quelques individus, sont vite devenus viraux. Au point que, selon un sondage Odoxa pour France Info et Le Figaro le 1 novembre, plus des trois quarts de la population se disent favorables à une mobilisation contre le prix trop élevé de l'essence. En jeu : un ras le bol majoritaire face à un pouvoir d'achat en berne.

L’extrême droite et patronat à la manœuvre pour dévoyer des revendications légitimes sur le pouvoir d’achat

Parallèlement, l'extrême droite et la fachosphère ont très vite relayé ces appels. Certains de leurs militants, de même que certains patrons d'entreprises de transport ou du BTP, notamment, se sont faits les organisateurs locaux des manifestations de ce samedi 17 novembre. L'extrême droite voit là l'occasion à la fois de tenter de rassembler, sans peser sur les entreprises, et de transformer des revendications légitimes en faveur du pouvoir d'achat en rejet de l'impôt et de la fiscalité.
C'est ce qui a amené la CGT, dans son communiqué du 29 octobre titré « Entre exaspération et instrumentalisation », à appeler à entendre la colère de tous ceux qui subissent le prix devenu « exorbitant et intenable » des « produits pétroliers », mais à mettre en même temps en garde contre les récupérations qu'en fait l'extrême droite. « L'appel lancé un samedi, sans réelle ambition de bloquer l'économie, s'appuie sur une colère légitime, mais dont les ressorts sont obscurs et les solutions préconisées pour sortir de cet engrenage sur le long terme demeurent floues, voire dangereuses pour le monde du travail. Plusieurs partis d'extrême droite semblent être à la manœuvre » écrivait la confédération. Aussi n'appelle-t-elle pas à cette mobilisation. De son côté, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a affirmé sur France Info « La CFDT comprend l’exaspération d’un certain nombre de salariés qui pour se rendre au travail ont un coût supplémentaire, mais elle ne soutient pas ces blocages qui sont récupérés politiquement par l'extrême droite » .

Pouvoir d'achat, salaires et fiscalité

Quid dès lors des revendications qui s'expriment ?
L'augmentation du prix à la pompe de l'essence et plus encore du diesel grève considérablement les budgets de millions de citoyen: salariés se rendant quotidiennement au travail en voiture faute de transports collectifs suffisants, en particulier dans les régions rurales ou dans les périphéries des grandes villes, de même que privés d'emploi, précaires, ou retraités qui subissent la hausse de la CSG et la désindexation des pensions…
Si le Net peut s'avérer un vecteur de mobilisation rapide et large, il ne remplace pas le débat démocratique ni sur les mots d'ordre, ni sur les revendications et propositions de celles et ceux qui entendent protester. Ni d'ailleurs sur les formes d'action. Aussi des mots d'ordre divers peuvent se faire jour.

Proposer, débattre, mobiliser

Tandis que s'exprime de façon multiforme la colère du monde du travail, la responsabilité des organisations syndicales et de la CGT en particulier est engagée. En jeu, la capacité d'informer, de mettre en débat des propositions revendicatives pour la défense du pouvoir d'achat, des services publics de proximité, une autre fiscalité… et de transformer la colère en exigences revendicatives portées par de nouvelles mobilisations.