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Quel « monde d’après » pour les libraires indépendants ?

24 mai 2020 | Mise à jour le 25 mai 2020
Par | Photo(s) : Benjamin Girette/AFP
Quel « monde d’après » pour les libraires indépendants ?

À l'heure de la réouverture, les 3 200 librairies indépendantes françaises pourraient souffrir des conséquences du Covid-19. Alors que la grande distribution a continué à vendre des livres, les plus petites boutiques pourraient être les plus impactées. Cet épisode pourrait accélérer encore la vente en ligne.

Pour Renny Aupetit, propriétaire du Comptoir des mots (XXe arrondissement) et cofondateur du réseau Librest qui fédère des librairies de l'est de Paris, l'objectif, durant le confinement, aura été de « limiter la casse » pour ses deux librairies parisiennes. Les onze employés, eux, se sont retrouvés « au chômage partiel ».

« Tout s'est bien passé pour moi. On nous a expliqué comment ça allait se passer le premier jour de confinement, et puis, j'ai demandé à revenir quelques jours avant la réouverture, pour faire de la gestion de stock, ce qui n'est pas facile à faire avec le téléphone ou des clients dans le magasin. Je suis donc revenu dès le 5 mai », explique Marie Morel, employée depuis cinq ans dans le magasin parisien.

L'Observatoire de la librairieCréé par le Syndicat de la librairie française, il met en réseau près de 270 librairies de France de toutes tailles. C'est un indicateur économique de la librairie en France.

Dès les premiers jours du confinement, Renny Aupetit a préparé des commandes pour la LaLibrairie.com, la plateforme de e-commerce des librairies indépendantes qu'il a participé à alimenter avec les livres à disposition dans son magasin. Puis, dès que cela a été possible, il a opté pour du « click & collect », une commande faite sur Internet qu'il faut retirer à l'entrée du magasin durant un créneau horaire précis.

« Ce fonctionnement m'a permis d'assurer les charges des magasins et de déstocker », explique-t-il. L'Observatoire de la librairie estime la baisse de chiffre d'affaires pour les librairies françaises à – 35 % depuis début 2020, et Renny Aupetit espère s'en tirer à – 20 % de chiffres d'affaires sur son année.

Des messages et des collectes solidaires

Alors que 600 auteurs, éditeurs et libraires ont appelé, samedi 23 mai, dans une tribune adressée à Emmanuel Macron, à un plan de relance pour la chaîne du livre, qu'en sera-t-il de ce plan qui se fait toujours attendre ? Les petites librairies indépendantes auront-elles les moyens de faire face ? Durant le confinement, des collectes ont été organisées en ligne pour les aider.

À Lune et l'autre, une librairie de Saint-Étienne, la solidarité a plutôt bien fonctionné : en un mois, 9 000 € ont été récoltés sous forme de bons d'achat à retirer toute l'année. « Ces mois sont toujours ric-rac et, en plus, on a ce virus qui nous est tombé dessus. L'idée était d'avoir une aide pour la trésorerie et de pouvoir payer les petits éditeurs. De gros éditeurs ont remis les factures à plus tard, et on a pu négocier un mois de loyer avec notre propriétaire », constate Antoine Blanchard, l'un des associés de l'enseigne.

Elle a pu bénéficier des informations du réseau des librairies indépendantes de la région Auvergne-Rhône-Alpes, du Syndicat de la librairie française (SLF) et puis d'une association nationale de libraires, Initiales, dont elle est membre. « Le fait de ne pas se sentir seul dans ce moment et d'échanger avec d'autres libraires nous a permis d'avoir des perspectives d'avenir », estime Antoine Blanchard.

Enjeu culturel et démocratique

À partir de quand les librairies retrouveront-elles leurs débats, ces lieux de parole libre et si nécessaire au débat ? Et pourront-elles fonctionner normalement, alors que toute la chaîne du livre repart doucement ? Dès le 11 mai, les libraires ont pu à nouveau ouvrir leurs portes, comme tous les commerces culturels. À Lune et l'autre, « on a été dévalisé » depuis la réouverture.

Sur le fait de porter un masque, de mettre du gel hydroalcoolique à disposition et de n'accueillir que 4 personnes à la fois, Antoine Blanchard se voulait philosophe, étant dans un petit lieu. Si les boutiques les plus fragiles devraient être les plus touchées, cet épisode de confinement pourrait accélérer encore la vente en ligne. Face à la concurrence sans merci de l'ogre Amazon, les libraires indépendants devraient avoir l'obligation d'investir plus durablement ce terrain pour survivre.

 

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