Radar travail et environnement, ou comment imposer le combat écologique dans l'entreprise

Ancrer la bataille environnementale à l’intérieur des entreprises : telle est l’ambition du Radar travail et environnement. Lancé ce 29 novembre par le collectif Pour un Réveil Écologique et l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens de la CGT (Ugict-CGT), l’outil ambitionne de répondre aux inquiétudes grandissantes des salariés quant aux nuisances causées par leur entreprise sur l’environnement. Selon une étude de l’Institut CSA pour l’ADEME et LinkedIn, ils seraient 42 % à souhaiter, sur le long terme, changer de métier ou se reconvertir pour exercer un emploi plus en lien avec l’écologie. Le chiffre grimpe à 70% chez les plus jeunes.

Le Radar se veut également une réponse au mouvement des « déserteurs« , en référence à ces jeunes ingénieurs quittant leur profession pour se reconvertir dans des activités plus respectueuses du vivant. « Nous refusons la mise en opposition social et environnemental » déroule Sophie Binet, secrétaire générale de l’Ugict-CGT. « Au contraire, il faut ancrer la bataille environnementale à partir du travail, en permettant aux salariés d’agir directement sur leur outil productif« . « Notre constat, partagé avec la CGT, est qu’il est dans l’intérêt des salariés et des syndicats de se préoccuper des enjeux environnementaux, qui sont aussi sociaux » abonde Antoine Trouche du collectif Pour un Réveil Écologique. « La bifurcation vers des activités écologiquement soutenables aura des conséquences sociales : certaines activités vont disparaître, d’autres vont être créées. Cela ne doit pas se faire au dépens des salariés. S’en préoccuper, c’est s’assurer que la direction ne soit pas seule à décider et que la volonté des salariés soit prise en compte« .

Un outil pour stopper le greenwhashing

Concrètement, les équipes syndicales qui souhaitent mettre en place le Radar dans leur entreprise ou collectivité doivent d’abord réaliser un état des lieux de la politique environnementale de leur employeur en répondant à un questionnaire (les salariés dépourvus de représentants peuvent saisir directement l’Ugict-CGT et Pour un Réveil Écologique). Lutte contre les pollutions, lutte contre l’effondrement de la biodiversité, mise en cohérence de la stratégie d’entreprise… L’idée est de passer au crible les actions concrètes menées par l'employeur en épluchant les divers rapports (Rapport RSE, Bilan simplifié des émissions de gaz à effet de serre, Document de performance extra financière…) mis à disposition des représentants du personnel. Un moyen également de démonter le greenwhashing mis en place par la direction.

Une fois cet état des lieux réalisé par les syndicats, les salariés en prennent connaissance et se basent sur leur expertise pour apporter des propositions et interpeller la direction. Se pose alors la question du rapport de force : « L’idée, c’est de se saisir de tous les moyens syndicaux pour peser dans la transformation de l’activité de l’entreprise : de la négociation jusqu’à la grève » explique Antoine Trouche, pour qui la transformation écologique des entreprises ne se fera pas sans les syndicats et les représentants du personnel. Interlocuteurs privilégiés des salariés et de la direction, ces derniers disposent en effet de protection et de droit d’intervention, et savent comment revendiquer et mettre en place des rapports de force.

Actuellement, le Radar est lancé dans une vingtaine d’entreprises, dont Thales, Nokia, Saint-Gobain et STMicroelectronics à l’initiative des équipes syndicales de la CGT. Alors que la COP 27 s’achève sur un accord minimaliste et décevant, les concepteurs du Radar entendent peser dans la bataille environnementale en la plaçant à portée de main des salariés.