
Jeunesse (Les Tourments) : le travail en pleine lumière
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Portrait du realisateur haitien Raoul Peck, lors de la projection de son documentaire Assistance Mortelle, le 3 avril 2013 à Port-au-Prince, Haïti.
L'effet est celui d'une grosse droite. Mais elle est salutaire. Elle veut réveiller. Dans un texte intitulé « J’étouffe », publié le 17 juin dans l’hebdomadaire Le 1, le cinéaste et ancien ministre de la Culture Haïtien Raoul Peck, dénonce le déni français face au racisme et au capitalisme. Vivant en France depuis plus de cinquante, il lance un cri du cœur saisissant et pédagogique malgré sa colère.
« La France est dans le déni et ses enfants n'ont plus le temps. Ses enfants « adultérins » ne veulent plus attendre. Ses enfants noirs, blancs, jaunes, arc-en-ciel s'agitent », lance-t-il. « La concentration de colère accumulée tous les jours dans le cœur de ceux qui « ne vous ressemblent pas », de ceux qui vous regardent du dehors à travers la vitre embuée, est incommensurable ».
Celui qui dénonçait le déni de l’Amérique blanche face au racisme dans son film I am not your negro (Je ne suis pas votre nègre, 2016), sélectionné aux Oscars et qui fut récompensé par le César du meilleur documentaire en 2018, interpelle aujourd'hui la France sur « les outrances, les mots racistes, les gestes racistes, les décisions racistes, les lois racistes » qui se banalisent.
Reconnaissant son statut d'« homme noir privilégié à tout point de vue », il dénonce un racisme « brutal, laid, malveillant » qu’il estime être le fruit d’une longue histoire liée à l’essor du capitalisme et des inégalités sociales. « On est simplement arrivé à la fin d'un bien trop lourd héritage d'injustice, de déni et de profits, construit sur la misère des autres », estime-t-il.
Cette réflexion s'inscrit dans le prolongement de son brillant documentaire Le profit et rien d'autre ! Ou réflexions abusives sur la lutte des classes (2000). Il y présente modestement son analyse critique du monde vue de Port-à-Piment, petite ville de Haïti, réduite à la ruine et à la décomposition sociale. Des experts économiques au même titre que de simples citoyens y exposent leur point de vue. Un jeune Bernard Maris y explique notamment que « le capitalisme n'est ni libre ni transparent » mais tout le contraire « féodal et opaque ». Avec recul, la voix off posée de Raoul Peck met en perspective la question de la solidarité, des grandes idéologies face au capitalisme triomphant de la nouvelle économie. Il concluait en se demandant : « Pourquoi je fais des films ? » « Parce que c'est beaucoup plus convenable que de brûler des voitures. » Aujourd'hui, son texte cogne là où ça fait mal.
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