
Services publics : sur le terrain, l’indigence des moyens
Inspecteurs du travail, agents des finances publiques, des douanes, de la répression des fraudes ou de la préservation de la biodiversité, tous constatent avec amertume... Lire la suite
« On a eu un taux national d'à peu près 15 % avec des départements qui ont compté jusqu'à 25 % de grévistes et des plates-formes téléphoniques qui ont dépassé les 50 % », se félicite Fanny Decoster, secrétaire générale de la fédération CGT des finances publiques, au lendemain de la grève à l’appel de l'intersyndicale lundi 10 mai. « Les agents des finances publiques ont conscience de ce qu'il se passe et ils n'en veulent pas ».
>Ce qu'il se passe ? Une prétendue « modernisation du réseau » de la Direction générale des finances publiques. Selon le ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, il s’agirait d’« apporter de nouveaux services, aux plus près des Français ». En réalité, ce plan se traduit, entre autres, par la fermeture de trésoreries publiques et la mise en place d'un « réseau » de « maisons France Services », sortes de guichets uniques regroupant toutes les administrations publiques, police, justice, finances publiques, CAF, Poste, Pôle emploi… et où deux ou trois préposés sont censés répondre à toutes les questions.
« Ce nouveau réseau engendre l'éloignement des services publics des usagers, notamment ceux des territoires ruraux », constate la responsable syndicale. Quant aux services rendus, vu la diversité des administrations représentées, « ils sont moins techniques et moins efficaces ».
Ce n'est pas là le seul souci de cette administration qui, outre le recouvrement des impôts, s'occupe de la paie des fonctionnaires, du contrôle fiscal des entreprises et, surtout, fait office de comptable public pour les collectivités locales.
« La loi de transformation de la fonction publique [adoptée en 2019] amène plus de contractuels dans toutes les administrations », regrette Fanny Decoster qui, outre la précarité engendrée pour ces agents, craint aussi de voir se manifester « moins de neutralité et d'égalité sur le territoire ».
« Nous demandons le retrait de ces nouveau réseaux de proximité et de la loi de transformation de la fonction publique, l'arrêt des suppressions d'emplois et un recrutement à la hauteur des besoins », insiste Fanny Decoster, qui rappelle que « près de 40 000 emplois ont été perdu depuis 20 ans, dont 30 000 ces 10 dernières années ». Une augmentation des salaires aussi. Mais surtout, « le maintien des mission et des structures de pleine compétence partout sur le territoire. Pour être au plus proche des usagers ».
Un « enjeu citoyen » auquel de nombreux élus ne sont pas indifférents. « Des députés, des sénateurs disent que la DGFiP s'arroge le droit de passer outre l'aménagement du territoire. Ils se rendent compte de l'ampleur de ces réformes et du fait que l'État se décharge de ses missions sur les collectivités, comme c'est le cas pour ces maisons “France services” financées par les collectivités locales alors qu'elles assurent des missions qui relèvent du champ de l'État. »
La mobilisation de lundi, « assez conséquente », ouvre des perspectives. « Nous allons organiser des assises départementales pour permettre une réelle concertation entre élus, usagers, agents et organisation syndicales sur ce que doit être la DGFiP de demain », annonce Fanny Decoster. Qui prévient : « une journée de grève “fonction publique” est dans les tuyaux pour avant l'été ».
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Entretien avec Willy Pelletier, sociologue à l’université de Picardie et co-auteur de l’ouvrage « La Haine des fonctionnaires » Lire la suite