À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
RETRAITES

Réforme des retraites : un calendrier et beaucoup d’interrogations

27 avril 2018 | Mise à jour le 28 avril 2018
Par | Photo(s) : Pascal Guyot / AFP
Réforme des retraites : un calendrier et beaucoup d’interrogations

Manifestation le 19 avril 2018 à Montpellier, contre les réformes de Macron et ses politiques économiques.

Le haut-commissaire à la réforme des retraites (HCRR) a présenté aux organisations syndicales ses constats, ses premières préconisations et le calendrier de la réforme. Sans dévoiler tous ses objectifs, il s'oriente bel et bien vers la mise en place d'un nouveau système de retraite par points, dont l'architecture ne serait pas dévoilée avant la fin de l'année en prélude à un projet de loi préparé pour l'été 2019.
Agenda du chantier de réforme Avril-mai 2018 : définition du nouveau régime, niveau de couverture, d'assiette, taux de cotisation ;
Mai-juin 2018 : prise en compte des droits liés à la maladie, la maternité, le chômage, minimas de pension ;
Juin-juillet 2018 : égalité hommes-femmes et droits liés au nombre d'enfants ;
Puis, de septembre à décembre 2018 : conditions d'ouverture des droits à la retraite, conditions des départs anticipés, gouvernance du système et modalités de transition entre l'ancien et le nouveau système.

Dans ses constats le HCRR pointe notamment une disparité des modes de calcul (public/privé, salarié/indépendant) qui « crée des inégalités », des mécanismes de redistribution qui « manquent de transparence » et des dispositifs de solidarité (maternité, veuvage) qui « ne donnent pas les mêmes droits ». Si le gouvernement a promis que la future réforme des retraites n'aboutirait pas à un nivellement des droits « par le bas », la CGT est plus que perplexe et interroge : « Une réforme des retraites ? Pour mieux baisser les pensions ? » Elle observe que « pour légitimer la démarche, la critique du système actuel (faite par le HCRR) ne brille pas par son objectivité ». Elle évoque ainsi la critique du mécanisme « par annuités » en vigueur dans tous les régimes de base au motif que certaines règles ne correspondent plus aux objectifs fixés. « La belle découverte ! » fait mine de s'étonner la CGT. « À force de dégrader les paramètres tout au long des réformes additionnées depuis 1993, le système a fini par devenir difficile à lire et par produire des retraites en baisse. Mais, n'était-ce pas le but de ces réformes ? » La CGT se félicite cependant que le HCRR, à partir des travaux du Conseil d'orientation des retraites constate que « notre système conserve effectivement une part importante de solidarité ».

Les syndicats sceptiques

Le scepticisme est aussi de mise à l'Unsa dont le secrétaire général, Luc Bérille déplore « un bilan à charge » alors que le système actuel permet selon lui « d'assurer de la redistribution ». Du côté de la CFDT : « il y a des lignes rouges », prévient Frédéric Sève, soulignant que son organisation « ne veut pas d'une réforme pour faire des économies ». Des économies qui, souvenons nous, ont été la pierre angulaire des réformes précédentes pourtant soutenues par cette organisation syndicale. Elles comportaient des mesures de recul de l'âge de la retraite, des mécanismes qui déconnectent l'évolution des pensions par rapport à celle des salaires.

On peut légitimement se méfier des intentions du chef de l'État dont on ne voit pas pourquoi, il aurait subitement envie de conduire une réforme de progrès social. Sans faire de procès d'intention, la CGT demande « pourquoi s'aventurer dans une réforme systémique qui va chambouler tous les repères aussi bien pour les travailleurs que pour les retraités ? De surcroît alors que les comptes sont grosso modo à l'équilibre ». La méfiance est bien légitime si l'on se souvient que l'accord sur la fusion des retraites complémentaires ARRCO et AGIRC de l'automne dernier préfigure aux yeux du Medef — qui a l'oreille du chef de l'État — ce que devra être la réforme des retraites. Cet accord met en place des mécanismes qui faute de pouvoir augmenter les recettes vont provoquer une baisse des pensions afin de maintenir un équilibre purement comptable. « La négociation a gravé dans le marbre la possibilité de faire varier la valeur du point et donc de baisser les pensions pour les retraités ou les actifs, et cela même sans en passer par une négociation », résumait Catherine Perret, dirigeante de la CGT dans la NVO.

La répartition préservée

Pour ce qu'on en sait, le système de retraites par répartition serait préservé : les actifs continueront de cotiser pour les pensions des générations retraitées. Mais dans les projets du gouvernement, le mode de calcul des retraites serait adossé à un nouveau système de points. Le but affiché par Emmanuel Macron lors de sa campagne étant de « garantir qu'un euro cotisé, quels que soient votre situation, votre statut, votre secteur d'activité, donne les mêmes droits. » On est peut-être devant un infléchissement par rapport au projet de campagne d'Emmanuel Macron, dont l'équipe plaidait pour un régime de « comptes notionnels » à la suédoise, au pilotage quasi automatique. Pour l'heure, il semble que l'exécutif conserve l'ambition d'en finir avec les régimes spéciaux en fondant les 42 régimes de retraite existants (y en comptant ceux des parlementaires et des fonctionnaires des assemblées) en un seul, dans lequel un euro cotisé génère le même droit à retraite, même si rien n'est encore tranché. L'idée étant d'offrir à chaque actif une meilleure lisibilité des conséquences de son parcours professionnel sur sa pension. « La CGT veut bien harmoniser le plus possible les régimes pour rendre l'ensemble moins complexe, mais à condition de respecter des particularités et de tirer tout le monde vers le haut », précisait Catherine Perret pour la CGT en novembre 2017.

Une réforme ni moderne, ni juste

Quid du niveau des pensions ?

Des premiers échanges avec le HCRR, la CGT n'a pas obtenu les réponses aux questions que sont en droit de se poser les citoyens, les salariés : quel niveau des pensions dans l'avenir ? Quel taux de remplacement du salaire par la pension pourront espérer les jeunes générations ? Quelles réponses apporter aux questions jamais résolues, voire même aggravées par les réformes précédentes sur les basses pensions, l'égalité femmes/hommes, la vraie prise en compte de la pénibilité, le maintien du pouvoir d'achat des retraites ? « Chambouler les repères et centrer le débat sur du meccano administratif, points ou comptes notionnels, est-ce innocent ? N'y aurait-il pas d'autres objectifs, d'autres intentions ? On est bien obligé de s'interroger » conclut la CGT qui craint sous couvert de simplification la volonté « en réalité la volonté de mettre en place un système produisant une baisse encore plus forte des pensions futures, de manière automatisée, dans des conditions illisibles pour le commun des salariés ? »

Vers le « chacun pour soi »