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Compétitivité

Renault : le mécontentement monte

22 novembre 2016 | Mise à jour le 30 novembre 2016
Par | Photo(s) : DR
Renault : le mécontentement monte

Renault Flins était en grève le 15 novembre dernier à l'appel de l'intersyndicale CGT-FO-UNSA-CFDT. Fabien Gâche, délégué syndical central CGT de Renault, explique les premières avancées obtenues par l'action, mais aussi l'arnaque que recèle le projet d'accord de compétitivité en cours de négociation jusqu'au 13 décembre 2016.

NVO : l'action du 15 novembre a permis d'obtenir de premières concessions sur la modulation du temps de travail. Quelles sont-elles exactement ?

Fabien Gâche : Renault  souhaitait mettre en place le travail obligatoire le samedi, d'une part, et un allongement du temps de travail journalier durant la semaine. Et ceci sans que les salariés soient payés en heures supplémentaires. Par le jeu de la modulation, on aurait travaillé parfois en heures supplémentaires dans les périodes dites hautes, que l'on aurait récupérées dans les périodes dites basses. Mais seules les heures au-delà de 1603 heures annuelles auraient été payées en fin d'année en heures supplémentaires. Les dirigeants sont revenus sur cet aspect des samedis obligatoires. Cela reste du volontariat payé en heures supplémentaires à la fin du mois, avec la référence  hebdomadaire. C'est-à-dire qu'il n'y a plus de modulation. Par contre, ils mettent en place un compteur collectif du temps de travail calculé sur trois ans (au lieu d'une année actuellement).

Pour résumer, la direction souhaitait à l'origine imposer jusqu'à 24 samedis obligatoires par an. Ils sont descendus à un potentiel de 23 sur trois ans. Toutefois, il reste encore l'allongement possible du temps de travail d'une heure et quart par jour. Cet allongement sera certes payé en heures supplémentaires, mais il sera obligatoire….

 

Donc ce n'est qu'un recul partiel sur la modulation. Mais qu'en est-il de l'emploi et des 3000 embauches en CDI  promises par Renault ?

Sur les trois dernières années, on a perdu 10 000 salariés. Si on ajoute les 3000 embauches dont une partie est réalisée, le solde reste négatif,  avec 7000 suppressions d'emplois. Pour les trois prochaines années, nous estimons à 3500 le nombre des départs et à 3000 les embauches sur la même période, soit un solde négatif de 500 postes. Parallèlement la direction veut aussi diminuer de moitié le nombre d'intérimaires, soit 4500 sur les 9000 d'aujourd'hui. De plus, elle annonce vouloir diminuer de 15% le coût des prestataires. Or, ils sont plus 4000 prestataires en ingénierie chez Renault.

 

Les embauches sont loin de compenser les suppressions d'emplois, mais Renault  annonce quand même  500 millions d'investissements…

500 millions, c'est le minimum nécessaire pour le fonctionnement et l'entretien normal. La direction prévoit de n'augmenter l'automatisation que de 5% à 7% sur les trois ans. Ainsi, si nous passons du taux d'automatisation actuel d’environ 5% à 7% à un taux de 10% à 12%, ce taux de 12% ne suffira jamais à remplacer les 5000 suppressions d'emplois. En fait, l'automatisation ne compensera qu'a minima. Ce sont les salariés qui vont devoir travailler plus intensément, et on comprend pourquoi la direction veut allonger le temps de travail et les faire travailler le samedi.

 

L'objectif que Renault assigne à cet accord est de produire 90 véhicules par ouvrier et par an. Qu'en pensez-vous ?

Ce n'est pas atteignable. Nous n'en sommes qu'à la moitié aujourd'hui, soit 46 ou 47 véhicules par an. Le plus drôle, c’est que nous avions dénoncé l'intensification du travail lié au précédent accord sur Maubeuge. Nous avions attaqué en justice sur la base d'une évaluation de 83 véhicules produits. L'avocate de la direction estimait que nous exagérions et que c'était en réalité autour de 73. Et voilà qu'aujourd'hui, la direction présente Maubeuge comme référence avec 95 véhicules par an. J'aimerais maintenant qu'elle s'explique sur la manière dont elle a calculé ce chiffre !