9 avril 2021 | Mise à jour le 9 avril 2021
Mobilisation devant le siège du groupe, à Boulogne-Billancourt, rassemblements et débrayages à Villeroy, Cergy, Batilly, Sandouville, Dieppe, « fonderies mortes » en Bretagne, dans le Jura… les « mobilisations délocalisées » du 8 avril témoignent de la colère, du ras-le-bol des salariés de Renault.
« La politique annoncée par la direction générale de Renault se résume à une stratégie financière qui poursuit des plan d'économies au mépris des salariés », affirme Jean-François Pibouleau, délégué syndical central pour le groupe. Le plan stratégique Renaulution, présenté en janvier dernier par Luca de Meo, directeur-général du groupe, dont la première phase consiste à « redevenir compétitifs en réduisant les coûts et en générant du profit », annonce en effet clairement la couleur.
La chasse aux coûts a d'ailleurs commencé et touche tous les secteurs. Elle concerne 15 000 personnes à travers le monde, 2 500 en France. « Le plan d'économie annoncé en 2020, c'est 2 milliards d'économies par an. Et dans ces 2 milliards, il y 800 millions consacrés à la Recherche et développement », dénonce Florent Grimaldi, secrétaire CGT de Renault Lardy, site installé dans l'Essonne qui travaille essentiellement sur des motorisations thermiques. « Dans notre secteur, l'ingénierie, cela concerne 1 900 départs volontaires. Mais comme il n'y a pas de volontaires, ils en désignent ! »
Et les premiers « volontaires » ont justement été déjà désignés. « Vingt-sept salariés d'un secteur de maintenance doivent accepter leur externalisation forcée vers une petite société de sous-traitance. S'ils refusent, ils sont licenciés sans indemnités », témoigne Florent, qui voit là la première étape d'autres « externalisations forcées » à venir. « Avec les moteurs hybride, les piles à hydrogène, à combustible, cette multitude de technologies qui arrivent, on devrait avoir plein de boulot et ils sont en train de détruire les emplois de demain. Tout le contraire de ce qu'il faudrait faire. »
Une incompréhension que partage, à plusieurs centaines de kilomètres de là, Maël Le Goff, délégué syndical à la Fonderie de Bretagne installée à Caudan, dans le Morbihan. « On a un outil qui a été remis à neuf en 2019, parfaitement viable, capable de faire des pièces pour des véhicules électriques, hybrides, thermiques et en mai 2020, on nous annonce que l'on a pas vocation à rester dans le groupe ! » Syndicaliste et salariés d'autant plus remontés que, vu le peu de candidats à se présenter pour une reprise, la fermeture du site n'est pas inenvisageable, « avec 350 CDI sur place, chiffre que tu peux multiplier par 3,5 pour avoir le nombre d'emplois induits concernés. » Pas sans conséquences sur le bassin d'emplois local, donc.
« La politique des dirigeants de Renault, c'est une politique de casse de l'emploi et de casse de la filière automobile sur le territoire national », accuse Jean-François Pibouleau. « Renault récupère des subventions [5 milliards d'euros d'aides accordés en juin dernier, ndlr] et licencie en France pour investir et délocaliser les emplois et les productions à l'étranger. Dans des pays dont les coûts sociaux sont au ras des pâquerettes. » Et le délégué central de prévenir. « Une mobilisation plus importante, un mouvement national avec la Fédération des travailleurs de la métallurgie et l'ensemble de la filière automobile pourrait voir le jour dès que l'on aura moins de contraintes sanitaires. » Face à cette attaque globale de la direction, la réponse ne peut en effet être, elle aussi, que globale.