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Saisonniers

Saisonniers : la voie de l’exode

15 juillet 2021 | Mise à jour le 12 juillet 2021
Par | Photo(s) : Daniel Maunoury
Saisonniers : la voie de l’exode

Michel Didier, berger, gardien de troupeaux, vétérinaire, secrétaire général du Syndicat des gardiens de troupeaux de l'Isère (SGT 38), Fédération nationale de l'agroalimentaire et forestière CGT (FNAF CGT), alpage du Serpaton à Gresse-en-Vercors, Rhône-Alpes, Vercors.Grenoble.

Le patronat des hôtels, cafés et restaurants ou de l'agriculture déplore l'actuelle pénurie de main-d'œuvre ? Qu'il améliore les salaires et les conditions de travail, il pourra alors compter sur le retour de ces travailleurs qui ont déserté leur secteur.

Lorsqu'ils ont lancé leur messagerie (sos.saisonniers [@] gmail.com), en avril 2020, Antoine Fatiga et Pierre Scholl, de la CGT des saisonniers de Savoie, n'imaginaient pas recueillir en quelques mois 500 messages de détresse. La plupart en provenance de saisonniers du secteur HCR (hôtels, cafés, restaurants) qui, à la différence des perchistes œuvrant aux remontées mécaniques, n'ont pas pu bénéficier du dispositif d'activité partielle. « Le patronat a non seulement refusé de les embaucher pour la saison d'hiver mais, en plus, il a soutenu la “réforme” de l'assurance chômage que nous combattons précisément parce qu'elle va pénaliser en particulier cette catégorie de saisonniers », explique Pierre Scholl.

Le prix de la lésinerie patronale

Au fil des échanges avec la CGT, les salariés ont vite fait leurs calculs. Et compris que le mode « saisonnier » dans les secteurs commerce et HCR ne serait bientôt plus viable, car trop précarisé : « Ces employeurs qui pleurent aujourd'hui la pénurie sont ceux-là mêmes qui voulaient obtenir l'activité partielle de longue durée (APLD) afin de compenser des baisses ponctuelles d'activité sur le dos des saisonniers », rappelle Pierre Scholl. Même lésinerie patronale sous le soleil de Cannes où, dès 2020, Ange Romiti (CGT-HCR) s'est heurté aux mêmes offensives des employeurs : « Il y a bien un problème de pénurie de main-d'œuvre, mais elle résulte de conditions de travail trop dégradées et de salaires trop bas pour attirer les extras qui, n'y trouvant plus leur compte, ont changé de voie. »

Une casse des métiers transformés en « jobs »

Pris en étau entre la précarité intrinsèque du travail en « saisonnier » et la promesse de son aggravation dès le mois de juillet, les salariés réguliers ont massivement déserté les cafés et restaurants lors de la réouverture. « Nous avions alerté, il y a un an, sur le risque de pénurie de main-d'œuvre, nous alertons aujourd'hui sur la casse des métiers qui se transforment en “jobs”. »

Bergers d'alpage, au sommet de la précarité

Même combat chez les saisonniers de l'agriculture, cueilleurs au champ ou bergers d'estive, « que la “réforme” du chômage va priver de 20 % de salaire entre deux contrats », prévient Fabien Trujillo, de la Fnaf-CGT. Lui se bat pour l'augmentation des rémunérations, « que les employeurs cherchent à abaisser sans cesse », et pour des contrats temps plein et des CDI dans les milieux viticole et arboricole où, assure-t-il, « il y a de quoi travailler toute l'année ». Autre cheval de bataille : les bergers d'alpage, trop souvent victimes de conditions d'hébergement désastreuses. Sans compter les attaques de loups de plus en plus fréquentes et les catastrophes naturelles liées au changement climatique.

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