19 janvier 2021 | Mise à jour le 20 janvier 2021
Appelés à débrayer dès ce mardi 19 janvier, les 25 000 salariés de Sanofi revendiquent le retrait du plan de suppression d'emplois en R&D annoncé le 16 janvier. Ils réclament aussi des revalorisations de salaires et demandent au gouvernement d'intervenir pour que Sanofi cesse une stratégie qui privilégie ce qui rapporte au détriment de ce qui serait utile à la santé.
Alors qu'elle accuse un grand retard dans la mise au point d'un vaccin anti-Covid 19, la direction de Sanofi vient d'annoncer son intention de supprimer 400 postes dans sa branche R&D Pharma. Cela, en précisant que ces suppressions concernent la recherche sur le médicament et non celle sur le vaccin anti-Covid 19.
Au mieux de sa forme, Sanofi licencie
Ces 400 nouvelles suppressions d'emploi annoncées s'ajoutent aux 300 déjà réalisées dans cette même branche en 2020, ainsi qu'à un millier d'autres, notamment dans les fonctions support, réalisées l'an dernier dans le cadre d'une rupture conventionnelle collective.
Pourtant, Sanofi est au mieux de sa forme : première entreprise du CAC 40 en 2020 pour ses résultats et sa rentabilité (ROI) elle bénéficie de 135 millions d'euros annuels de crédit impôt recherche, Sanofi aura distribué en 2020 près 3,9 milliards d'euros de dividendes à ses actionnaires. Lesquels, en toute logique, en redemandent davantage en 2021.
La stratégie dévastatrice de Sanofi dévoilée par une note confidentielle
La R&D Pharma, divisée par deux en douze ans
Du côté des syndicats, la pilule ne passe pas : « On assiste à un resserrement drastique du nombre de secteurs de recherche qui entraînera fatalement une perte de compétences clés et cela doit inquiéter aussi bien les salariés que les citoyens, et le gouvernement », indique Thierry Bodin.
Pour le délégué syndical central de la CGT Sanofi, cette énième destruction d'emplois en R&D répond à un projet de démantèlement du principal outil sanitaire de l'industrie pharmaceutique française, à l'œuvre depuis des années : « C'est affolant, entre les PSE annuels, les plans de départs volontaires, les ruptures conventionnelles, les plans de restructuration, etc., on n'arrive plus à suivre la stratégie de Sanofi qui semble de plus en plus destinée à satisfaire les seuls actionnaires », déplore-t-il.
Le secteur R&D Pharma de Sanofi est passé de 6 350 salariés sur 11 sites dans les années 2007 et 2008 à 3 400 aujourd'hui, sur quatre sites. « Si le plan annoncé le 16 janvier devait se réaliser, on passerait sous le seuil de 3 000 salariés en R&D Pharma, répartis sur seulement trois sites », alerte Thierry Bodin, coordinateur CGT chez Sanofi.
« Catastrophe industrielle en vue » pour la recherche et l’ingénierie, dénonce l'Ugict-CGT
Sus à l'augmentation zéro
La CGT, rejointe par d'autres syndicats du groupe, a appelé à une journée d'action et à la grève dès ce mardi 19 janvier, sur l'ensemble des sites de l'Hexagone, pour protester contre cette nouvelle saignée dans la R&D, mais aussi pour revendiquer une revalorisation générale des salaires.
Car, comme en 2020, la direction de Sanofi vient d'annoncer aux syndicats son intention de geler les salaires dans le cadre des NAO qui doivent s'ouvrir en février. « En mars, l'année dernière, la direction a vanté le travail des équipes, leur répétant combien elle était fière du travail accompli au nom de l'intérêt général, pour la santé des gens du monde entier. La réponse, au moment des négociations salariales, a été de leur dire “zéro”. Alors, ça suffit », s'insurge Thierry Bodin.
Alerter le gouvernement sur la stratégie de Sanofi
Lundi 18 janvier, à 16 h 30, 24 sites Sanofi avaient répondu à l'appel de la CGT. Avec leur mobilisation, les salariés et leurs syndicats entendent bien contraindre la direction de Sanofi de renoncer à son plan. Ils interpellent aussi le gouvernement qui, en dix ans, n'aura accordé à Sanofi rien de moins que 1,3 milliard d'euros d'argent public, sans la moindre contrepartie.
De son côté, la direction du groupe a fait valoir les primes « Covid » de 1 500 euros accordées à 15 000 salariés qui s'étaient impliqués durant la première vague de la pandémie. Mais la CGT dénonce le fait qu'il aura fallu batailler pour l'obtenir. Et le syndicat ajoute que la revendication d'un gel temporaire du versement de dividendes reste d'actualité.
En jeu : les missions d'une industrie indispensable à la santé publique.