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CINÉMA

Scola, l'humaniste

22 janvier 2016 | Mise à jour le 21 février 2017
Par | Photo(s) : Tiziana Fabi/AFP
Scola, l'humaniste

S'il regardait la société italienne avec une acuité non dénuée de cruauté et de désenchantement, le réalisateur italien Ettore Scola, qui vient de disparaître, se rangeait toujours du côté du plus faible.

Comme son grand ami Federico Fellini, auquel il consacrera en 2013 sa dernière réalisation (Qu'il est étrange de s'appeler Federico), Ettore Scola avait commencé sa carrière en tant que dessinateur de presse pour l'hebdomadaire satirique Marc'Aurelio.

Devenus cinéastes, les deux hommes en conservèrent un regard décalé sur le monde.

D'Ettore Scola, cinéaste poétique et politique, influencé par le néoréalisme, on retient généralement Nous nous sommes tant aimés, constat de l'enlisement de la démocratie chrétienne, avec ce sens de ce qu'un autre italien – Nino Ferrer – chantera sous le joli vocable de « désabusion ». Il poussera encore plus loin sa réflexion politique dans La terrasse, où trois intellectuels font le constat de l'échec de la gauche italienne, qui ne pouvait manquer de désoler ce communiste convaincu.

Le réalisateur signera aussi l'audacieux Le bal, comédie musicale muette, mais formidablement expressive, tandis qu'Une journée particulière, peut-être son chef-d'œuvre, donne aux stars que sont Sophia Loren et Marcello Mastroianni de formidables contre-emplois de ménagère épuisée et d'homosexuel traqué, alors qu'Hitler et Mussolini se pavanent dans Rome.

 
Moins connus, les sketchs que Scola signera dans le cruellement lucide Les nouveaux monstres témoignent de l'âpreté de la société italienne qui, notamment dans Comme une reine, cultive le jeunisme en mettant ses personnes âgées au rebut… Cette veine, mêlant grotesque, cruauté et réalisme, culminera avec Affreux, sales et méchants où le cinéaste balaie le mythe de la dignité de la pauvreté en campant jusqu'à l'outrance la vie des habitants d'un bidonville.

Fin chroniqueur d'une Italie qui s'extrait péniblement du fascisme pour tomber quelques décennies plus tard dans l'ultralibéralisme granguignolesque de l'ère Berlusconi (dont il fait la toile de fond de Gente di Roma), Ettore Scola sera aussi un citoyen engagé, mais lucide.

Le cinéma a perdu avec la mort de Scola l'un des derniers acteurs de la créativité du cinéma italien.

 

France 3 diffuse, ce dimanche 24, Le bal, à 0 h 55. Arte rend hommage au cinéaste en diffusant, lundi 25 janvier, Une journée particulière, à 20 h 55, puis Affreux, sales et méchants, à 22 h 50.