Silence Radio
Historique, alors que la Maison de la radio fêtait ses cinquante ans l'an dernier, elle annonce pour la première fois un déficit de 21,3 millions sur son budget 2015. En cause, une nouvelle réduction de la dotation budgétaire publique: l'État qui a déjà diminué de plus de 80 millions d'euros le montant qu'il s'était engagé à verser au titre de la contribution au contrat d'objectifs et de moyens (COM) pour 2010-2014, s'apprête à faire de même pour le COM 2015-2019. Autre source d'inquiétude, le chantier de réhabilitation du bâtiment au budget faramineux: «estimé à moins de 200 millions d'euros en 2004, on approcherait désormais les 600 millions d'euros, et les travaux ne sont pas encore terminés», dénonce la CGT de Radio France. Dans un tract, le syndicat Sud fait référence à des documents de travail de la direction qui évoquent un «plan d'économies [qui] consiste à trouver 50 millions d'euros» – une somme qui correspond au déficit prévu en 2019. Parmi les pistes évoquées: 25 millions d'économie à réaliser sur la masse salariale…
Le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, plaidait déjà début décembre pour la mise en place de «choix structurants». Un vocable suffisamment flou pour faire craindre le pire.
Plan de départs, fusion de deux orchestres (le Philharmonique et de l'Orchestre national de France), fermeture des «mini-locales» de France Bleu, éventuelle fermeture d'une des sept antennes… Les rumeurs vont bon train, comme les menaces. Fin janvier, un article paru dans «L'Obs» laissait entendre que Mathieu Gallet envisageait la fermeture de Fip, chaîne musicale éclectique unique. Bien que démentie par la directrice de la station, Anne Sérode, la menace est prise très au sérieux, au point qu'une pétition pour la sauvegarde de Fip circule, rassemblant quelque 8000 signatures.
«Ce désengagement se traduit par des coupes budgétaires qui menacent directement l'organisation du travail et les savoir-faire, voire l'existence de certains métiers au sein des équipes de Radio France», alerte la CGT de la maison ronde. Dès le 20 janvier, lors d'une réunion du comité central d'entreprise (CCE), la direction annonçait la fin de certains services transversaux travaillant pour les différentes antennes, comme la régie gérant les chargés de réalisation. «Une façon de casser des corps de métier structurés et revendicatifs», pour le syndicat.
Alors que le contrat d'objectifs et de moyens pour les cinq ans à venir est en discussion et devrait être arrêté, et rendu public, en mars, l'intersyndicale (CFDT, CGT, SNFORT, Sud et Unsa) appelle les personnels à faire grève le 11 février. Dans un tract commun, les syndicats dénoncent le «désengagement de l'État» comme les «projets de restructuration qui portent atteinte aux emplois, aux métiers, aux contenus, à l'organisation du travail». Ils menacent, «faute de réponse satisfaisante et rapide», de s'organiser «durablement» pour combattre une politique de «démolition programmée de Radio France».