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THÉÂTRE

Sélection pour les fêtes

18 décembre 2015 | Mise à jour le 22 février 2017
Par | Photo(s) : DR
Sélection pour les fêtes

En vacances ou pas, pourquoi ne pas vous offrir une bonne pièce, en réservant dès maintenant ? On vous en a sélectionné trois qui devraient vous faire passer une bonne soirée.

LA SOLITUDE DU TRAVAILLEUR

Seul en scène, Jean-Pierre Bodin nous plonge dans le monde du travail à partir de témoignages récoltés, d'images vidéo et les précieuses interventions filmées du psychiatre Christophe Dejours. Un théâtre documentaire qui interroge la souffrance au travail.

Alors que des images de jardins ouvriers, d'usines, de gestes comme de visages de travailleurs sont projetées, Jean-Pierre Bodin égraine les témoignages de ces derniers, récoltés au fil de ses rencontres – la répétition des tâches, les fermetures de sites, la compétition entre collègues sur les chaînes de montage… – qui évoquent l'aliénation à l'œuvre dans l'entreprise. Quand il est impossible de laisser son âme aux vestiaires, comme l'écrivait la philosophe Simone Weil. Peu à peu, les propos vont se concentrer sur le suicide de Philippe Widdershoven, directeur informatique et délégué CGT de l'usine de porcelaine Deshoulières, le 24 mars 2009.

Pris en tenaille entre sa fonction de cadre et son mandat syndical, il craque et laisse une lettre pour que son geste soit reconnu comme un accident du travail. Ce qui sera le cas.

Si la première partie de Très nombreux, chacun seul est assez aride, le spectacle prend son envol quand apparaît en vidéo le psychiatre Christophe Dejours, spécialiste de la souffrance au travail, qui explique le processus qui a conduit au drame.

La mutation de l'entreprise qui met Philippe Widdershoven dans une position insupportable, victime d'une double trahison : la sienne, vis-à-vis de ses collègues, alors que cadre, il est tenu à une certaine réserve et celle de sa hiérarchie qui, malgré son investissement sans borne, entend se séparer de lui.

« L'évaluation individualisée des performances brise les solidarités, introduit la solitude et la peur. Ce qui a changé, ce n'est pas le harcèlement, ce qui a changé c'est la solitude », explique le psychiatre. Pour mieux appuyer les propos de Christophe Dejours, Jean-Pierre Bodin se mue en manager-bateleur, écharpe dorée à l'appui, pour organiser parmi le personnel le concours du plus beau bébé ou de la plus belle épouse, pour gagner un porte-clés ou une clé USB… Totalitarisme, soumission, trahison… Les questions fusent alors pour mieux penser la mutation du monde du travail et les moyens de résister, en dépassant le simple constat.

Très nombreux, chacun seul offre au final un théâtre documentaire de qualité.

 

Très nombreux, chacun seul, mise en scène de Jean-Louis Hourdin.

Jusqu'au 10 janvier, au Théâtre du Soleil – route du Champ de Manœuvre– Paris 12.

À noter les débats à l'issue de la représentation : mardi 5 janvier avec la FNSAC-CGT et mercredi 6 janvier avec Christophe Dejours et Benoît Hamon, député des Yvelines.

 

 

 

TRIO DÉCAPANT

Les Banquettes Arrières, ce sont trois comédiennes épatantes qui chantent a capella, en se tapant sur les hanches et en déconnant à tout va. Marie Rechner, Fatima Ammari-B et Cécile Le Guern excellent dans l'autodérision, se moquant de leurs physiques telles des clowns, en robe saillante noire et rose.
Délivrant des messages à caractère informatif, en claquant des doigts, elles nous assurent que les Kennedy n'avaient pas que des amis ou que le cunnilingus n'est pas un nuage.

On rit beaucoup de leur comptine cruelle où les petits chatons tout mignons se retrouvent dans un sac-poubelle, des malheurs de la pauvre Sylvie, dont la libido ressemble à Sarajevo ou de la cliente d'un charcutier funambule qui n'est pas la seule à être visitée…

Elles sont pétillantes de talent et d'un enthousiasme communicatif.

Ne les manquez pas, elles seront à la Manufacture Chanson à Paris les 8 et 9 janvier et en tournée dans toute la France jusqu'en mai.

 

Les Banquettes Arrières, à la Manufacture Chanson – 124 avenue de la République – Paris 11. Toutes les dates de tournée sur Plusprod.com

UN THOMAS BERNHARD PROMETTEUR

Nous n'avons pas pu voir Élisabeth II, la pièce de Thomas Bernhard (1931-1989), mise en scène par Aurore Fattier, mais le spectacle a toutes les chances d'être génial.

Tout d'abord parce que le dramaturge autrichien, torturé par le passé nazi de son pays, a signé des textes grandioses tels « Le réformateur » ou « Le faiseur de théâtre » et qu'« Élisabeth II » est son avant-dernière pièce.

Ensuite, parce que l'époustouflant Denis Lavant y tient le rôle-titre. Celui d'Herrenstein, un vieil industriel, richissime marchand d'armes à la retraite.

Il attend la venue du « beau monde » viennois pour assister au défilé de la reine Élisabeth II, depuis le balcon de son splendide appartement. Le voici contraint de supporter l'envahissement de son appartement par la bonne société, qu'il a pris en grippe depuis longtemps. Comme le souligne la metteuse en scène, dans « Élisabeth II », « c'est comme si Thomas Bernhard réglait une dernière fois son compte à l'humanité et à la société autrichienne ». Ça promet !

 

Élisabeth II de Thomas Bernhard, mise en scène par Aurore Fattier.

Tournée en janvier :

  • du 5 au 9 au Théâtre des Célestins à Lyon ;
  • les 12 et 13 au Domaine d'O à Montpellier,
  • les 15 et 16 à Sortie Ouest à Béziers
  • et du 19 au 23, au Théâtre du Gymnase à Marseille.