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EMPLOI

Sortie de crise : l’emploi sera la clé

3 mai 2021 | Mise à jour le 3 mai 2021
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Sortie de crise : l’emploi sera la clé

Rassemblement hôtesses de l'air, PNC et privés d’emploi au ministère du Travail, Paris mars 2021

Au rythme de 20 PSE annoncés chaque semaine, les destructions d'emplois s'accélèrent tandis que le patronat, lui, ne compte pas renoncer à faire de l'emploi sa variable d'ajustement pour sortir de la crise. À l'inverse, cette crise, qui a révélé l'ampleur du mal travail devrait inciter à la création d'emplois utiles.

Sans doute ralenties par la mise en place de l'activité partielle, les destructions d'emplois se sont néanmoins précipitées et massifiées depuis le début de la pandémie. La crise sanitaire a d'abord servi de prétexte à des restructurations qui étaient déjà dans les tuyaux comme dans la grande distribution ou dans l'industrie.

Le gouvernement, lui, a continué d'abreuver d'aides publiques des secteurs comme l'automobile qui persistent dans leurs stratégies de fusions, de délocalisations, de fermetures de sites. Durant cette année de crise, on a assisté à des destructions « silencieuses » parce qu'elles n'ont pas fait l'objet d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) compte tenu de la taille des entreprises. La Dares (ministère du Travail) a ainsi fait état de 6 100 « petits » licenciements collectifs (essentiellement dans les TPE) cumulés depuis mars 2020.

Mais on assiste aussi à une explosion très inquiétante des PSE. Ainsi, pour les entreprises de plus de 50 salariés­, ce ne sont pas moins de 804 plans de sauvegarde de l'emploi qui ont été mis en œuvre entre le 1er mars 2020 et le 17 janvier 2021, soit près du double des 428 PSE enregistrés sur la même période un an auparavant. « Après une pause durant les deux dernières semaines de décembre 2020, le nombre de plans de sauvegarde de l'emploi initiés repart à la hausse au cours de la première moitié du mois de janvier », précisent les services statistiques du ministère du Travail.

Au moins 20 PSE annoncés par semaine

Le nombre d'emplois menacés par ces plans sociaux fait plus que tripler : 84 100 emplois sont en danger, selon le dernier pointage de la Dares, contre 30 562 sur la même période un an auparavant (2019-début 2020). La Dares note qu'après une pause lors des deux dernières semaines de décembre – avec moins de 10 procédures en moyenne hebdomadaire –, le nombre de PSE initiés est reparti à la hausse au cours de la première moitié du mois de janvier, avec en moyenne 20 dossiers hebdomadaires.

Par ailleurs, toujours selon la Dares, en décembre dernier, quelque 2,9 millions de personnes étaient inscrites depuis un an ou plus à Pôle emploi, ce qui témoigne d'une massification du chômage de longue durée.

Les emplois de « seconde ligne » fauchés par la crise

Imputables ou non à la crise sanitaire elle-même, ces destructions d'emplois interviennent alors que la pandémie a d'abord révélé l'utilité sociale et économique de dizaines de milliers de travailleuses et travailleurs de première ou de deuxième ligne qui exercent dans des conditions déjà dégradées, en sous-effectifs, avec des salaires qui ne reconnaissent pas leurs rôles ni leurs compétences.

C'est le cas évidemment dans les métiers du service à propos desquels la dernière publication de l'Insee sur l'emploi salarié privé, début mars, dresse un constat brutal : « 295 000 des 320 000 emplois privés détruits en France en 2020 l'ont été dans les services, soit près de 92 % de l'ensemble des emplois privés supprimés », chiffre l'institut.

Variable d'ajustement

Dans cette crise, l'emploi a été, demeure et restera dans les mois à venir la variable d'ajustement préférée des entreprises, notamment des plus grandes, comme l'indiquait récemment la 16e édition du Baromètre des grandes entreprises françaises ­(réalisé par Eurogroup Consulting).

Lesquelles grandes entreprises multinationales tablent majoritairement (58 %) pour cette année sur la croissance de leur activité à l'étranger ainsi que sur une baisse de leurs investis­sements en France (- 23 %). Avec comme conséquences des prévisions de suppressions d'emplois là encore anticipées par près d'un quart des grands patrons.

Les effectifs français « redeviennent la principale variable d'ajustement » en 2021, en déduit ­Eurogroup Consulting. La sortie de crise risque donc bien de s'opérer une fois de plus au détriment de l'emploi, comme des salaires et des conditions de travail.

Levier de reprise

À l'inverse, l'emploi devrait être un levier de sortie de crise. Notamment parce que « réduire les salaires et l'emploi, ce serait freiner le rebond de l'activité économique, assure Michel Husson, membre des Économistes atterrés dans Options, le journal de l'Ugict-CGT en février 2021.

Il n'y aura pas de redémarrage de l'économie, ni de retour à une vie “normale” si ne sont pas effacées les cicatrices de la crise sur l'emploi et les conditions d'existence des salariés. » C'est donc une série de bras de fer qui vont devoir s'engager pour l'emploi dans les mois à venir.

Pour le défendre pied à pied partout où il est menacé. Pour le créer ou le pourvoir là où il fait défaut. C'est, par exemple, dans cette démarche offensive que la CGT s'est engagée depuis l'automne dernier avec la campagne des bureaux d'embauche.

C'est aussi dans cet esprit que les fédérations CGT de la fonction publique, de l'État, des hôpitaux, des collectivités territoriales ont lancé la campagne des « 10 % pour la fonction publique » pour revendiquer la création d'un demi-million d'emplois afin de rendre de meilleurs services à la population et améliorer les conditions de travail.

L'emploi est également au centre des propositions formulées par la plateforme « Plus jamais ça ! » (où l'on retrouve notamment la CGT, la FSU, Solidaires, Attac, Oxfam, Greenpeace) au printemps 2020. Elle avançait ainsi l'idée de la « réduction » et du « partage du temps de travail pour donner accès à toutes et tous au travail et gagner en qualité de vie ».

De même, elle revendique « la création d'un droit de veto des CSE sur les licenciements qui ne sont pas justifiés par des difficultés économiques graves et immédiates. La distribution des dividendes doit être un motif d'interdiction des licenciements (interdiction des licenciements boursiers) ».

Sur le front de l'emploi, le pire n'est pas écrit, pour peu que les mobilisations se construisent, par exemple, autour de projets industriels intégrant les préoccupations environnementales. Autour des relocalisations de productions stratégiques. Autour des besoins de services publics non satisfaits.

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