17 mai 2017 | Mise à jour le 18 mai 2017
En ce 17 mai, journée mondiale de lutte contre l’homophobie, l’heure est à la mobilisation. Malgré des avancées dans l’acceptation des différences, les discriminations sont plus que jamais d’actualité, et pas qu’en Tchétchénie.
Hier, trois associations LGBT françaises Stop homophobie, Mousse et Comité Idaho France ont déposé plainte pour « génocide » devant la Cour pénale internationale contre le président Ramzan Kadyrov, pour des persécutions commises en Tchétchénie contre les homosexuels. Comme le révélait début avril le journal indépendant moscovite Novaïa Gazeta, plus d'une centaine de personnes, détenues dans des prisons secrètes, auraient été arrêtées, torturées et au moins trois d'entre elles tuées. Dans un contexte international plus que troublé, le sort de ces hommes nous rappelle celui de leurs ancêtres frappés d’un triangle rose par les nazis. Mais au-delà du paroxysme de la haine à l'œuvre en Tchétchénie, le fiel continue à se déverser dans notre douce France, revigoré par les tenants de la Manif pour tous et les scores du FN.
Au rapport
Comme chaque année, SOS Homophobie publie un rapport sur la situation en France. Celui de 2017 fait état d’une hausse des témoignages de victimes : en 2016, l’association a recueilli 1575 témoignages d'actes LGBTphobes, soit 19,5 % de plus qu'en 2015 (1318 témoignages), après deux années de diminution. Le rapport met encore l’accent sur les discriminations en hausse sur le Web.
Avec 320 cas – contre 235 en 2015 –, le nombre de témoignages d'homophobie et de transphobie sur Internet a augmenté en 2016. « Il s'agit du premier contexte pour lequel l'association est sollicitée. Cette hausse témoigne d'une homophobie bien enracinée dans la société, et qui a resurgi à l'occasion de faits d'actualité comme le débat sur l'ouverture du don du sang aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, le drame d'Orlando [une cinquantaine de personnes sont mortes, suite à une fusillade, le 12 juin, dans une boîte gay en Floride, NDLR) ou encore la polémique sur les affiches de prévention contre le VIH », note le rapport.
Au-delà de la haine
Le mariage homosexuel est dorénavant légal en France, les unions semblent être reconnues. Pourtant, ils sont loin d’être acceptés par tous, loin s’en faut. Même en plein drame, la haine continue à se répandre sur la Toile. Ainsi, le compagnon de Xavier Jugelé, policier assassiné lors d'une attaque terroriste sur les Champs-Élysées le 20 avril, livrait un message poignant lors de l’hommage national, en même temps que des insultes homophobes abjectes envahissaient les réseaux sociaux. Au point que le ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl, avait saisi la procureure de Nanterre pour « apologie de crimes » et « provocation à la haine et à la violence en raison de l'orientation sexuelle ».
Comme le soulignent Joël Deumier et Véronique Godet, responsables de SOS homophobie : « La haine envers les personnes lesbiennes, gays, bi et trans (LGBT) persiste, s'amplifie et s'ancre toujours aussi profondément dans notre société. » Et de poursuivre : « Nous sommes aujourd'hui à la croisée des chemins, à l'un de ces moments où l'histoire hésite. Dans quelle société souhaitons-nous vivre et accueillir nos enfants ? Une société dans laquelle la haine d'autrui est tolérée, voire encouragée ? Une société uniforme, dans laquelle toute différence est suspecte ? »