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Éducation nationale

Syndicats et enseignants indignés

18 janvier 2024 | Mise à jour le 18 janvier 2024
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Syndicats et enseignants indignés

La ministre de l'Education Nationale, Amélie Oudéa Castera, entourée de Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances et du Premier ministre Gabriel Attal, lors de la conférence de presse donnée par Emmanuel Macron, le 16 janvier 2024

En consacrant une partie de sa conférence de presse au thème de l’éducation, mardi soir, le président de la République Emmanuel Macron a réaffirmé la volonté de « droitiser » l'école tout en évitant d'évoquer les conditions de travail des enseignants, alors que la profession est de plus en plus déclassée. Des propositions et une défense de la ministre Amélie Oudéa-Castéra qui ont indigné les syndicats, lesquels avaient appelé à une journée d’actions et de grève le 1er février prochain, bien avant le déclenchement de la polémique Oudéa-Castera.

Du « réarmement civique » en passant par l'affaire Oudéa-Castéra, l'Education nationale est au cœur de l'actualité politique. Les propos tenus lors de la conférence de presse donnée par Emmanuel Macron, le 16 janvier dernier, ont confirmé le virage réactionnaire et ségrégatif du gouvernement à l'encontre de l'Ecole publique. Rétablissement de la tenue unique, apprentissage de la Marseillaise dès la primaire,  généralisation du Service National Universel (SNU) au lycée,  doublement horaire de l'éducation civique, mise en place de groupe de niveau ou encore rémunération au mérite des fonctionnaires…Ces mesures sentent bon l'école d'autrefois mais ne disent rien sur les conditions de travail des professeurs, pourtant le sujet le plus prégnant aujourd'hui dans les salles des profs. Outres ces annonces hors sujet, c'est l'autocongratulation du président de la République annonçant que son gouvernement « a réussi à répondre au problème des absences longues des professeurs» qui a fait bondir les syndicats. Pour Isabelle Vuillet de la CGT Educ'action, « ce manque de remplacement n'a jamais été aussi criant, que ce soit dans le premier degré, dans le second degré. Par exemple, on a des académies où le congé maternité n'est absolument pas remplacé, alors que c’est vraiment le remplacement qui peut se prévoir bien en avance. Ce qu'a annoncé Emmanuel Macron est complètement faux ».

La volonté de tuer la formation continue

Autre annonce de la part d'Emmanuel Macron, « l'amélioration de la formation continue des enseignants pour qu'elle ne soit plus effectuée lors des temps de classe ». Michaël Marcilloux, co-secrétaire général de la CGT Éduc’action estime que « c'est un levier utilisé pour réduire le nombre d'heures non-remplacées. Leur idée, c'est de faire des petits modules courts, entre 17 heures et 18 heures, en visioconférence. C'est le contraire de ce qu'il faut en formation continue, car cela ne permet aucun échange approfondi entre collègues». En France, selon les rapports de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les enseignants se forment le moins par rapport aux autre pays européens. Pour Michaël Marcilloux, cela s'explique par « la peur d'être absent et le fait que la plupart de ces formations ne partent pas des demandes réelles des collègues. Réaliser des formations continues hors du temps scolaire montre une volonté de tuer ces formations. ».

Une ministre de l'Education nationale fragilisée

Un ou une ministre de l'Education nationale qui met ses enfants dans le privé fait toujours mauvais effet. Avec Amélie Oudéa-Castéra, nommée à l'Education nationale, ça n'a pas manqué. Surtout quand ses enfants sont placés dans l'établissement privé catholique Stanislas, où l'enquête administrative qui vise l'établissement atteste d'un discours homophobe, sexiste et raciste banalisé dans ses murs. Quelques jours après sa nomination, la ministre déclarait qu'« à un moment, on en a eu marre, comme des centaines de milliers de familles », évoquant « des paquets d'heures qui n'étaient pas sérieusement remplacées » dans l'école publique où elle avait placé son fils. « On parle d'une école du 6e arrondissement, des quartiers favorisés en cas d'absences de personnel. Surtout que ça remonte à 2008-2009 et dans le 1er degré, il n'y avait aucun problème de remplacement », détaille Isabelle Vuillet.

Une profession de plus en plus déclassée

Dans les 22 pays de l'Union européenne membres de l'OCDE, les enseignants français font face aux classes les plus chargées. Au collège, on compte en moyenne 26 élèves par classe, ce qui place la France en première position par rapport à ses voisins européens. En outre, ils travaillent tous plus de 35 heures par semaine, avec plus de 52 heures effectuées en moyenne par un professeur débutant en primaire, alors que leur situation économique s'est dégradée depuis vingt-cinq ans. En tenant compte de l'inflation, le salaire des professeurs agrégés a baissé de 12%, celui des professeurs certifiés de 10% et celui des professeurs des écoles a stagné (Source Insee : 2011-2019 : Bilan social de l'éducation nationale). Ce qui explique en partie le manque de vocation dans le métier, avec des conditions de travail délétères et des salaires en berne. Des sujets préoccupants qui n'ont toujours pas été mis sur la table par le gouvernement. Pour de nouveau se faire entendre, une intersyndicale composée de la CGT Educ'action, la FSU, Sud Education et FO appelle à la grève des enseignants le 1er février prochain, pour l'augmentation de leurs salaires, contre les suppressions de postes et contre la mise en place des réformes à marche forcée.