Un album corsé
Florilège des dessins de Tignous parus dans Charlie Hebdo ou Marianne et compilés par Chloé, sa femme, La Corse prend le maquis donne à voir un... Lire la suite
Il faut toute la dérision et le talent du formidable dessinateur de presse qu'est Mana Neyestani pour décrire avec distance et humour le kafkaïen parcours du combattant qu'est l'obtention d'un titre de séjour en France.
Au pays des droits de l'homme, comme le disait Coluche, certains sont «moins égaux que d'autres». Si les méandres de l'administration française ne représentent pas la même violence que le régime iranien des mollahs, ils n'en sont pas moins anxiogènes et ubuesques. Presque autant que la censure cinématographique qui, à Téhéran, fut dirigée pendant plusieurs années par un religieux aveugle !
Après avoir dû fuir son pays pour un quiproquo totalement absurde autour d'un de ses dessins, Mana Neyestani doit accomplir le long chemin jalonné d'obstacles du demandeur d'asile.
Un asile qui enferme le réfugié dans le labyrinthe de la folie bureaucratique, d'autant plus complexe que le pourcentage d'obtention du statut au titre de l'asile politique est faible et le nombre de demandes grandissant.
Finement observé, dessiné avec maestria, voilà un livre formidable où, armé de sa seule plume, Mana Neyestani dénonce l'absurdité des procédures et les contradictions flagrantes du système. On en apprend presque autant qu'en un long rapport sur le droit d'asile, l'impertinence, l'autodérision et la drôlerie en plus.
« Petit manuel du parfait réfugié politique »
de Mana Neyestani,
éditions Ça et là/Arte éditions,
130 pages, 14 euros.