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Elections européennes

Élections européennes: un immense besoin de changement

28 mai 2019 | Mise à jour le 29 mai 2019
Par | Photo(s) : Eric Cabanis / AFP
Élections européennes: un immense besoin de changement

En ce mois de mai 2019, les citoyens européens ont été un peu plus nombreux à voter qu'aux dernières élections au Parlement européen. Mais, alors que libéraux et partis d'extrême droite se sont mis en scène comme seules alternatives les uns aux autres, les extrêmes droites confirment presque partout leur influence. Les citoyens ont aussi mis en lumière leur préoccupation écologique.

Depuis des mois, libéraux et extrêmes droites ont construit des récits qui se font écho : les uns seraient les seuls adversaires des autres, et réciproquement. Il faudrait choisir entre les promoteurs des réformes ultralibérales (qui n'hésitent pas à désigner parmi les immigrés les boucs émissaires des difficultés des travailleurs, ni à rejeter les réfugiés à la mer…) et les nationalistes qui prônent le rejet de « l'Autre » et la fermeture des frontières, démantèlent les piliers de la démocratie (et n'hésitent pas à mettre en œuvre des réformes ultralibérales…).

De toute évidence, ce discours a presque partout en Europe conforté voire renforcé l'audience de l'extrême droite. Rejetant massivement les politiques économiques et sociales de l'Union européenne (UE) et de la majorité de ses États membres, une partie des électeurs européens, notamment en France, a voulu croire au discours présentant ces extrêmes droites comme l'alternative aux pouvoirs en place.

Dans un tel contexte, et notamment là où des gauches sont apparues comme divisées, les tenants d'une alternative de progrès et de solidarité ont eu du mal à convaincre de la crédibilité de leurs projets. Les écologistes, en revanche, marquent des points sur une grande partie du continent.

Dans un tel contexte, le syndicalisme est particulièrement interpellé à l'échelle de toute l'Europe.

Une participation en hausse

Pour ce scrutin européen comme pour les précédents, l'abstention demeure forte. Elle a cependant régressé. Un peu plus de la moitié des électeurs des 28 États membres se sont déplacés aux urnes pour élire leurs eurodéputés, soit quasiment huit points de plus qu'en 2014. C' est aussi la tendance en France, 2009 ayant connu le taux d'abstention le plus élevé.

Dans ce contexte, les partis de gouvernement traditionnels perdent des points ; au sein du futur Parlement, les conservateurs du PPE et les socialistes du S&D qui le dirigeaient en alternance depuis des décennies ne conservent plus la majorité absolue à eux deux de 376 sièges sur 751, mais tombent sous la barre des 340 sièges.

Les extrêmes droites à l'offensive

Ces élections ont marqué un net rejet des politiques antisociales et souvent antidémocratiques, qui ont marqué l'Europe de façon accrue depuis la crise de 2008. Mais alors que les pouvoirs libéraux en place ont cru pouvoir se maintenir en se présentant comme remparts face à un seul adversaire désigné, les extrêmes droites, ils en ont au contraire renforcé la légitimité. D'autant plus fortement, semble-t-il, là où un émiettement des forces se revendiquant de gauche n'a pas permis de rassembler l'électorat sur des projets de progrès.

En France, la liste RN (qui succède au FN) a ainsi recueilli 5,28 millions de voix aux européennes. C'est davantage qu'à celles de 2014 où le FN avait recueilli 4,71 millions de voix, mais moins qu'au premier tour de la présidentielle de 2017, où Marine Le Pen avait obtenu 7,67 millions de votes. Reste qu'avec 23,31% des suffrages exprimés (soit un peu moins en pourcentage que les 24,86% de 2014), la liste d'extrême droite arrive en tête.

Elle n'est pas la seule, loin s'en faut. Ainsi, en Italie, la Ligue de Matteo Salvini arrive aussi en tête (avec près de 30 % des voix selon les premières estimations). En Autriche, le FPÖ se maintient à plus de 17%, en dépit du scandale politico-diplomatique de l'Ibizagate (accord pour des financements de la Russie de Poutine) qui a poussé ses ministres à quitter le gouvernement. En Belgique, le Vlaams Belang réalise un score de plus de 18 % des voix, soit environ trois fois ce qu'il obtenait en 2014. En Allemagne, l'extrême droite dépasse les 10%. En Hongrie, le parti d'extrême droite Jobbik ne recueille que 9 %, mais le parti national conservateur Fidesz de Viktor Orban arrive très largement en tête avec 56 %. Au Royaume-Uni, le parti du Brexit de Nigel Farage recueille quant à lui près de 32 % des voix.

Rares sont les exceptions. En Espagne, le parti d'extrême droite Vox n'obtient que 6 %, loin derrière le Parti socialiste au pouvoir (30,3 %), les conservateurs, et Podemos (11 %).

Comme le rappelle Dominique Vidal dans l'ouvrage qu'il a coordonné,  Les nationalistes à l’assaut de l’Europe aujourd’hui, si certains de ces partis nationalistes veulent quitter l’Europe, d’autres, tels Marine Le Pen, Matteo Salvini ou Viktor Orban ont choisi, et c’est nouveau, de la conquérir.

Et le groupe « Europe des nations et des libertés » de Marine Le Pen devrait sortir des urnes renforcé.

Changer de cap

L'exigence d'un changement de cap des politiques européennes se fait donc d'autant plus pressante.

Il s'agit à la fois de sortir des politiques libérales, qui épuisent les travailleurs et les ressources de la planète, et de cesser de nourrir le terreau sur lequel prospèrent les thèses nauséabondes et dangereuses de l'extrême droite, le racisme, la xénophobie, les divisions et le rejet de « l'Autre ».

Ce n'est pas, de toute évidence, la voie choisie notamment en France par l'exécutif macronien, qui entend garder son cap et aller plus loin dans les réformes voulues par le Medef.

Pourtant, comme l'a souligné la CGT en particulier à l'occasion de son 52e congrès, face au dumping social, fiscal et environnemental, il est urgent d'opposer des politiques de justice sociale et de solidarité.

Le contexte post-électoral confirme en tout cas les responsabilités du syndicalisme à l'échelle européenne. C'est aussi ce qu'a mis en lumière le dernier congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES). Avec un enjeu de taille : pour défendre ensemble d'autres politiques économiques, sociales et aussi environnementales, il s'agit de faire plus et mieux entendre la voix des salariés du continent…

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