Lula libre, le combat continue
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Le 13 mars dernier, des centaines de milliers de Brésiliens ont manifesté dans 400 villes pour réclamer la destitution de la présidente Dilma Rousseff, pour corruption dans son entourage politique : visé, l'ex-syndicaliste puis président Lula Da Silva.
Convoquées par les partis de droite et les médias privés qui contrôlent la quasi-totalité de l'espace médiatique, ces marches ont ébranlé un gouvernement confronté à un ralentissement économique menaçant les progrès sociaux des gouvernements issus du Parti des Travailleurs (PT) de Lula (2002-2010) et Dilma Rousseff réélue en octobre 2014.
Le 31 mars, une mobilisation convoquée par Lula Da Silva a rassemblé des centaines de milliers de personnes dans les 26 États formant la fédération.
Ces événements renvoient l'image d'un pays coupé en deux : d'un côté, une population blanche dans sa majorité, de couches moyennes, de l'autre, des manifestants représentant les couches populaires. S'agissant des soutiens : le 13 mars, médias concentrés, dont Globo le plus grand groupe d'Amérique latine qui a soutenu la dictature (1964-1985), droite et aussi social-démocratie, grand patronat, groupes évangélistes ; le 31, PT, CUT (Centrale unique des travailleurs), organisations comme le Mouvement Sans Terre (MST) et le Front Brésil populaire qui regroupe partis et associations de gauche, intellectuels et artistes, comme Chico Buarque.
On l'aura compris : ce sont deux visions de la société qui s'affrontent, au-delà des péripéties politiques.
On ne saurait nier le mal causé par la corruption qui gangrène la vie politique. Certains députés du PT ont été éclaboussés et ont dû démissionner. Lula Da Silva affronte les suspicions alimentées par l'opposition.
Cependant, les principaux artificiers de cette campagne, Michel Temer, l'actuel vice-président, membre du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) et le président du Congrès, Eduardo Cunha, sont sous le coup d'une instruction pour corruption au centre de laquelle se trouve, la société publique Petrobras qui a fait profiter de ses largesses, des personnalités politiques de tous bords.
La crise s'est aggravée avec l'arrêt du soutien au gouvernement de son allié de droite, le PMDB et la menace de destitution de Dilma Rousseff, accusée elle, non de corruption, mais d'une manœuvre pré-électorale utilisée par tous les partis avant elle : faire financer les programmes sociaux par les banques afin d'en retarder l'inscription dans les dépenses publiques.
Le succès de la mobilisation anti-Dilma, tient à une situation économique dégradée (contraction de 3,8 % en 2015 et de 3,5 % en 2016 selon les estimations), due à la baisse du prix du pétrole dont le Brésil est le 13e producteur mondial, au ralentissement de la production industrielle (moins 6,2 % en 2015) liée à la dépression mondiale, avec une montée du chômage (800 000 emplois perdus l'an dernier) et une poussée inflationniste.
Les conséquences se sont traduites par une baisse de de la consommation des ménages de 4 %. A ces facteurs économiques, il convient d'ajouter la violence et l'insécurité qui font craindre pour le déroulement des prochains jeux Olympiques d'août prochain.
La droite, battue à la régulière tente par la voie constitutionnelle de récupérer le pouvoir. Cette stratégie, mise en œuvre au Honduras contre le président Zelaya en 2009, en préparation au Venezuela, contre Nicolas Madura, a été dénoncée par les manifestants pro-Rousseff qui dénoncent un « coup d'État ».
Le MST affirme qu'il « occupera la rue jusqu'à ce que soit étouffé le coup d'État, car derrière se cache 1 % des plus riches qui souhaite accroître leurs privilèges ».
C'est en effet un modèle social qui est en jeu. Car, malgré ses atermoiements, dans la mise en place de la réforme agraire, dans la rupture avec les dogmes libéraux, la politique menée ces dix dernières années a permis de faire tomber le taux de pauvreté de 31 % à 21,4 %. Avec la droite aux affaires, on assisterait, comme aujourd'hui en Argentine, à des mesures d'austérité (baisse des impôts pour les riches, dévaluation, privatisations – au Brésil Petrobras est dans la mire).
Face aux menaces que fait peser une destitution qui installerait au pouvoir le vice-président Temer, le gouvernement a tout intérêt, parallèlement aux manœuvres de couloir qui éviteraient que 2/3 des députés votent la mise à l'écart de Dilma Rousseff, de s'appuyer sur le peuple mobilisé pour empêcher sa destitution.
Ce qui, n'ayant pas ou trop peu été fait, a poussé une partie de son électorat dans les rets de la droite. On comprend que le mouvement syndical, derrière la CUT, soit aujourd’hui dans la rue…
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