À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT

Un Tour tourné vers l’Est

2 juillet 2014 | Mise à jour le 25 avril 2017
Par
Un Tour tourné vers l’Est

Mondial de foot ou pas, chaque année en juillet, c'est pareil. On convoque l'histoire et le mythe du Tour de France. Celui qui nous a fait rêver depuis qu'une main adulte a lâché la selle de notre petit deux roues et que nous continuons à pédaler. Pour ne pas tomber. Mais le rêve passe. Si la magie opère moins, le Tour de France reste une attraction. Universelle.

C'est comme ça depuis que nous avons eu six ans et, pour certains d'entre nous, ça fait déjà… longtemps. Juillet, c'est l'été, les congés payés et le Tour de France. C'est un peu comme le Mondial de foot ou les Jeux olympiques. Quel que soit l'intérêt qu'on lui porte, qu'on l'aime, qu'on le déteste ou qu'il nous laisse indifférent, on n'échappe pas au Tour de France. Par les temps qui courent, dans une société où les repères collectifs ne sont plus vraiment ce qu'ils ont été, le Tour continue à fédérer. Sans doute parce qu'il est profondément ancré dans notre patrimoine culturel, on a tous en nous quelque chose du Tour de France. Une image, des sons, des couleurs, des odeurs ou un simple objet jeté par la caravane publicitaire. Le Tour de France, c'est aussi le seul grand spectacle sportif universel gratuit qu'on peut voir passer presque sur le pas de sa porte. Allez savoir pourquoi on l'attend des heures, des jours parfois, dans les lacets des grands cols ou quelque autre endroit stratégique. Puis la clameur monte. Les voilà ! Accompagnés par le sifflement aigu des boyaux et le bruissement harmonieux des chaînes sur le pédalier, les coureurs semblent glisser sur l'asphalte.

Vite, trop vite. Le peloton multicolore est passé. On retient son souffle avant que le vrombissement des voitures suiveuses rompe le charme éphémère. C'est fini ! Un instant de bonheur furtif et partagé dont on se souvient ensuite toute sa vie. C'est sans doute cela que l'on appelle la magie du Tour !

Mais la magie n'est plus la même. La course a changé. Plus monotone et moins spontanée. Les oreillettes ont petit à petit transformé les coureurs en vélo téléguidés par les directeurs sportifs. Fini le suspense. Les valeureux coursiers qui tentent une échappée se font quasiment toujours reprendre à quelques hectomètres de la ligne d'arrivée par les équipiers des ténors du peloton qui les ont tenus à portée de fusil toute la journée. Il ne s'agit pas ici de nostalgie, mais d'une certaine tristesse à l'égard d'une évolution induite par des impératifs financiers. Mais reste que, malgré tout, malgré les doutes, les suspicions, les affaires de dopage… le Tour de France est à la fois toujours le même et chaque fois différent. L'édition 2014 ne dérogera pas à la règle.

Après un nouveau départ d'Angleterre, le parcours est orienté plein Est. Pendant trois étapes, le Tour rendra hommage aux soldats français et allemands tombés pendant la guerre de 1914-1918. Il va suivre la ligne de front de cette inutile tragédie. Après un détour par le Chemin des Dames, à Verdun, le Tour partira de l'espace Jean-Jaurès à Tomblaine en Meurthe-et-Moselle en empruntant la rue de la Paix de cette petite commune ouvrière de la banlieue Est de Nancy (voir l'entretien avec Hervé Feron, p. 32). Les Froome, Contador, Betancur ou Nibali auront-ils une pensée pour cette histoire ? Pas sûr, tant ils auront à ce moment-là le regard tourné vers les sommets vosgiens où ils se livreront d'autres batailles. Plus pacifiques celles-là. Car chacun sait que ce sont les coureurs – pas la géographie ni l'histoire – qui font la course.

_________________________________________________

Question a

Christian Prudhomme,
directeur du Tour de France

« LA MONTAGNE, CE N'EST PAS QUE LES ALPES OU LES PYRÉNÉES, IL Y A LES VOSGES »

 

nvo L'édition 2014 du Tour de France, qui s'élance une nouvelle fois de Grande Bretagne, prend ses quartiers d'été à l'est du pays. Pourquoi ce choix ?

Christian Prudhomme Le fait qu'il soit tout à l'est n'est pas un hasard. En gros, pendant quatre jours, dès qu'il sera rentré en France, le Tour sera sur la ligne de front de la Première Guerre mondiale. Nous voulions marquer à notre manière le centenaire de ce conflit majeur du XXe siècle. À chaque fois que le Tour peut s'insérer dans un événement plus grand que lui, il le fait. Lorsque le Tour 1914 s'élance le 28 juin, l'archiduc François Ferdinand est assassiné à Sarajevo. La marche vers la guerre est lancée. Elle sera déclarée quelques semaines plus tard. Dans ce peloton, il y avait trois anciens vainqueurs du Tour, François Faber, Octave Lapize et Lucien Petit-Breton, qui seront tués pendant la guerre. En tout, le Tour de France y aura perdu cinquante de ses coureurs.

 

Ce Tour est très montagneux, avec notamment ses trois étapes vosgiennes entre Tomblaine et la Planche des Belles Filles, au-dessus de Belfort. Une vraie nouveauté ?

Sur le plan sportif, nous sommes toujours à la recherche d'un parcours avec des aspérités, de sorte qu'il puisse toujours se passer quelque chose. Ce sera le cas cette année. Mais cette édition n'est pas plus montagneuse que d'autres. En revanche, il y a des étapes marquantes un peu partout dans la montagne, notamment dans ce vrai beau massif vosgien que nous allons mieux exploiter cette année. Je pense déjà au 14 Juillet en haut de la Planche des Belles Filles, au terme, cette fois, d'une vraie étape de montagne qui part de Mulhouse. J'aimerais qu'à la sortie des Vosges, on se dise que la montagne, ce n'est pas que les Alpes, les Pyrénées et le Massif Central.

 

Au-delà des Vosges, il y aura quelques belles arrivées en altitude augurant de belles envolées des grimpeurs. Qui peut battre Froome cette année ?

Très clairement, tout se prépare pour un combat des chefs entre Chris Froome et Alberto Contador. Celui-ci se posant en rival numéro un face au Britannique, tenant du titre. Il faut donc s'attendre en effet à un beau duel entre eux deux. Mais il faudra que ces deux-là fassent avec l'autre Colombien, Betancur, qui a gagné Paris-Nice au printemps, et l'Italien Vincenzo Nibali qui, sans complexes, a affiché ses ambitions pour le Tour de France. Potentiellement, trois coureurs français peuvent terminer dans les dix premiers : Jean Christophe Péraud, Romain Dardet, meilleur Français en 2012, et Thibaut Pinot, qui grimpe sacrément bien. Reste que Thomas Voeckler et Sylvain Chavanel peuvent aussi animer la course.

_________________________________________________