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PÉTROCHIMIE

Une bataille industrielle et écologique à Total Grandpuits

26 janvier 2021 | Mise à jour le 26 janvier 2021
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Une bataille industrielle et écologique à Total Grandpuits

À Grandpuits, les actions se multiplient depuis des semaines suite à l'annonce de la fermeture de la raffinerie avec une reconversion « zéro pétrole » qui en réalité supprimerait 700 emplois. Parallèlement à la grève, la CGT planche notamment avec des ONG pour des alternatives écologiques « zéro suppression d'emploi. »

C'est une promesse en trompe-l'œil qu'a lancée Total avec la reconversion de sa raffinerie de Grandpuits en un site « Zéro pétrole ». En substance, le pétrolier prétend arrêter immédiatement le raffinage pour y produire de l'agrocarburant, du photovoltaïque et du plastique biodégradable à base d'amidon et de sucre.

« Cela aboutira à la suppression de 700 emplois : 200 chez Total et 500 chez les sous-traitants » fulmine Adrien Cornet, délégué CGT du site de Grandpuits. Et de dénoncer la face cachée de l'affichage communicationnel : « Le projet Total consiste en une délocalisation pure et dure, or si on envoie nos capacités de raffinage au Moyen-Orient où les normes sociales et environnementales sont dégradées, cela va aggraver la pollution. Or selon Total, le pic de la demande ne sera atteint qu'en 2030. »

Pour la CGT, un arrêt du raffinage à Grandpuits à une date rapprochée affecterait non seulement l'emploi, mais serait contre-productif en termes écologiques et de réponse aux besoins. « Nous demandons de maintenir le raffinage le temps de trouver une alternative zéro pétrole et zéro énergie fossile. L'idée n'est pas forcément un projet clés en main, mais un projet qu'on va se donner le temps d'élaborer sur les énergies de demain avec les ONG, les écologistes et tous les gens qui veulent ou peuvent nous aider » précise le syndicaliste.

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Une coopération ONG — syndicats

La CGT Grandpuits a trouvé un écho à sa démarche avec le soutien du collectif « Plus jamais ça », déjà engagé pour la relance de la papeterie de Chapelle Darblay (76). « La transition énergétique ne doit pas servir d'argument pour la casse sociale et le projet de Total n'est vert que de façade » explique François Chartier représentant de Greenpeace dans le collectif « Plus jamais ça ». « À partir de là, nous avons discuté de la possibilité d'aider les salariés de Grandpuits dans la lutte contre le plan social de Total comme cela s'est fait à Chapelle Darblay. Nous voulons dénoncer la stratégie de Greenwashing et l'usage de la transition écologique pour la casse sociale, mais aussi pouvoir proposer un plan alternatif qu'on voudrait construire avec les salariés et différents experts. »

Marie Buisson, membre de la CE confédérale de la CGT en charge du Collectif Environnement, accompagnait fin novembre Philippe Martinez en visite sur le site de Grandpuits pour y apporter le soutien de toute la CGT : « Lorsque les camarades de Grandpuits ont eu connaissance du plan de transition monté par Total, ils se sont plutôt montrés d'accord avec l'idée d'aller vers une activité plus pérenne et écologique. Le plan de transition de Total n'est ni pérenne ni écologique et surtout il s'opère au détriment de l'emploi. Leur idée est d'élaborer une contre-proposition à partir de leur position de salarié avec un savoir-faire et une expérience, mais d'avoir aussi le soutien d'autres forces vives et de la Confédération. »

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Prendre en compte le territoire

Patrick Masson, secrétaire général de l'UD CGT 77, se félicite du travail qui s'engage, mais concède qu'il a encore besoin de s'affiner : « On a travaillé chacun de son côté, mais pas encore mis ça en page. C'est donc un défi pour l'organisation. Pour le moment, nous portons quelques exigences et défendons quelques pistes comme la filière bois. » Et le secrétaire départemental d'insister sur la nécessité d'une vision intégrant la notion de ce territoire menacé de désertification : « Le bassin d'emploi a été sinistré avec la fermeture d'Arjowiggins (220 emplois) à Jouy-sur-Morin et de Villeroy & Boch à La Ferté-Gaucher, où 120 emplois ont été délocalisés en Turquie. »

Mais encore faut-il trouver le bon interlocuteur pour agir : « Lorsque nous rencontrons les pouvoirs publics, ils se disent prêts à étudier nos propositions, mais la politique de l'emploi est régionale et départementale alors que la Seine-et-Marne compte une dizaine de départements limitrophes. »

L'utilisation des ressources de proximité est ainsi entravée par les frontières administratives. C'est pourquoi le dirigeant de l'UD CGT estime que le syndicalisme doit aussi être en capacité de proposer une politique industrielle au niveau national, « sinon on va se heurter aux découpages territoriaux qui ont placé les régions en compétition. »

Autant de perspectives qui méritent débats et mises en œuvre.

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