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SNCF

Une grève d’intérêt général

26 avril 2016 | Mise à jour le 15 février 2017
Par | Photo(s) : Alain Jocard/AFP
Une grève d’intérêt général

Les quatre syndicats représentatifs du Groupe public ferroviaire veulent peser sur les négociations en cours sur les conditions de travail des cheminots. Ils demandent que le socle de règles communes soit, à minima, le plus proche possible des conditions de travail en vigueur aujourd'hui à la SNCF.

Aujourd'hui 26 avril, la CGT, la CFDT, Sud et l'Unsa, les quatre organisations syndicales représentatives du GPF (groupe public ferroviaire : SNCF, SNCF mobilités et SNCF réseau), appellent à une grève de vingt-quatre heures – de lundi 25, 18 h à mercredi 27, 8h. Leur objectif est de peser sur la négociation en cours concernant les conditions de travail des cheminots.

Celles-ci sont menées de front au niveau de la branche avec l'UTP (la fédération patronale du secteur) et au sein du GPF avec la direction. Il s'agit de la seconde grève unitaire depuis 2013 et le troisième mouvement de grève en l'espace de deux mois.

Le 9 mars dernier les cheminots avaient fait grève et manifester à l'appel de la CGT, de l'Unsa, de Sud rail et de la CFDT sur quatre revendications majeures : les négociations concernant la branche, l'emploi, les salaires, les conditions de travail.

LE « DÉCRET SOCLE »

Si, le 31 mars, la CFDT et l'Unsa avaient décliné, ne voulant pas de confusion avec la contestation de la loi Travail, le succès de ces deux premières mobilisations a permis d'ouvrir des négociations simultanées au niveau des entreprises et de la branche mais également de retarder la parution du « décret socle ».

Pour rappel, ce « décret socle » est le premier des trois volets qui constitueront le futur « cadre social » prévu par la loi d'août 2014. Il s'appliquera au GPF, à toutes les entreprises ferroviaires de droit privé ainsi qu'aux futurs opérateurs privés qui, dans le cadre de l'ouverture totale à la concurrence, sont censés se lancer sur le marché français dans les années à venir.

Les deux autres volets de ce « cadre social » étant l'élaboration de la convention collective du secteur suivie d'accords d'entreprises dont la signature est prévue d'ici à l'été. Ainsi cet accord de branche relatif à l'organisation du travail et à l'aménagement du temps de travail s'appliquera à l'ensemble des entreprises du secteur ferroviaire et des cheminots – qu'ils travaillent pour le GPF ou dans le privé, dans le fret ou au transport de voyageurs. Il constituera un socle commun à tout le secteur.

UN DOSSIER EXPLOSIF

L'enjeu est de taille et le dossier explosif. Face aux syndicats du GPF dont la volonté est que le socle de règles communes soit, à minima, le plus proche possible des conditions de travail en vigueur aujourd'hui à la SNCF, se dressent les opérateurs privés qui jugent celles-ci trop lourdes.

Ils veulent s'en éloigner le plus possible avec un socle négocié à minima et renvoient aux négociations d'entreprises. D'où le lien fait par la CGT et Sud-rail avec leur refus de la loi Travail qui, en inversant la hiérarchie des normes, favorise les accords d'entreprises sur les accords de branches. Le 18 février l'État avait transmis un projet de « décret socle », base du nouveau cadre social unique du secteur ferroviaire (170 000 salariés dont 148 000 au GPF).

Il doit être complété d'ici à juin d'une convention collective de branche et d'accords d'entreprises. Pour l'heure, et alors qu'un retard est pris (le calendrier prévoit des réunions les 26 avril, 10 et 19 mai, 1er et 2 juin) les syndicats comptent bien le modifier en profondeur et faire entendre leurs propositions alternatives.

UN CADRE SOCIAL DE HAUT NIVEAU

Selon les syndicats, pour la direction du GPF cette négociation est l'occasion de « niveler par le bas les conditions sociales, de vie et de travail de tous les cheminots ». Guillaume Pepy, le patron du groupe public, a d'ailleurs affirmé à plusieurs reprises l'objectif « que chaque heure payée soit une heure productive ». Bref, le GPF veut accroître sa compétitivité quitte, estiment les syndicats, à en rabattre sur la qualité des emplois, la santé et la sécurité des salariés…

Ils dénoncent l'externalisation, le recours à l'intérim, le manque d'agents de conduite ou à bord des trains, etc. Autant de points qui ne figurent pas au programme des négociations avec la direction du GPF et qui avec les salaires sont au nombre de leurs revendications.

Quant aux propositions de l'UTP, les syndicats représentatifs les qualifient de « véritables provocations ». C'est pourquoi ils « portent l'exigence de prendre comme base minimale [du décret socle] la règlementation du travail en vigueur à la SNCF (…) qu'il convient d'améliorer » : nombre de jours de repos, durée de travail maximale journalière, temps de repos, temps de conduite, encadrement des dérogations…. Parallèlement ils « travaillent à l'élaboration d'une plateforme commune visant un haut niveau social pour l'ensemble des cheminots du public comme du privé ».

Si aucune nouvelle manifestation n'est formellement prévue aujourd'hui, 26 avril, par les organisations syndicales représentatives, il s'agit néanmoins, pour la CGT, d'une nouvelle étape de la mobilisation. Une manifestation nationale sans grève est aussi proposée le 10 mai, jour de la prochaine réunion de négociation.

Autant dire que si celle-ci continue de piétiner sans tenir compte des propositions syndicales, « un mouvement plus ferme pourrait être envisagé » a déclaré la CGT.