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MAYOTTE

Une grève pour l’égalité

19 avril 2016 | Mise à jour le 15 février 2017
Par | Photo(s) : Ornella Lamberti/AFP
Une grève pour l’égalité

Les Mahorais et leurs syndicats réclament « l'égalité réelle » avec la métropole et avec les autres départements d'outre-mer. Vendredi 15 avril, après une grève générale de plus de deux semaines, l'intersyndicale de Mayotte a signé un accord avec le ministère des Outre-mer. La grève a été suspendue lundi.

Lundi 18 avril, après plus de deux semaines de grève générale « pour l'égalité réelle » avec la métropole, les barrages routiers qui paralysaient le département de Mayotte ont été levés et la grève « suspendue ». Venus à Paris pour y négocier une sortie de crise, les représentants de l'intersyndicale (CFDT, CGT, FAEN, FO, FSU, Solidaires) ont signé un accord au ministère des Outre-mer.

LE 101E DÉPARTEMENT

Le mouvement social, qui a bloqué Mayotte, avait démarré le 30 mars, soit cinq ans, jour pour jour, après que cette île française de l'archipel des Comores (Océan indien) fut devenue le 101e département français. La population qui, en 2011, s'était prononcée par référendum pour la départementalisation, en attend cependant encore les effets et réclame aujourd'hui l'« égalité réelle » avec la métropole. Celle-là même qu'avait promis aux départements d'Outre-mer François Hollande en mai 2015, à l'occasion d'un déplacement en Guadeloupe.

De fait, concernant Mayotte, l'écart est criant avec la métropole, mais également avec les autres départements d'Outre-mer. Ainsi l'Insee montre, dans une étude publiée le 14 avril dernier, que le coût de la vie à Mayotte était en 2015 plus élevé qu'en métropole de 6,9 %. Et dans son « Enquête – Budget de famille » de décembre 2014, il indiquait qu'en 2011, 84 % de la population vivait en dessous du seuil national de bas revenus, contre 16 % en métropole.

Depuis, le revenu médian a sensiblement progressé, mais les inégalités sont sans commune mesure avec celles existant en métropole, et le chômage (près de 20 % de la population active et plus de 46% des jeunes), l'illettrisme, le délabrement des infrastructures publiques, sont bien plus problématiques à Mayotte que dans les autres départements d'Outre-mer.

POUR L'ÉGALITÉ RÉELLE

Face à cette situation, les manifestants avec les syndicats réclament une série de mesures qui permettraient aux Mahorais d'obtenir l'« égalité réelle » avec la métropole.

Le vendredi 15 avril, les représentants de l'intersyndicale les ont présentées à le ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin et à la secrétaire d'État à l'Égalité réelle, Éricka Bareigts. Des alignements sur la métropole sont revendiqués concernant les aides sociales, le Code du travail et les services publics ainsi qu'une réévaluation du Smic (7,30 € contre 9,67 € en métropole).

Il s'agit, également, pour les fonctionnaires d'obtenir la même indexation des salaires qu'à la Réunion (majoration des salaires des agents de l'État basé dans l'Outre-mer en raison de la vie chère). Pour le calcul des retraites, la revendication porte sur la prise en compte de l'intégralité de l'ancienneté professionnelle à l'identique des anciens départements de l'Outre-mer (Guadeloupe, Martinique et Réunion) et non pas seulement à partir de l'année 2009, etc.

UN ACCORD DE MÉTHODE

Le relevé de décisions qu'ils ont signé vendredi avec les ministères (Outre-mer, Fonction publique, Travail, Affaires sociales), et qui « fait l'objet d'un accord de méthode », satisfait « plutôt » les représentants de l'intersyndicale de Mayotte. Ils ont néanmoins déclaré, à leur sortie du ministère des Outre-mer, qu'ils resteraient très « vigilants » sur l'avancée des mesures de rattrapage.

De retour à Mayotte, les syndicats ont finalement voté la levée des barrages routiers. Mais lors de l'assemblée générale, houleuse, la décision n'a pas fait l'unanimité.

En effet, l'accord porte essentiellement sur un calendrier pour leur mise en application et sur l'ouverture de discussions, même si certains points constituent des avancées réelles. C'est le cas de l'application du Code du travail à Mayotte pour le 1er janvier 2018 au lieu de 2025 ou encore de l'application automatique et intégrale des conventions collectives qui devrait être fixée par une loi courant 2016.

Pour les fonctionnaires l'accord confirme le passage à un taux d'indexation de 40% du traitement (sur-rémunération) à partir du 1er janvier 2017, avance la clause de revoyure au 1er semestre 2017 et indique une reprise des discussions en mai prochain sur la reconstitution des carrières des agents pour les années antérieures à 2009. Pour le reste, notamment sur la question des droits sociaux, hormis la mise en œuvre de la prime d'activité au 3e trimestre de 2016, les autres demandes sont soumises à des concertations (interministérielles, partenaires sociaux, etc.), remises de rapports, et autre étude d'impact. Il en va ainsi de la mise en œuvre de la CMU-c avant la fin de 2016, de la question des retraites, de l'application du Code la Sécurité sociale, etc.

Bref, « peu de concret pour le moment. Pour cette raison, le mouvement est donc suspendu – et non arrêté – pour laisser place aux différentes négociations. » indique, sur son site Internet, la CGT Éduc'action-Mayotte.