19 mai 2015 | Mise à jour le 9 mars 2017
À Paris, comme à Lyon, deux manifestations sont organisées le 19 mai à 14 heures pour dénoncer le projet de loi Nouvelle organisation des territoires de la République (NOTRe). Cette loi prévoit la refonte du «mille-feuilles» territorial dans le but de redynamiser les grandes métropoles, mais pour les syndicats, elle pourrait bien avoir comme effet l’accentuation des inégalités entre ruraux et urbains.
Il s’agissait pour le gouvernement d’optimiser les coûts de fonctionnement des collectivités locales en réduisant le nombre de régions de 22 à 13, mais pour les syndicats, cette réforme est avant tout une nouvelle manière de rogner sur les dépenses au détriment du service public rendu.
«On demande l’arrêt de la réforme territoriale et que s’arrête la politique d’austérité», explique Nathalie Dieudonné, secrétaire fédérale de la CGT des services publics. Pour elle, sous prétexte d’économiser les deniers publics, le gouvernement s’attaque, au travers de cette loi, aux droits des agents territoriaux.
«Ils réduisent le personnel, ils mutualisent les services, donc on perd des droits. Les agents qui passent d’une collectivité à une autre perdent leur droits, on est vraiment sur une destruction des acquis des agents.» Le tout, précise Nathalie, en dehors de tout débat avec les citoyens ou les partenaires sociaux. «Ça se fait en catimini!»
Mais c’est aussi les usagers qui pourraient faire les frais de la loi NOTRe. En effet, le regroupement des régions en super-régions à taille européenne inquiète la CGT. Un mariage forcé entre des territoires disparates impliquerait la gestion, par des collectivités, plus si locales que ça, de problématiques très différentes.
«Les territoires ruraux vont être complètement abandonnés, prévoit Nathalie, puisqu’on retire les services publics dans les territoires ruraux pour les recentrer sur les grandes collectivités, les métropoles, les communautés d’agglomération.» En effet, l’acte III de la décentralisation, dont la loi NOTRe est un des volets, prévoit la création du statut de métropole, aux compétences élargies, pour les agglomérations de plus de 400000 habitants.
C’est donc dans ce climat que se rassemblent, le 19 mai après-midi, à Paris et à Lyon, des manifestants à l’appel d’une large intersyndicale lancée par la CGT. Paris et Lyon, parce que les deux plus grandes villes du pays feront l’objet, selon le projet de loi, d’un statut particulier parmi les métropoles. Mais le choix de la capitale des Gaules est aussi justifié par l’expulsion par les forces de polices de manifestants opposés au projet lors d’une précédente manifestation à l’hôtel de région de Lyon.
Lyon et Paris aujourd’hui donc, mais, selon Nathalie, les syndicats n’en resteront pas là. «C’est pour nous le début d’un cycle de manifestations, puisqu’après, on voudrait continuer l’action sur les euro-métropoles de Lille et de Strasbourg.»