À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
ÉDUCATION POPULAIRE

Une voie citoyenne

11 juillet 2016 | Mise à jour le 10 février 2017
Par | Photo(s) : Anna Solé
Une voie citoyenne

En mutation constante depuis son apparition, la notion d'éducation populaire retrouve sa dimension politique originelle d'émancipation et de transformation sociale.

L'éducation populaire aurait entamé, depuis une vingtaine d'années, un nouveau chapitre de son histoire. Agréées ou pas par le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, de plus en plus d'associations s'en revendiquent.

« Il y a presque une magie verbale à parler d'éducation populaire. C'est faire référence à une histoire, une tradition, des mobilisations, une alliance ayant plus ou moins existé à des moments de l'Histoire entre classes populaires, hommes des sciences et intellectuels », analyse Frédéric Chateignier, chercheur à l'université de Tours et auteur d'une sociohistoire sur le sujet.

Apparue dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la notion est tout d'abord portée par la tradition laïque républicaine. Elle se veut le prolongement périscolaire de l'œuvre de l'école publique, avec l'idée que l'acquisition de savoirs (scientifiques et culturels) et de savoir-faire en dehors du cadre scolaire est utile à l'exercice d'une citoyenneté consciente, critique et active.

C'est ainsi qu'apparaissent les cours du soir et les colonies de vacances, ou sont créées les universités populaires pour les adultes. L'idée que l'accès à la connaissance est un facteur de transformation sociale inspire aussi les milieux chrétiens et ouvriers.

Elle se structure autour du catholicisme social chez les premiers, autour de la CGT et du mouvement anarcho-syndicaliste, chez les seconds, via les bourses du travail et, plus tard, le Centre confédéral d'éducation ouvrière.

Rattachée au ministère de la Jeunesse et des Sports à la Libération, l'éducation populaire désigne des programmes d'action de démocratisation culturelle, dont les maisons des jeunes et de la culture (MJC) ou le théâtre de Jean Vilar, fondateur du Festival d'Avignon, seront des emblèmes.

 

L'avènement de l'animation socioculturelle dans les années 1960 conduira à la professionnalisation et à une institutionnalisation plus poussée du secteur.

 

« Les ministères ne savent pas à la fois financer et laisser la liberté. Il y a eu une dérive vers la technicité, au détriment de la dimension politique, au sens noble du terme », remarque Audrey Baudeau, déléguée générale du Cnajep (Comité national des associations de jeunesse et d'éducation populaire).

Avec la décentralisation et le transfert de compétences de l'État aux collectivités locales, les subventions laissent le plus souvent place aux appels d'offres ou aux conventions d'objectifs et de moyens.

Que fait l'État, de son côté ? Il démantèle l'outil, au dire de Philippe Niquet, conseiller d'éducation populaire et de jeunesse au ministère, qui cite l'exemple des Creps, hier centres régionaux d'éducation populaire et de sport, aujourd'hui centres de ressources, d'expertise et de performance sportive. « Le rôle du conseiller, qui était de mettre en œuvre des actions éducatives et d'accompagner les acteurs en territoire, se résume essentiellement désormais à faire du contrôle réglementaire sur des programmes où l'éducation populaire est de moins en moins présente. »

 

 

Subissant la pression des élus locaux, de nombreuses structures se retrouvent dans la position de simples prestataires de services. Au milieu des années 1990, Des militants décident de réinvestir la notion d'éducation populaire pour lui redonner son sens. Interrogeant l'économie, les rapports sociaux, la citoyenneté, les inégalités, recréant des espaces de discussion collective, inventant de nouvelles pédagogies actives pour comprendre et changer le monde.

 


Quelques chiffres

680 000, c'est le nombre d'emplois (330 000 équivalents temps plein) générés par le secteur de l'éducation populaire. Les métiers les plus représentés sont ceux de l'animation socioculturelle. On compte six millions de bénévoles. (Source : CNAJEP)

 

Avec plus de 430 000 associations, l'éducation populaire représente 49 % de ces structures en France. Leur budget cumulé atteint 18 milliards d'euros, soit 1,4 % du PIB. (Source : CNAJEP)