Les Bibs de France et de Navarre devant le siège de Michelin
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« Urgent et nécessaire » c'est ainsi que Marie-Claire Cailletaud, dirigeante de la CGT, a qualifié le débat sur l'industrie et les services publics dans son introduction. Sans doute,son opinion était-elle partagée si on se fie à la participation et au succès des assises de l'industrie. En effet, la Cité des sciences et de l'industrie à Paris était pleine à craquer ce mercredi 22 février, plusieurs dirigeants d'unions départementales ou de fédérations CGT se plaignaient même d'avoir dû demander à des camarades de renoncer à venir… faute de places disponibles.
Après avoir décrit rapidement la transformation de l'économie de ces dernières années en lien avec l'accélération des mouvements de capitaux, la toute-puissance de la finance et le déclin de l'industrie, Marie-Claire Cailletaud s'est alarmée de la situation actuelle : « L'industrie représente 10% du PIB contre 16% en moyenne dans la zone euro ! » Or, l'avenir du pays dépend de sa capacité à produire, la recherche a besoin de débouchés….On délocalise, puis on réimporte avec un coût social et environnemental insupportable. Dans le même temps, les dividendes explosent et les fonds publics sont donnés à fonds perdus. « Pour le CICE, un rapide calcul nous donne, pour la fourchette haute, 100 000 emplois pour 34 milliards dégagés, soit un emploi pour 340 000 euros ! »
La dirigeante de la CGT a ensuite enchaîné sur l'enjeu du numérique, source d'inquiétude dans de nombreuses entreprises : « Le travail ne va pas disparaître, il va se transformer », avant de mettre en avant les solutions que propose la CGT : diminution du temps de travail, nouveau statut du travail salarié dont la sécurité sociale professionnelle « permettant d'alterner des périodes de formation et d'emplois en visant le plein emploi et non un simple revenu garanti. » Pour Marie-Claire Cailletaud, s'emparer des technologies est un enjeu pour les salariés, car celles-ci ne sont pas neutres.
Enfin, il y a cette proposition de création d'un livret emploi industrie pour réorienter l'argent vers la production. En ligne de mire, la CGT ne propose pas moins que l'objectif de doubler en dix ans les capacités de production et l'emploi industriel. Autre proposition avancée pour inverser la logique du déclin, la création d'un bouclier anti-dumping social, fiscal et environnemental. L'augmentation des salaires, le plafonnement de celui des dirigeants et la taxation du capital font aussi partie des mesures portées par le syndicat. « L'industrie est au cœur des enjeux sociaux et environnementaux » devait poursuivre Nadia Salhi, en charge des questions industrielles à la CGT, avant de céder la parole à la salle.
Relance de la filière papier en Normandie, appel à l'intervention publique pour sauvegarder la souveraineté alimentaire et éviter le dépeçage du groupe Turenne Lafayette, attaques contre la R&D (recherche et développement) dans l'aéronautique et le tabac, impact de la fermeture d'entreprises métallurgiques sur les services publics, écoles, poste, etc., les témoignages se succèdent, porteurs de solutions. Une salariée de la recherche revient sur le besoin de consacrer 3 % du PIB à la recherche et sur les dangers de la territorialisation.
Devant ces constats, Carlos Moreira, secrétaire général de la fédération nationale des industries chimiques (FNIC-CGT), a posé la question plus globalement : « Y a-t-il une politique industrielle aujourd'hui ? » Et le dirigeant fédéral de répondre par un « Non ! » énergique tout en donnant des exemples, de la roue motrice (Michelin) au moteur à l'hydrogène pour les TGV qui, bien que disponibles, ne sont pas produits parce que les vrais « décideurs sont les financiers ».
Baptiste Talbot, secrétaire général de la CGT services publics, rebondit en indiquant qu'une réflexion et un travail syndical de même nature sont engagés sur le secteur de l'eau. Et de noter que « quand la sphère politique veut, elle peut. Les collectivités passent commandes pour des milliards d’euros. Il y a des normes sociales à mettre dans les appels d'offres. Par ailleurs, la puissance publique a un rôle d'inspection, de contrôle, Enfin, la CGT a aussi un rôle à jouer sur contenu des programmes des candidats aux futures élections ».
Dans cette période cruciale, « la CGT a une responsabilité, estime Frédéric Sanchez, secrétaire général de la FTM CGT. Elle a besoin de peser dans le débat politique afin de mener certains candidats sur nos priorités. Il nous faut aussi articuler reconquête industrielle et garanties collectives de haut niveau car le patronat tente aujourd'hui des attaques sans précédent sur les conventions collectives et sur les classifications, ne veulent plus reconnaître les diplômes. Notre urgence est de gagner le rapport de force et en premier lieu de réussir le 21 mars ».
Rendez-vous est pris : ces assises de l'industrie sont une première étape. Le deuxième round se jouera dans la rue et s'élargira aux services publics, pendant vital du maintien et du développement du tissu économique dans les territoires.
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