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ENTRETIEN

Victoria Abril, marraine de "Visions sociales" 2014.

13 mai 2014 | Mise à jour le 2 mai 2017
Par
Victoria Abril, marraine de

Sa carrière se partage entre la France et l'Espagne. L'actrice a mis son franc-parler au service du festival Visions sociales », dont elle est la marraine cette année. Rendez-vous à Mandelieu-la-Napoule du 17 au 25 mai.

Visions sociales propose un focus sur le cinéma espagnol. Vous avez démarré à une époque d'effer­vescence pour ce cinéma. Comment se porte-t-il aujourd'hui face à la crise ?

 En 1975, quand j'ai démarré, l'industrie du cinéma n'existait pas encore, on n'avait pas assez de techniciens, pas assez d'argent, les films se faisaient en coopérative en seulement quatre semaines… Quand les socialistes sont arrivés au pouvoir dans les années 1980, ils ont soutenu la culture et créé la « cuota de pantalla » (les contingents à l'écran) : les salles qui exploitaient un film américain étaient obligées, en contrepartie, de sortir un film espagnol ou européen. La production et la distribution du cinéma espagnol ont fait un boom ! Puis le Parti Popular est arrivé et a coupé le robinet.

Et maintenant, avec la crise économique, nous revoilà, rebelote, comme dans les années 1970. Mais ça n'empêche pas le cinéma espagnol d'exister. Il y a de plus en plus de jeunes metteurs en scène qui démarrent avec juste une bonne idée, trois sous et qui font des films qui parcourent la planète. Comme Rodrigo Cortez, qui a fait un film avec juste un homme et un cercueil (Buried). Donc nous voilà : « Resistiremos ! »

 

Le gouvernement conservateur espagnol est-il en train de sacrifier le secteur au nom des politiques d'austérité ?

Ils font tout pour nous écraser ! Ils ont augmenté la TVA à 20 % dans le secteur du cinéma ! Il y a énormément de cinémas et de théâtres qui ferment… Le problème ce n'est pas que le public n'aime pas le cinéma espagnol, mais qu'il n'a pas de sous pour y aller ! Appelons un chat un chat, nous avons un ministre de « l'anti-culture ».

 

Visions sociales projette « Enfants des nuages, la dernière colonie », dont vous êtes la voix off française. Le film, qui sort le 30 avril, évoque la situation des réfugiés Sahraouis, un peuple oublié vivant dans des campements au Sahara occidental. Comment est né ce film ?

Nous nous étions rendus, avec Javier Bardem, au festival Fisahara qui se tient dans le désert. En comprenant la situation épouvantable du peuple sahraoui, les créateurs du festival s'étaient dit : puisqu'ils sont enfermés dans le désert, sans passeport, sans possibilité de sortir, amenons-leur des films et donnons-nous une excuse pour parler d'eux.

En revenant, Javier s'est dit qu'il fallait hurler au monde la situation de ce peuple. Et quoi de mieux qu'un documentaire ? Moi-même je connaissais mal leur histoire. Le ­Sahara occidental était une colonie espagnole. En 1975, nous avons abandonné ce territoire aux Marocains qui l'ont occupé avec la Marche verte.

Depuis, la situation des réfugiés sahraouis n'a jamais été résolue. C'est pour cela que j'ai donné ma voix au film : pour comprendre le parcours de ce peuple mais aussi le je-m'en-foutisme géopolitique qui fait que, depuis trente-cinq ans, les sahraouis attendent dans un no man's land une résolution de l'ONU sur leur autodétermination, séparés par ce mur de la honte de 2 500 km construit par le Maroc.

 

On découvre dans « Enfants des nua­ges » le rôle trouble joué par la France aux côtés du Maroc. En 2013, la France et l'Espagne se sont même opposées à ce que la mission des Nations unies, la Minurso, obtienne un mandat de surveillance des violations des droits de l'homme !
Oui, c'est la honte, avec le droit de veto de la France les résolutions de l'ONU ne sont jamais mises en œuvre. C'est fort de café ! Et personne n'en parle.

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Repères

Visions sociales
Le festival de cinéma de la CCAS (le comité d'entreprise des gaziers et électriciens) se tient du 17 au 25 mai au château des Mineurs de Mandelieu-la-Napoule, en marge du 67e festival de Cannes. Le festival propose cette année un focus sur le cinéma espagnol ainsi qu'une découverte des cinématographies du monde : Pologne, Chine, Maroc, Égypte, France, Mexique… Une sélection de 24 films, des rencontres autour des métiers, des débats…

 

Visions sociales, le festival de cinéma de la CCAS
www.ccas-visions-sociales.org

 

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