RETRAITES
Arkema : Le lock-out patronal, déjoué par la CGT
Contre la réforme des retraites et son passage aux forceps du 49.3, les salariés d’Arkema France ne baissent pas les bras. A l’occasion de la mobilisation nationale du 23... Lire la suite
5 octobre 2018 | Mise à jour le 5 octobre 2018
Par
Lincoln Netiele
| Rédacteur
Emmanuel Macron aime bien livrer ses analyses personnelles sur le pays, sur ses concitoyens. Que ce soit avec la Reine du Danemark, à la télévision ou dans un bain de foule, la philosophie macroniste est régulièrement essaimée dans ses prises de parole. Les retraités n'y échappent pas.
C’était hier, sur les terres gaullistes de Colombey-les-Deux-Églises où il se rendait dans le cadre du prochain anniversaire de la Constitution de la Ve République, que le président de la République a confié ce que le petit-fils de Charles de Gaulle lui avait dit. En répondant à des retraités mécontents qui l’apostrophaient, le locataire de l'Élysée a tenu à leur dire que le pays se tiendrait autrement s’il ne se plaignait pas.
Interpelé par plusieurs personnes âgées, le président rentre dans un échange condescendant et refuse de concéder aux retraités que leurs pensions ont baissé :
- Le petit-fils du Général, m’a dit, en me faisant visiter la Boisserie, on pouvait parler très librement, la seule chose qu’on n'avait pas le droit de faire, c’est de se plaindre. Eh ben je trouve que c’était une bonne pratique qu’avait le général. Vous savez le pays se tiendrait autrement si on était comme ça, non mais on ne se rend pas compte de la chance immense qu'on a. Écoutez, on vit de plus en plus vieux en bonne santé, et on va tout faire pour que…
- Oh pas toujours, hein.
- Et on fait tout et je peux vous dire qu’on investit pour une santé de qualité.
- Mais on a travaillé !
- Vous avez travaillé et vous avez payé la retraite de ceux qui étaient avant vous et qui vivaient moins longtemps !
- Mais aujourd’hui ils ne pourront pas se la payer !
- Ben si, parce qu’ils payent la vôtre aujourd’hui.
- Ben elle diminue quand même hein !
- Non, elle diminue pas, c’est pas vrai.
- Oh ttttt…
- Ben tiens !
- Non, non, non.
- Vous rigolez hein ?!
- Ah mais la mienne a pas diminué
- Ah, merci madame !
- Elle a pas diminué, mais elle a pas augmenté !
Si l'on peut considérer ce dialogue comme évocateur de la considération de l’exécutif envers les retraités (ils ont remis hier une pétition à l‘Assemblée nationale et seront le 9 et le 18 octobre dans la rue pour dénoncer les attaques contre leur niveau de vie). on peut toutefois être d'accord avec Emmanuel Macron. En effet le pays se tiendrait mieux, moins par l'absence de plainte des salariés, des retraités, des étudiants, des privés d'emplois, etc. que par l'action politique des gouvernants pour lutter contre la pauvreté, la précarité, le renoncement aux soins, le manque de place dans les écoles et les universités, le gel des pensions, la baisse du pouvoir d’achat, la baisse des budgets, les privatisations… En France, aujourd’hui, avec notre chance immense, il y a :
- 8,8 millions de personnes qui vivent avec moins de 1015 € par mois, le seuil de pauvreté (dont 15 % d’ouvriers et 25 % d'agriculteurs)
- 1 famille monoparentale sur 3 vit avec moins de 710 € par mois
- 1 Français sur 5 affirme ne pas manger 3 fois par jour
En 2017, le PIB de la France s’élevait à 2 291,7 milliards d'euros. Environ 47 milliards d'euros de dividende ont été versés en 2018 par les sociétés françaises.
Les retraités en colère portent une pétition à l’Assemblée nationale
