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SALAIRE

Quatorze jours de grève jusqu’à la victoire chez Nor’Pain (76)

26 novembre 2021 | Mise à jour le 30 novembre 2021
Par | Photo(s) : DR
En un mois, les choses ont bien changé à l'usine alimentaire Nor'Pain située près de Rouen, en Seine-Maritime. Après la création d’une section syndicale CGT et quatorze jours de grève, les salaires viennent d'augmenter de 63 euros brut, les conditions de travail se sont améliorées et la solidarité ouvrière a pris le dessus face à la maltraitance et au mépris patronal.
C'est une magnifique expérience que viennent de vivre les quelque 300 salariés de la boulangerie industrielle Nor'Pain à Val-de-Saâne (76). En grève quasiment totale (87 % de l'ensemble du personnel et 99 % de la production), du 7 au 20 novembre 2021, dans la foulée de la création d'un syndicat CGT, ils ont découvert la lutte et le succès. 63 euros brut d'augmentation des salaires, une prime Pepa (prime exceptionnelle de pouvoir d’achat) de 120 euros, le passage des 4X8 aux 3X8 et le paiement du 13e mois en deux fois par an, voilà pour le bilan chiffré. Mais au-delà des chiffres, qui ne répondent pas à toutes les revendications (63 euros avec des salaires qui tournent autour de 1 300 euros, ce n'est quand même pas le Pérou !), il y a ce qui n'est pas chiffrable. La dignité retrouvée, la solidarité et le mieux vivre avec de meilleures conditions de travail.

Du ras-le-bol à la grève

Baptiste Lecoq, le tout nouveau représentant de la section syndicale (RSS) CGT de l'usine, explique comment avec un de ses camarades, il a franchi la porte de l'union locale CGT de Rouen pour faire bouger les choses : « Les gens m'ont clairement dit qu'ils en avaient marre qu'on leur parle mal, marre que le patron passe avec un bâton pour vérifier le respect des distanciations sociales […], des 4X8, marre d'être payés à coup de lance-pierres […]. Parfois, on nous prévient le jeudi pour venir travailler le vendredi, au dernier moment. On a tracté et quinze jours plus tard, la grève était en cours. » Les deux premières adhésions sont rapidement suivies d'autres. Le syndicat est mis sur pied avec son RSS et une vingtaine d'adhérents.

Une solidarité nouvelle

Pendant quatorze jours (du 7 au 20 novembre 2021), les salariés se sont donné rendez-vous à proximité de l'usine avec un barbecue et un barnum mis en place par l'UD CGT 76, tenu jour et nuit. Nicolas Jau, qui suit la lutte pour la Fnaf-CGT rapporte l'ambiance : « C'était un lieu de rencontre formidable, parce que les équipes ne se connaissaient pas entre elles et ont partagé leurs expériences. Comme il y avait beaucoup de jeunes, les parents venaient apporter à manger, et c'était occupé jour et nuit. »

La lutte pour la dignité n'est pas terminée

Baptiste n'est pas le seul à relater cette histoire de bâton de distanciation sociale et d'atteinte à la dignité des salariés exercée directement par le patron de l'usine. Nicola Jau confirme : « C'est un comportement de tyran et ça s'ajoute à la fouille des salariés à l'embauche. Nous avons sollicité l'inspection du travail et une permanence est aujourd'hui ouverte spécialement à destination des salariés pour recueillir les témoignages à la mairie. » Le succès sur les salaires et les conditions de travail n'est donc qu'une première étape de la lutte contre la tyrannie patronale. Dans les semaines qui viennent, d'autres « bouches » pourraient bien s'ouvrir. En attendant, les salariés de Nor'Pain savent qu'ils peuvent compter sur la CGT pour les soutenir et les accompagner.