24 heures avec Camille Naget, collaboratrice parlementaire
Ces assistants multitâches, aussi disponibles qu’indispensables, œuvrent dans l’ombre des parlementaires. Des petites mains en mal de reconnaissance. Lire la suite
De grandes baies vitrées ouvrent le local sur l'extérieur, offrant aux regards une salle conviviale. Thibault est en discussion avec un jeune homme, coupe afro, qui s'est présenté à la permanence de l'association de prévention, son CV à la main. « On peut prendre rendez-vous ensemble avec la mission locale. Ils sont spécialisés dans la recherche d'emploi pour les jeunes », propose l'éducateur employé par le Cepfi, une association agissant dans le domaine de la prévention spécialisée en Essonne.
Ce matin, l'homme de terrain consacre une partie de son temps à aider des jeunes dans leurs démarches administratives. « On travaille avec une population au parcours difficile, évoluant en marge des institutions. On les oriente vers nos partenaires, comme le point Info Jeunesse de la mairie, par exemple. Les problèmes de ces jeunes sont souvent globaux : ils touchent à l'emploi, mais aussi à la santé, au culturel, au familial. On est là pour les accompagner. »
Les quatre intervenants de Brétigny-sur-Orge suivent ainsi des jeunes de 11 à 25 ans. Un travail au long cours. « On sait quand ça commence, mais jamais quand ça finit », sourit le trentenaire. Un habitué des lieux pousse à son tour la porte et salue l'équipe. « Viens, on va discuter tous les deux dehors », l'invite Thibault. « On a un devoir de confidentialité, nos actions sont basées sur la libre adhésion et la confiance, explique-t-il. L'éducateur de rue est souvent le seul adulte référent avec qui ils peuvent échanger d'égal à égal. Sans la prévention spécialisée, il n'y aurait que la police pour aller à leur rencontre. » À midi, son collègue Tony et lui se rendent au collège Paul Éluard animer un groupe de parole. L'an passé, les éducateurs ont travaillé avec les collégiens sur le thème du bouc émissaire.
« Les ateliers permettent de repérer des jeunes en difficulté ou des conduites à risque. Ce qui nous intéresse, c'est de creuser pour comprendre d'où vient leur mal-être. » Thibault reprend sa voiture direction La Fontaine, un quartier classé prioritaire. Il salue un groupe de garçons abrité de la pluie dans une voiture. À force d'arpenter le quartier, beaucoup le reconnaissent. « Le principe est d'aller vers les jeunes, de comprendre le territoire. » Notre guide a quitté son travail d'informaticien pour un métier lui conférant le sentiment « d'être utile ». « À notre échelle, on tente de lutter contre les inégalités. On met beaucoup d'argent dans la prévention de la radicalisation aujourd'hui. Les politiques tirent vers le volet sécuritaire. Mais c'est en travaillant sur le lien social qu'on agit. »
Article paru dans Ensemble ! de décembre 2016
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