La CCAS et le CCE de la SNCF ouvrent leurs portes
Ordonné par l'État, le démantèlement du camp de la lande de Calais s'accompagne de la répartition de quelque 6 000 migrants (selon les chiffres officiels, une estimation très basse) dans quatre-vingts centres d'accueil disséminés sur le territoire. Une opération de « mise à l'abri » dans laquelle le président de la CCAS, Michaël Fieschi, s'est impliqué, pour la CGT, « au nom de la solidarité et du devoir d'accueil ». La CCAS reçoit 3 200 migrants dans ses centres de vacances, et le CCGPF – comité central d'entreprise de la SNCF –, met à leur disposition 1 100 places.
Un soutien voté à l'unanimité
La décision d'ouvrir les centres de vacances aux réfugiés a été prise début septembre à l'unanimité des représentants syndicaux du conseil d'administration de la CCAS (CGT, majoritaire, CFDT, FO et CFE-CGC). Il en a été de même entre les élus CGT (majoritaire), Unsa, Sud Rail et CFDT du CCGFP de la SNCF. « Un soutien aux migrants mais pas à la politique menée par le gouvernement », précisent ces deux organismes.
Des conventions signées avec l'État encadrent la mise à disposition des centres. Elles prévoient le défraiement, le début et la fin de l'opération… Les élus du CCGFP ont indiqué leurs « exigences quant au traitement des personnes et à la manière dont les centres seraient utilisés », explique Céline Simon, la secrétaire de cette instance. « Nous nous sommes mis d'accord sur le fait que les lieux ne doivent pas être gardés et que des associations doivent être présentes, en cohérence avec la manière dont nous concevons l'accueil des réfugiés. »
Des rôles complémentaires
L'opération s'arrêtera entre fin mars et fin mai dans les centres de vacances de la SNCF et à la fin avril dans ceux de la CCAS, ce qui permettra d'y recevoir les bénéficiaires – électriciens, gaziers, cheminots – lors des prochaines vacances. C'est donc au cours de cette période transitoire que l'État va examiner la situation des réfugiés, leur éventuel droit à l'asile, l'accueil des mineurs isolés en Angleterre, etc. « Les centres de la CCAS sont des CAO (centres d'accueil et d'orientation), mais il y a aussi des CADA (centres d'accueil de demandeurs d'asile) », précise Michaël Fieschi. La CCAS a signé une seconde convention qui contractualise les relations entre le département, l'association désignée par la préfecture et l'équipe sur place. « Les associations font leur travail (accès aux soins, aux droits, à l'éducation…) poursuit-il. Nous, avec nos élus et nos équipes, nous faisons en sorte que les électriciens et gaziers et les réfugiés puissent se rencontrer, échanger. Nous voyons aussi ce que nous pouvons apporter comme “plus” à la vie quotidienne (instruments de musique, ordinateurs…). »
Faire tomber les craintes
Peu avant l'arrivée des migrants, les centres de la CCAS de Saint-Brévin (Loire-Atlantique) et de Saint-Hilaire-du-Rosier (Isère) ont essuyé des coups de feu, et celui d'Arès (Gironde) a subi une tentative d'incendie. « Nous avons porté plainte, explique Michaël Fieschi. En fait, tant que les réfugiés sont attendus, toutes les craintes et les angoisses liées à la méconnaissance s'expriment. En revanche, pour peu que chaque acteur joue son rôle, ces frontières tombent quand les personnes arrivent. » En prêtant leurs locaux, la CCAS et le CCGFP sont dans un rôle d'hébergeur, « cependant, chaque fois que nous pouvons mélanger les populations, nous le faisons », ajoute Michaël Fieschi. Il décrit l'arrivée des premiers migrants : fatigués, dans un piètre état de santé mais heureux de s'installer dans un endroit où il fait chaud et d'être accueillis.
« Et ensuite ? », s'inquiète la CGT dans un communiqué qui salue tous ceux « qui accueillent dignement ces milliers de migrants fuyant la guerre, la misère et la pauvreté ». La Cimade alerte sur l'envoi en centres de rétention de personnes qui n'ont pas rejoint les CAO… Et qu'adviendra-t-il de celles qui n'auront pas de solution d'ici au printemps ? La CGT appelle « aux actions de solidarité et de soutien aux migrants ».
* CCAS : Caisse centrale des activités sociales des industries électrique et gazière.