20 janvier 2017 | Mise à jour le 20 janvier 2017
Dans Seules les bêtes, Colin Niel nous embarque dans une campagne désertée où une femme a été tuée. Cinq personnages livrent tour à tour leur version et leur secret qui nous mèneront jusqu’en Afrique. Un récit captivant !
Que s’est-il passé ce 19 janvier, jour de la disparition d'Évelyne Ducat, femme de notable, dans cette campagne française où ne subsistent que quelques fermes isolées tenues par des célibataires ? Colin Niel va filer l’intrigue au cours de cinq chapitres qui livrent chacun la version d’un personnage mêlé de près ou de loin au meurtre. Alice, assistante sociale qui visite les paysans, prend la première la parole. Son récit nous fait pénétrer dans la rudesse des lieux où « des hommes […] sombrent dans la dépression sous le poids du travail, des retraités […] se laissent dépérir lorsque part leur moitié et que les fils ont fui la campagne ». Alors que son couple bat de l’aile, elle devient la maîtresse de Joseph, un éleveur de brebis bourru. Est-ce lui qui a tué Évelyne Ducat et peut-être son mari qui a lui aussi disparu ?
Du causse à l’Afrique
À Joseph de prendre la parole, rongé par la solitude dans son exploitation sur le causse, quand il faut continuer à s’occuper des bêtes malgré l’abattement. Le cadavre, découvert un beau matin au pied de sa maison, il va le planquer dans sa grange au milieu des bottes de foin. Et cette présence macabre le réconforte. L’auteur qui nous a installé dans cet univers rural désolé va brouiller les pistes avec l’apparition de Maribé. Jeune fille de bonne famille, paumée, elle va quitter la ville pour s’installer dans la vallée, près de sa maîtresse, Évelyne Ducat. L’intrigue se corse encore quand elle aura maille à partir avec Michel, le mari de l’assistante sociale… Pour finir, on se retrouvera au fin fond d’un cyber-café africain, avec Armand, qui se fait passer pour Amandine pour mieux plumer les Occidentaux en mal d’amour. Ce curieux puzzle, finement composé, tient sacrément la route. Avec Seules les bêtes, Colin Niel, plusieurs fois couronné pour ses trois précédents romans, dont Obia, l’an passé, signe un excellent polar aux rebondissements étonnants, qu’on dévore de bout en bout.
Seules les bêtes, de Colin Niel.
Éditions Le Rouergue noir, 224 pages, 19 euros.