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DROITS DES FEMMES

« Remettre en cause les droits des femmes, c’est tourner le dos au progrès »

2 mars 2017 | Mise à jour le 2 mars 2017
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Le 28 février, la CGT organisait une journée confédérale sur le thème « Gagner l’égalité professionnelle ». Une délégation islandaise de l'ASI, la fédération islandaise du travail, avait fait le déplacement pour évoquer le long combat des femmes pour l'égalité. Rencontre avec Marianna Traustadottir.
Comment est né le mouvement pour les droits des femmes en Islande ?

La mobilisation a commencé en 1975, année que les Nations unies avaient décidé de consacrer aux femmes. Le 24 octobre, les Islandaises se sont mises en grève pour exiger l'égalité dans l'économie et dans la société. Nous voulions faire reconnaître l'importance du travail des femmes dans le secteur économique mais aussi le travail non payé et les tâches ménagères. Le 24 octobre 1975 a été un tournant de la mobilisation des femmes en Islande, la mobilisation sociale la plus importante de son histoire : 25 000 femmes (soit 30% des femmes du pays) se sont mobilisées. Après cette grève, nous avons été le premier pays du monde à élire une femme présidente. Depuis 1975 il y a eu plusieurs mobilisations le 24 octobre. C'est grâce à ces luttes que l'Islande est un des pays du monde dans lequel la situation des femmes est la meilleure.

Pourtant, c'est récemment qu'on a eu connaissance de situations d'inégalité et de ripostes citoyennes ?

C'est vrai. En septembre 2016, nous avons reçu plusieurs études démontrant que les écarts de salaires entre les femmes et les hommes augmentaient. Fin octobre 2016, les élections législatives avaient lieu. Nous voulions dire aux candidats de ne pas oublier l'égalité, que les femmes seront toujours vigilantes et exigeantes. Mon syndicat, l'ASI, qui syndique 50 % des salariés islandais, a invité les autres syndicats et les associations féministes pour préparer une grande journée le 24 octobre. Nous avons appelé les femmes à arrêter de travailler à 14h38. Il y a eu une manifestation à Reykjavík et dans 19 autres villes, qui ont rassemblé 30 000 personnes. En Islande ça représente 10 % de la population ! Il y a eu énormément d'arrêts de travail, les hommes se sont mobilisés avec nous. Cette journée a permis d'obtenir un ministère qui est, pour la première fois, en charge des Affaires sociales et de l'Egalité femmes/hommes, une loi sur l'égalité salariale est en préparation et 48 % de nos députés sont des députées. Mais ce qui s'est passé cette année démontre que la lutte n'est jamais finie !

Quelles sont les revendications majeures pour les femmes en Islande ?

L'égalité des salaires, plus de femmes aux postes à responsabilités. Je suis optimiste parce que deux femmes viennent d'être élues PDG dans les deux grandes banques islandaises. La finance, c'est là où est le pouvoir. La violence contre les femmes est un gros problème dans l'île. Nous voulons parler de la violence sur les lieux de travail ; ce n'est pas seulement une question domestique, c'est une question de société.

Qu’attendez-vous de la mobilisation internationale du 8 mars ?

Il faut être activiste, se mobiliser pour faire changer les choses. Pour nous, la dimension internationale est importante. Nous sommes inquiètes des reculs dans le monde : Trump et ses mesures sexistes et racistes, les remises en cause des droits et des libertés en Pologne, en Russie ou en Turquie. Nous avons si peu d'accès aux médias que nous avons besoin d'être ensemble, la solidarité est notre force. Nous serions très fières que la mobilisation en Islande puisse aider toutes les femmes du monde. Cette année, il y a un appel international qui s'appuie sur les mobilisations aux Etats-Unis, en Pologne en Amérique latine et en Islande. Les femmes s'organisent dans le monde entier et démontrent qu'une société qui remet en cause les droits et libertés des femmes tourne le dos au progrès.

 

Par Sophie Binet