Où est passée la démocratie sociale ?
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L'éducation populaire, née du programme du Conseil national de la Résistance, évoquait « le droit à la culture pour tous les enfants français », dans la lignée du Front populaire.
En période électorale, cet esprit de résistance a animé beaucoup de participants aux débats qui ont réuni, une journée entière à la bourse du travail de Paris, des acteurs de la culture et du monde du travail. Artistes et syndicalistes, animateurs de comités d'entreprise, journalistes, historiens et philosophes ont lancé les bases d'une revitalisation des relations entre ces deux mondes.
« Le syndicalisme », rappelle le secrétaire général de la CGT, évoquant la revendication des 32 heures de travail hebdomadaire, « combat aussi afin de donner du temps aux salariés pour découvrir autre chose que le travail ». « L'art, renchérit Régis Debray, donne du sens à ce que font les salariés et met de l'humain dans l'inhumain. » « Trop de salariés considèrent que la culture n'est pas pour eux », déplore pour sa part le secrétaire général de Force ouvrière. Tous les participants à cette première rencontre pointent ainsi le lien social que contribue à créer l'éducation populaire.
Les trois thématiques de la journée : « Le monde du travail dans la culture », « La culture comme travail » et « La culture en travail » donnent lieu à un constat et à des débats riches qui ouvrent d'ores et déjà des pistes pour un après, que tous les participants ont appelé de leurs vœux.
Chacun selon son domaine d'intervention rappelle la manière dont le cinéma, le théâtre, la photographie ont construit des passerelles avec le monde du travail. Le journaliste Charles Silvestre, en ouverture, soulignant combien la presse est un instrument de culture.
La responsabilité commune de faire une jonction entre culture et travail, notamment lorsque les travailleurs sont de plus en plus isolés et précarisés, voire « ubérisés », répond à une séparation grandissante entre citoyens et spectateurs.
Le rôle des comités d'entreprise, trop souvent dévoyé par un consumérisme et un individualisme qui sépare les salariés les uns des autres – ce qui réjouit le patronat –, est à la fois salué par ceux qui résistent à cette tendance, et dénoncé comme une régression pour les autres…
Dans le même temps, les comités d'entreprise seuls ne peuvent remplacer la nécessaire réflexion politique au sein des organisations syndicales, dont cette rencontre marque un renouveau attendu de longue date.
À l'heure où la campagne électorale n'évoque que très marginalement la culture, la reconquête du sens – qui est son essence – de cette dernière était bien au cœur des débats de cette journée sur laquelle nous reviendrons prochainement dans les colonnes de la NVO.
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