Loi immigration : camouflet pour le gouvernement
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« Nous nous sommes mis en grève pour obtenir 128 autorisations de travail, nous repartons avec 128 récépissés, avec autorisation de travail délivrées par la préfecture et nous levons le piquet de grève, comme nous nous y étions engagés », déclarent sobrement Philippe Jaloustre (responsable de la commission « Travailleurs migrants » de la CGT 94 et Thierry Lagaye (secrétaire général de l'Union locale CGT de Rungis.
Fatigués par 24 jours d'occupation nuit et jour du hall de la Tour Semmaris (siège administratif du MIN), mais satisfaits de l'issue de la lutte engagée le 16 mars dernier, les syndicalistes ont la victoire modeste. Et pour cause : alors que les pourparlers avec la préfecture et le ministère de l'Intérieur étaient bien engagés dès le premier jour de la mise en grève des 128 travailleurs sans-papiers, plusieurs employeurs récalcitrants – notamment l'entreprise de transport Derichebourg qui rechignait à délivrer les CERFA pour 47 de ses employés – ont bien failli compromettre le processus de négociation entre la CGT et les services de l'État (Préfecture, Direccte, ministère de l'Intérieur et du Travail…). A contrario, la plupart des diverses entreprises employant ces travailleurs ont, elles, joué le jeu se rendant spontanément sur le piquet de grève pour y déposer les formulaires CERFA, préalable nécessaire à la délivrance des fameux récépissés préfectoraux réclamés par la CGT.
Certes, la solidarité, immense, qui s'est exprimée y compris matériellement autour de ce conflit de travail aurait permis aux grévistes de jouer les prolongations jusqu'à faire plier les employeurs récalcitrants. Mais là n'était pas l'objectif principal de cette lutte. « Ce que nous revendiquions, c'était d'accorder leurs droits de salariés à ces travailleurs qui en étaient privés depuis des années, tout simplement », souligne Philippe Jaloustre, dont acte, du moins, du côté des services de l'État et de la direction du MIN qui, d'emblée, ont engagé un véritable dialogue social avec la CGT.
Au terme de diverses réunions quadripartites (État, employeurs, CGT, direction du MIN), dans l'attente des documents employeur manquants et sous la pression de la CGT et des grévistes, la préfecture du Val de Marne indiquait, lundi dernier, attendre des instructions claires de la part du Ministère de l'Intérieur afin de pouvoir délivrer les fameux récépissés autorisant le travail pour les 128 et mettre ainsi un terme à l'occupation de la tour Semmaris. Le soir même, la CGT obtenait audience auprès du même ministère, lequel, dès la réunion du lendemain, s'engageait à donner instruction à la préfecture du Val de Marne. Vendredi 7 avril, la préfecture, en lien avec la direction du Min et, pour la première fois, avec le secrétaire général du MIN, s'engageait à délivrer les 128 récépissés, avec autorisation de travail. Ils seront remis à la CGT vendredi 14 avril, le temps de vérifier le contenu des 128 dossiers déposés. La CGT, elle, reste confiante : « Tous les dossiers déposés sont bordés », assure Philippe Jaloustre.
Ainsi qu'elle s'y était engagée dès le départ de la grève, « Récépissés contre levée du piquet de grève », la CGT a annoncé et mis en œuvre la levée de l'occupation du hall de la tour Semmaris. Après un barbecue festif de fin de lutte, dimanche 9 avril, le piquet de grève a effectivement été levé et les grévistes en manifestation depuis Rungis ont regagné leur foyer à Thiais. Penchés aux fenêtres, les quelque 600 résidents de ce foyer attendaient le retour des grévistes. Impatients d'exprimer leur gratitude, ils les ont accueillis au son de ce simple mot d'ordre : « CGT, CGT, CGT ! »
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