30 mai 2017 | Mise à jour le 1 juin 2017
Jeudi 18 mai, un rassemblement intersyndical devant la Direccte de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pointait la suppression prévue de postes d'inspecteurs du travail, service notoirement en sous-effectif. Un signal de plus des restrictions des droits des salariés et des atteintes aux services publics.
En dix ans, le ministère du Travail a perdu 20 % de son effectif. Il ne compte plus aujourd'hui qu'un peu plus de 8 000 agents. Jeudi 18 mai, un rassemblement intersyndical devant la Direccte de Bobigny (Seine-Saint-Denis), qui s'est poursuivi par l'occupation des locaux départementaux jusqu'en soirée, pointait la suppression prévue de postes d'inspecteurs du travail, déjà notoirement en sous-effectif. Un signal de plus des restrictions des droits des salariés et des atteintes aux services publics.
L'inspection du travail, qui a déjà perdu 10 % de l'effectif de terrain au moment de la réforme de 2015, se voit annoncer par une directive la suppression de 50 sections d'inspection du travail, soit 10 % des sections de la région, 9 % en Seine-Saint-Denis, 16 % à Paris, 15 % dans le Val-de-Marne et ainsi de suite sur tout le territoire.
Pénurie organisée
Actuellement un agent de contrôle a en charge quelque 10 000 salariés. Déjà très difficilement joignables, les inspecteurs du travail n'interviennent ni aussi souvent ni aussi rapidement qu'il y en aurait besoin. Une pénurie organisée.
Cette année, 28 inspecteurs du travail seront recrutés au concours pour toute la France. Le concours de contrôleur du travail est fermé, et ce corps est donc en voie d'extinction. Rien qu'en Île-de-France, une cinquantaine de postes sont vacants (qu'il est question de supprimer purement et simplement !). En Seine-Saint-Denis, sept postes sont vacants. Surchargés, les inspecteurs du travail « sont obligés de se démultiplier, la direction leur demande de faire ce qu'elle appelle des “intérims”, soit occuper un ou deux postes en plus du leur ! », expliquaient-ils lors du rassemblement du 18 mai.
Un complément au détricotage du droit du travail
Une politique de casse cohérente (lois Rebsamen, Macron, El Khomri) vise toutes les institutions de défense et de protection des salariés et complète le détricotage du code du Travail, en ligne de mire des ordonnances promises par le président Macron. Conseils de prud'hommes, inspection du travail, médecine du travail sont, peu à peu, privés des moyens d'exercer leurs missions ou menacés de disparition. Dans les entreprises, les IRP voient également reculer leurs prérogatives et la discrimination s'abat sur les représentants syndicaux. Dans les unions locales et départementales, les moyens syndicaux, malgré l'abnégation des militants, ne peuvent suppléer aux services non rendus.
Cette nouvelle attaque d'un service public crucial pour les salariés appelle à la mobilisation, d'autant que la nouvelle ministre de tutelle a opposé une fin de non-recevoir à l'action des inspecteurs du travail. Nous y reviendrons dans notre enquête de la Nouvelle Vie ouvrière de juin 2017.