24 heures avec Camille Naget, collaboratrice parlementaire
Ces assistants multitâches, aussi disponibles qu’indispensables, œuvrent dans l’ombre des parlementaires. Des petites mains en mal de reconnaissance. Lire la suite
Cette série de portraits était très bien, elle a permis de parler de nos métiers. On dit « les intermittents du spectacle » de façon indistincte, comme si c'était notre raison d'être, alors que c'est l'exercice d'une profession avec un régime d'assurance chômage, mais il faut d'abord commencer par exercer la profession. On précise toujours, dans nos publications et nos expressions : artistes et techniciens intermittents du spectacle. Certains artistes et techniciens ne sont pas intermittents mais permanents, dans les opéras, à la télévision ou dans les orchestres. Il est donc juste et utile de parler de nos métiers, surtout pour les salariés précaires, qui ont des contrats à durée déterminée ; il faut pouvoir parler des conditions d'exercice de ces métiers.
La première des choses est : « Comment négocier ton contrat ? » D'où l'importance des batailles sur les conventions collectives, fragilisées, comme pour tout le monde, par les lois Macron ou El Khomri qui remettent en cause la hiérarchie des normes. C'est un sujet particulièrement important pour des gens qui négocient leurs contrats vingt fois dans l'année ! Si tu négocies à chaque fois au-dessous de la convention collective, c'est complètement absurde.
Après les batailles assez féroces pour l'extension de la convention collective des métiers du cinéma, on a vu, pour les techniciens en particulier, des gens venir nous dire : « Enfin on a une base, on n'est plus obligés de marchander notre salaire de gré à gré. » Il y a un barème, peut-être imparfait, mais, au moins, c'est ce qui est appliqué. Cette série d'articles, qui donne des points de vue différents, parfois même de gens avec lesquels on a été en opposition sur certains dossiers, est aussi une façon de dire qu'à la fédération CGT du Spectacle, on est disposé à discuter avec tout le monde. Par ailleurs, nos métiers sont souvent faits de contrats extrêmement courts, ce qui pose la question des heures supplémentaires et des conditions dans lesquelles on les exerce. Ce sont des métiers que l'on choisit par passion, mais cela n'autorise nullement à dire : puisque vous le faites par passion, vous n'avez pas à être traités correctement. Nous, on veut toujours le beurre et l'argent du beurre (rires).
C'est en effet très volatil. D'une année sur l'autre, on n'est jamais sûr d'avoir une carrière qui se poursuit. Des gens qui ont eu des parcours professionnels incroyables, par exemple en travaillant avec de grands réalisateurs, se retrouvent après la cinquantaine dans des conditions extrêmement difficiles. C'est un véritable gâchis de compétences.
Et c'est particulièrement dur pour les femmes, ce que nous mettons en avant, car nous avons depuis peu des études statistiques qui le démontrent. Comme dans toute la CGT, on a tardé à prendre la mesure de ces inégalités. Dans nos métiers, c'est flagrant : on a deux tiers d'hommes et un tiers de femmes, et elles sortent deux fois plus vite de nos professions. Les durées de présence au régime d'assurance chômage – qui est un indicateur – sont plus courtes pour elles. On se bat pour le régime d'assurance chômage particulier, parce que c'est plus juste que s'il n'existait pas, même s'il n'est pas parfait et s'il reste encore sexiste. Malgré les avancées, gagnées de haute lutte, par exemple une meilleure prise en compte des congés maternité dans le calcul de l'allocation depuis avril ou un meilleur accès aux indemnités journalières de la Sécu, une grossesse, c'est une interruption de carrière qui peut être rédhibitoire.
Claire travaille sur des productions assez longues avec des contrats de téléfilms qui durent quelques semaines. Or, en région parisienne notamment où tu as des journées souvent très longues ou un tournage loin de chez toi, se pose la question d'une vie de famille.
C'est un point sur lequel on travaille : il est question de mettre en place une aide à la garde d'enfant, prévue par le ministère de la Culture, mais on attendait le décret d'application. On espère qu'il va sortir ces jours-ci, mais on est un peu sceptique sur son application. Les spectacles ont lieu le soir pour que le public puisse y assister, mais comment rend-on cela vivable pour les intermittents, quels que soient leur âge et leur genre ?
La fédération fournit beaucoup d'informations sur son site et réfléchit à une base de données sur les droits. Il est important d'informer les futurs salariés, donc on multiplie les interventions dans les écoles. On renforce également notre présence sur les festivals comme le 24 mai dernier à Cannes, mais aussi à La Rochelle, Aurillac, Charleville-Mézières ou Avignon, où la CGT met en place cette année une école du spectateur (lire l'encadré « Sur le pont en Avignon », NDLR).
À peu de chose près, tous les droits acquis sont intégrés dans la nouvelle convention. Tout va dépendre de la lettre de cadrage financier qui n'a pas été respectée. L'accord de mars 2017 stipule que « l'État devra compenser les économies non faites ». Je suis plus inquiet sur le régime général que sur celui des intermittents, même si nous ne sommes pas un village d'Indiens à part. Il n'y a pas de menace ciblée contre les intermittents, et nous avons un rapport de force favorable pour défendre nos droits. Tout ce qu'on a obtenu est le résultat d'un rapport de force qu'on a construit, y compris dans l'unité qu'on a été chercher avec les coordinations formées de non-syndiqués pour avoir l'audience la plus large. Ce qui passe aussi par la nécessité d'avoir plus d'adhérents, plus de gens impliqués, ainsi qu'une présence dans davantage d'endroits. Dans nos métiers, on a plutôt fait de bons résultats lors des élections des très petites entreprises (TPE) – dans notre secteur, 95 % des entreprises sont des TPE –, mais ils étaient quand même insuffisants, notamment en termes de participation. Et seuls les intermittents ayant travaillé en décembre 2016 pouvaient voter, ce qui a exclu plein de monde.
On ne sait pas bien ce que veut faire le nouveau gouvernement : mettre en place une négociation tripartite, État-patronat-syndicats ? Faire disparaître l'Unédic ? Quand le nouveau président dit vouloir ouvrir des droits au chômage pour les indépendants ou les entrepreneurs, par exemple, comment finance-t-on une telle mesure ? En baissant les droits de tous pour intégrer de nouveaux bénéficiaires ? Même chose pour les « offres raisonnables d'emploi » que les chômeurs devront accepter. Qu'est-ce qu'on entend par là, quand on sait que la moitié des offres sur le site de Pôle emploi ne sont pas valables ?
Nous sommes à l'initiative de la soirée du 2 mai, « La culture contre le Front national », qui a eu lieu à la Cité de la musique, appuyée par une soixantaine d'organisations et d'associations professionnelles. Parce que la xénophobie, la préférence nationale et la culture sont antinomiques. La culture, ça sert à voyager, à découvrir l'autre, à encourager la diversité. L'exception culturelle, ce n'est pas le repli sur soi ou la culture franco-française, bien au contraire ! La rencontre « Culture et travail, un dialogue nécessaire », organisée à la bourse du travail de Paris le 29 mars (voir la NVO de mai 2017 NDLR) s'inscrit aussi dans cette bataille contre le FN.
Contacts : Chantal Marchal au 01 55 82 81 48 ou coll-activite-ce@cgt.fr
C'est avant tout une incitation à la consommation et non une mesure d'ouverture sur la culture, susceptible de faire venir les gens dans les salles de spectacle ; un retour sur investissement pour les grands groupes, qui risque de renforcer la concentration à l'œuvre dans le spectacle vivant, quand Bolloré ou Havas gèrent tout à la fois la production, la diffusion et la billetterie. Même chose pour le fonds d'investissement dédié aux industries culturelles de 200 millions d'euros. De quels investissements parle-t-on ? S'agit-il de créer des champions industriels au niveau européen ou d'aider les documentaires qui sont dans la panade, par exemple ? Nous sommes bien loin de l'éducation populaire que la CGT défend.
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À la filature Fonty, dans la Creuse, où se tissent des pelotes de laine haut de gamme, l’opératrice travaille sur différentes étapes de fabrication, en une mécanique bien... Lire la suite