Les contrats aidés à la hussarde !
Début août, Muriel Pénicaud, ministre du Travail a dit, sans filtre, sa volonté de geler le nombre de contrats aidés, et ce dès la rentrée 2017. Raison ? « Trop coûteux » et « inefficaces dans la lutte contre le chômage » selon elle. Et le ministre de l’Intérieur – au nom de qui, de quoi ? – d’en rajouter une couche au prétexte qu’il « vaut mieux une économie dynamique que des contrats aidés ». Sur le coup, on ne peut qu’être d’accord avec Gérard Collomb. Mais une fois qu’on a dit ça, on fait quoi ? Ou plutôt, il fait quoi le gouvernement auquel appartient Gérard Collomb pour sauver l’industrie française, redresser l’économie, relancer la consommation des ménages ? En l'absence de lutte réelle contre le chômage, d'investissement dans le tissu industriel, dans le redéploiement des services publics… sa tirade a tout du vœu pieu ou d'une lapalissade.
Et pourtant, disons-le tout net : à la CGT, les contrats aidés n’ont jamais été notre tasse de thé. Véritable effet d’aubaine pour les employeurs, CDD dérogatoires au droit des CDD – eux-mêmes dérogatoires au CDI –, les contrats aidés sont une forme de dumping social intra-entreprise. Ils sont le pied du VRP libéral dans la porte des droits des salariés. Ils auront été, avec tant d’autres mesures, les prémices annonciateurs du cataclysme qui s’annonce sur notre Code du travail. Derrière l’objectif de lutte contre le chômage de personnes considérées comme « trop éloignées de l'emploi », on a pu voir des salariés faire côte à côte un même travail mais avec une paie et un statut totalement différents. Et ce, avec la bénédiction de l’État qui reversait à l'employeur une partie du salaire de ces salariés précaires. Pour une fois, les employeurs jouèrent bien le jeu de ce dispositif « jackpot ». Tellement que les contrats aidés concernent désormais quelque 280 000 personnes. Qu’arrivera-t-il, à la rentrée de septembre, à celle et ceux qui travaillent dans les écoles, les administrations, les collectivités, les associations ou les PME… et qui vont perdre leur travail ? Car le paradoxe des contrats aidés c’est que, s’ils sont mal payés et mal considérés, ils n’ont rien d’occupationnel. Leurs fonctions, leurs effectifs, sont devenus indispensables au bon fonctionnement des structures publiques ou privées qui les emploient. Ils ont aussi une finalité sociale non négligeable.
Mettre fin à une politique agressive et brouillonne par la mobilisation
D’ailleurs, dans la torpeur estivale, les élus municipaux ont été les premiers à s'inquiéter des « impacts négatifs » pour les communes du non-renouvellement des contrats aidés, notamment à l’approche de la rentrée scolaire. Dans un courrier adressé à la ministre du Travail, André Laignel, vice-président de l’Association des maires de France, rappelle que ces « dispositifs anciens (sont) utilisés très fréquemment par les collectivités locales et dotés d’un rôle d’amortisseur social non négligeable dans les territoires », en métropole et en outremer. Ce sont de vrais emplois, dont le pays a vraiment besoin. Et parce que la France n’a pas vocation à devenir la terre d’élection des « startupeurs », qu’elle a aussi besoin de cohésion sociale, ces postes-là, tous, sont à préserver et à pérenniser. Les gens qui les occupent sont à considérer et à rémunérer à la hauteur de leur rôle social. Ils doivent avoir un statut de droit commun, un CDI.
Mais comme le note la CGT dans un communiqué, cela nécessiterait « de mettre fin aux politiques d'austérité et de réorienter les aides diverses et les exonérations fiscales et de cotisations dont bénéficient les grands groupes en faveur notamment des services publics et de la protection sociale ». Bref, de faire une politique sociale en faveur des classes moyennes et populaires, socle de la cohésion sociale d’un pays. Faire barrage à la politique gouvernementale est l’enjeu du rendez-vous du 12 septembre dans la rue.