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SNCF

À la SNCF, signal d’alarme avant manifestation

15 janvier 2018 | Mise à jour le 16 janvier 2018
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La SNCF a détruit 30 000 emplois en dix ans et les réformes envisagées pour la résorption de la dette et un nouveau modèle économique risquent d'amplifier cette dégradation de l'emploi, du statut et du service public ferroviaire. La fédération CGT des cheminots appelle à une manifestation nationale à Paris le 8 février.

C'est au cours de ces prochains jours que Jean-Cyril Spinetta, ancien patron d'Air France, doit rendre le rapport que lui a commandé le gouvernement pour définir « l'avenir du modèle ferroviaire français ». Cédric Robert, dirigeant de la CGT Cheminots, n'en attend rien de bon : « Il y a une véritable politique anti-ferroviaire, et on peut se demander si on veut encore d'un service public du train dans ce pays ! Jean-Cyril Spinetta va présenter un projet de nouvelles réformes. Celles-ci vont s'inscrire dans la continuité de celles de 2014 et poser la question de la dette ferroviaire. Ses préconisations viseront à étendre l'ouverture de la concurrence au trafic voyageurs et seront inscrites dans le projet de loi mobilité dont l'examen est prévu en mars ou avril. Et pour ce qui concerne la dette, ils vont tenter de la reporter sur les cheminots en abaissant leurs droits, ce qui est irrecevable. »

Le syndicaliste estime en effet que l'État ayant contracté la dette pour la SNCF, notamment pour le développement des lignes à grande vitesse, il lui revient de la payer. Il ne saurait donc être question d'en faire peser le poids sur les usagers ou les cheminots en s'attaquant aujourd'hui à l'emploi – donc aussi à la qualité du service rendu –, au statut et aux retraites…

Un contexte détonnant à la SNCF

La trêve des confiseurs a été marquée par de nombreux incidents de fonctionnement dans les gares et sur les lignes. Cela a mis en lumière, notamment, les conséquences d'un manque crucial de moyens attribués à notre service public. Mais la stigmatisation médiatique de la SNCF, sans souligner cet enjeu ni les causes profondes des pannes à répétition, n'est peut-être pas si anodine au moment où le gouvernement a prévu de lui administrer un remède de cheval.

Des chiffres passent ainsi souvent en dessous des radars de l'information du grand public.  Le premier concerne les résultats financiers de la SNCF. L’établissement SNCF Mobilités enregistre pour 2016 quelque 2,6 milliards de marge opérationnelle contre 2,28 milliards l'année précédente. Un très beau résultat. Le second chiffre concerne, à l'inverse, l'emploi : 2065 suppressions de postes en 2017 (520 de plus que prévu au budget). Chiffre à mettre en relation avec les résultats financiers… et la dégradation du service au quotidien. En tout, ce sont 30 000 emplois qui ont été supprimés à la SNCF depuis dix ans. Au lieu d'embaucher, comme le revendique la CGT, on ne cesse d'accroître la sous-traitance, et il est encore prévu 2000 nouvelles suppressions d'emplois en 2018…

Une manifestation le 8 février pour le ferroviaire, le service public et l'industrie

« Le gouvernement et le ministère des Transports pratiquent le dogme de l'ouverture à la concurrence qui n'a pourtant aucune justification. Cette attitude de la France est à rebrousse-poil des besoins et de la situation », explique encore Cédric Robert. « L'exemple de la Grande-Bretagne est édifiant. Après la libéralisation, les séries d'accidents liés au défaut d'entretien et au matériel obsolète, l'État a été obligé de réinvestir pour le réseau… Les prix des billets de train ont augmenté entre 25 % et 27 %. Et la renationalisation revient à l'ordre du jour… »

La fédération CGT entend donc mobiliser les cheminots et, au-delà, alerter la population. « Le service public ferroviaire est un élément constitutif de l'aménagement du territoire qui permet de désenclaver et transporter au quotidien. Par exemple, quid du climat, lorsqu'on substitue les cars aux trains ?»

Ces questions n'intéressent pas que les seuls cheminots. Au sein de la CGT des contacts ont été pris avec des fédérations des services publics et la RATP, par exemple. L'industrie est aussi concernée. Aussi, le 8, des délégations d'entreprises de la métallurgie et particulièrement de la filière ferroviaire, comme Alstom sont-elles attendues à la manifestation. Parce qu'emploi, services publics, transports, industrie sont au cœur de l'appel que lance la CGT cheminots pour la manifestation nationale qui partira le 8 février 2018 à 13 heures de la place de la République à Paris.