Les cheminots en grève ce 1er juillet 2021
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Quelques jours après la publication du rapport Spinetta, le premier ministre Édouard Philippe a présenté lundi 26 février les grandes lignes de sa réforme de la SNCF. Voulant la faire adopter avant l'été, il a annoncé qu'il aurait recours aux ordonnances à l'instar de la méthode employée pour bouleverser le droit du travail.
« Les Français, qu’ils prennent ou non le train, payent de plus en plus cher pour un service public qui marche de moins en moins bien » : le constat du locataire de Matignon est clair et usagers comme cheminots peuvent aisément le partager. En revanche, il sera difficile aux uns comme aux autres d'approuver les conclusions qu'en tire le chef de l'Etat au nom d'une « situation alarmante ».
Car Édouard Philippe commence par ne rien proposer sur l'essentiel : le remboursement de la dette de SNCF Réseau (46,6 milliards d’euros à la fin 2017), dédouanant l'État de ses responsabilités d'aménageur du territoire. Il demande ainsi à la SNCF de présenter un plan d'« efforts » qu'elle entreprendrait à ce sujet et indique sans plus de précisions que l'État pourrait compléter d'ici la fin du quinquennat. Mais il trouve en revanche naturel que les infrastructures profitent au privé, dans le cadre de l'ouverture à la concurrence.
Cyril Spinetta, recommandait la fermeture de quelque 9 000 km de lignes SNCF et de nombre de petites gares, au nom de la rationalité économique. En clair, cela signifiait la fin de la péréquation financière entre les lignes ultra-bénéficiaires et les autres, un principe pourtant au fondement du service public et de l'égal accès des citoyens au transport sur l'ensemble du territoire. Reniant totalement les engagements du Grenelle de l'environnement ainsi que les impératifs de sécurité, l'ancien PDG d'Air France envisageait le renforcement du bus voire l'appel aux taxis.
Face à la colère des élus locaux et des usagers, en particulier de territoires ruraux, le premier ministre a annoncé ne pas suivre entièrement le rapport sur ce point. « Ce n’est pas une réforme des petites lignes », a-t-il annoncé.
Enjeu de cette annonce : tenter de couper court aux convergences qui se dessinent entre les usagers et les cheminots pour la défense commune du service public des chemins de fer. Pourtant, c'est bien Emmanuel Macron qui a inventé les autocars des pauvres là où se ferment « petites lignes » et « petites gares »…
Dans la même veine, Édouard Philippe confirme vouloir mettre fin au statut des cheminots. Le prétexte ? Les petits agriculteurs ont du mal à boucler leurs fins de mois, les salariés de l'hôtellerie et de la restauration ou bien du tourisme travaillent les samedi, dimanche et jours fériés, alors pourquoi les cheminots amenés eux aussi à bosser de nuit ou en week-end maintiendraient-ils les contreparties à de tels horaires, que les luttes leur ont permis d'acquérir ? Mieux vaut aligner tout le monde vers le bas.
« À l’avenir, à une date qui sera soumise à la concertation, il n’y aura plus de recrutement au statut » de cheminot, a ainsi annoncé Édouard Philippe. Entend-il répondre aux nouvelles générations arrivant à ce qu'il restera de la SNCF que ce sera toujours moins mauvais que l'ubérisation complète ?
Le premier ministre martèle l'idée d'une concertation. Il ne la veut cependant que sur la méthode, c'est-à-dire les modalités d'application de ce qu'il a déjà décidé, et non sur le fond.
C'est faire preuve d'un grand mépris des usagers, des salariés, de leurs organisations syndicales et de leurs propositions. La CGT est ainsi porteuse de propositions tant industrielles qu'économiques, sociales et écologiques, par exemple pour le développement du fret ferroviaire.
Mais il méprise de la même façon la représentation nationale en affirmant que selon la nature des débats à l'Assemblé il aurait recours de façon plus directe aux ordonnances.
Les syndicats CGT, Unsa, Sud-Rail et CFDT ont menacé le gouvernement d’un « conflit majeur » et appellent d'ores et déjà à une manifestation le 22 mars, journée nationale de mobilisation de l'ensemble des services publics. La CFDT propose quant à elle une journée de grève le 12 mars. Les organisations syndicales ont convenu de se retrouver mardi 27 février et, face à de telles attaques contre le service public du rail et contre les cheminots, l'organisation d'initiatives unitaires sera probablement à l'ordre du jour.
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