21 juin 2018 | Mise à jour le 17 juillet 2018
Yvan le Bolloc'h et son fils Livio ont tourné un documentaire sur la grève des cheminots. En immersion dans les locaux de la CGT, parmi les camarades rassemblés en AG, l'acteur/chanteur/réalisateur a suivi avec les moyens du bord 2 acteurs de la lutte, Camille, une guichetière déléguée syndicale et Philippe, le secrétaire général.
D'où l'envie de faire ce film vous est-elle venue ?
Le déclencheur a été assez simple. Un soir, je ramenais ma mère de l'hôpital en voiture et une émission passait à la radio, traitant du conflit autour de la SNCF. Plus l'émission avançait, plus elle donnait l'impression que les cheminots étaient de viles crapules, qu'ils avaient volé des duvets aux SDF, ou poussé une vieille dame dans le caniveau. On les accusait des pires vilénies : « feignasses », « privilégiés », « archaïques » « arc-boutés sur les acquis. » Nous ne pouvions pas laisser dire ça. Effectivement, ils ont du boulot, un statut, des billets gratuits pour leur famille, mais est-ce que ça pouvait justifier l'opprobre qui leur était jeté ? Évidemment, non. Il fallait que je réagisse, alors avec Maxime Carsel [le réalisateur du documentaire, NDLR] et mon fils Livio, nous avons pris notre caméra pour filmer cette histoire. C'est un peu comme un match de foot : tant que la grève n'a pas été jusqu'à son terme, tant que les hommes et les femmes se lèvent tous les matins pour défendre leur outil de travail, on ne sait pas comment l'histoire va se terminer.
Et on attend le coup de sifflet final ?
Voilà, c'est ça, surtout que maintenant on est au cœur du combat. J'emploie des termes un peu guerriers, parce que de jour en jour, ils doivent convaincre l'opinion publique, convaincre leurs collègues d'entrer dans la grève, de se priver, d'être loin de leur famille, de perdre de la thune. C'est un peu le pot de terre contre le pot de fer. On sent bien qu'elle est difficile cette grève.