12 novembre 2018 | Mise à jour le 12 novembre 2018
Solidaires d’une salariée abusivement licenciée, les salariés du Monoprix d’Asnières-Gennevilliers ainsi que des militants de plusieurs autres entreprises ont manifesté le 9 novembre. Ils exigent sa réintégration et dénoncent une discrimination anti-syndicale envers la CGT.
« Quand je vous vois, vous qui êtes venus me soutenir, j’ai encore plus envie de me battre et je vous le promets, j’irai jusqu’au bout, je vais hanter cette direction inhumaine aussi longtemps qu’il le faudra ». Devant les militants venus la soutenir, Aissata Keita est comme revigorée. Ils sont venus ce vendredi 9 novembre de plusieurs entreprises et secteurs de la localité à l'appel de l’union locale CGT de Gennevilliers, de la CGT 92 et la fédération CGT du commerce et des services devant les portes du Monoprix d’Asnières-Gennevilliers.
« Je veux dire à Monoprix que je me battrai jusqu’à ma dernière énergie contre l’injustice de mon licenciement et que jamais je ne baisserai les bras » , leur promet Aissata Keita saluée par un tonnerre d’applaudissements, des encouragements bruyants, slogans syndicaux entonnés sur l’air de « On lâche rien » . Cette manifestation fait suite à une première mobilisation le 20 septembre au cours de laquelle 15 caissières et caissiers avaient débrayé plusieurs heures pour exprimer leur solidarité avec leur collègue, mais aussi leur ras-le-bol vis à vis des pratiques managériales du groupe Casino, détenteur de l’enseigne Monoprix. Pratiques qui avait conduit à une mise en scène violente du licenciement devant tous les salariés du magasin. « A 8 heures, alors qu’elle ouvre sa caisse et que tous ses collègues ont été conviés par la direction, elle se voit signifier par huissier qu’elle ne fait plus partie de l’établissement » , relate Alain-Sylvère Tsamas. Un véritable traumatisme pour les salariés, mais qui a aussi suscité une réaction que n’attendait pas la direction : dix salariés se sont syndiqués à la CGT.
Licenciée brutalement après 29 ans de « bons et loyaux services »
Après 29 ans de « bons et loyaux services » au sein de ce magasin, Aissata Keita, âgée de 59 ans, est soudainement licenciée. Parmi les motifs officiels : des minutes de retard à l'embauche. « J’habite Peyrefitte (93) le trajet vers Asnières (92) n’est pas toujours sans embuches, il m’est arrivé d’avoir des minutes de retard mais en contrepartie, j’ai toujours accepté de tirer jusqu’à 1/4 d’heure de plus l’après-midi, mais ça n’a jamais été pris en compte », se défend la salariée.
La direction charge la salariée pour assurer son licenciement
Licencier pour quelques minutes de retard, même la plus stupide des directions d’entreprise sait que ce motif risque de ne pas suffire devant les tribunaux. Il fallait donc charger la barque pour border un licenciement sans cause réelle et sérieuse.
Ainsi, au dossier « minutes de retard », s’est ajouté un autre contentieux susceptible de justifier légalement le licenciement : une altercation avec un client de Monoprix. Là encore, la salariée ne nie pas les faits. Mais ils sont bien particuliers. « Elle a bien riposté à un client, mais parce qu' au moment du passage en caisse, il l’a traitée de « sale noire » » , explique Alain-Sylvère Tsamas (CGT Commerce et Services, Monoprix Gambetta, Issy-Les-Moulineaux).
La direction prend la défense du « client roi » contre la salariée insultée
Pour répondre aux invectives du client, la caissière a fait appel à la directrice du magasin. Rien n’y a fait, le différend a été réglé par cette sentence lapidaire: « Le client est roi ». La salariée qui cumule 19 années de mandats syndicaux CGT (mandats qui ont tous pris fin à la suite d’un accident grave du travail survenu en 2016, l'empêchant de se présenter aux élections professionnelles) a engagé avec la CGT un recours pour licenciement injustifié et pour discrimination antisyndicale. En attendant un jugement, la bataille solidaire pour sa réintégration est lancée. Au vu du succès des deux rassemblements de soutien organisés jusqu’ici, la mobilisation promet de s’amplifier, peut-être même jusqu’à gêner l’enseigne Monoprix, son image de marque, sa réputation.