Les Bibs de France et de Navarre devant le siège de Michelin
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Un coup de tonnerre : c'est ainsi qu'est apparue la nouvelle de l'arrestation de Carlos Ghosn, PDG de Renault, Nissan, Mitsubishi et Avtovaz à Tokyo, ce 19 novembre 2018. Avec un salaire annuel de 13 millions d'euros, ce premier de cordée de l'automobile mondiale est soupçonné d'avoir dissimulé au fisc japonais près de 39 millions d'euros de revenus. Une somme, pour les derniers de cordée des usines d’automobiles, et plus encore pour la masse d'intérimaires précarisés.
Car depuis 2004 et l'arrivée de Carlos Ghosn aux manettes de la firme au losange, la production française des véhicules particuliers Renault a chuté de 34%. Des externalisations et délocalisations tant de la production que de l'ingénierie française ont été opérées vers les pays low cost.
Pourtant, l'entreprise a bénéficié de multiples aides comme le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l'emploi). La CGT dénonce le fait que l'argent public des contribuables ait été utilisé pour financer ces transferts d'emplois. En France, 23 500 emplois ont été supprimés chez Renault en une dizaine d'années. Du côté du management et des conditions de travail, rien non plus de très reluisant. On se souvient des séries de suicides, dans les usines, mais aussi parmi les ingénieurs du technocentre de Guyancourt. Des événements qui illustrent le bilan social et humain catastrophique du PDG de choc.
Aujourd'hui, après l'annonce de l'arrestation de Carlos Ghosn et la confirmation de l'amoralité patronale, ce qui inquiète les salariés, ce sont les conséquences potentielles de l'événement. Pour Fabien Gâche, délégué syndical central de la CGT Renault, « le problème, lorsque des PDG fraudent ou opèrent des choix catastrophiques, c'est qu'en général ce sont les salariés qui paient l'addition ».
En jeu notamment : l'avenir de l'alliance Renault-Nissan. Les plateformes communes entre les firmes les rendent aujourd'hui interdépendantes. Pour autant, à Flins, les personnels expriment leur crainte d'un retrait ou d'une baisse de production de certains modèles Nissan.
Mais en fait, explique Fabien Gâche « ce qui nous intéresse, c'est le contenu de la stratégie de l'entreprise et la place de Renault, en particulier en France » : il conviendrait ainsi de « rediscuter la nature de l'alliance entre les firmes pour éviter des pertes de production ou des externalisations ».
« L'urgence, c'est de réfléchir cette fois à une réelle stratégie industrielle. Aujourd'hui, les seuls choix opérés sont liés au taux de profit. À l'inverse, il faut une vision à plus long terme, pour un réinvestissement dans l'ingénierie et dans l'outil industriel en France», souligne Fabien Gâche. Il faut aussi « que les conditions sociales – salaires, emploi, conditions de travail – deviennent prioritaires », ajoute-t-il. Dans un contexte de fort mécontentement sur le pouvoir d'achat, la question est loin d'être anodine.
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