Au musée d'histoire vivante de Montreuil, la mémoire ouvrière à l’honneur
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Architecte zen, architecte du silence, Tadao Ando, né à Osaka en 1941, y a créé son agence dans les années 1970. D'un milieu modeste, n'ayant pu entrer à l'université ni fréquenter d'école d'architecture, il s'est bâti une culture artistique et technique qui lui a permis de devenir une star de l'architecture mondiale. Il le doit uniquement à l'étude acharnée et à l'observation, lors de plusieurs années de voyages, des architectures de l'Antique aux bâtiments contemporains.
Au Japon et partout dans le monde, Tadao Ando a construit de modestes maisons comme des bâtiments prestigieux. Il y marie son matériau de prédilection, le béton banché brut (béton armé coulé entre deux supports verticaux appelés banches) avec le verre et l'acier.
Mais l'élément le plus important de l'architecture de Tadao Ando demeure la lumière « ornement primordial » — sans oublier l'eau — animant les formes géométriques simples (carré, cercle, triangle) de ses constructions à la fois dépouillées et audacieuses.
En s'ouvrant sur les photographies noir et blanc que l'artiste lui-même a réalisées de certains détails de ses architectures, l'exposition souligne de belle manière ce paramètre essentiel.
De ses années de formation, notamment à la découverte de l'architecture en Europe, le créateur garde un grand respect pour les constructions de Le Corbusier, dont il a digéré l'influence en la mêlant à sa propre culture. Très préoccupé par les reconstructions assez anarchiques de son archipel dévasté par la Seconde Guerre mondiale, les séismes et leurs conséquences (énormes incendies, tsunamis), il réintroduit une valeur du Japon traditionnel : le rapport d'un bâtiment au corps humain et à la nature. Sans oublie les obligatoires paramètres antisismiques…
Son architecture semble souvent protectrice (repoussant l'anarchie de l'urbanisme moderne), se tournant vers plus d'intériorité tout en s'intégrant au paysage, voire en le recréant. Elle est aussi d'une grande poésie, pure en apparence et complexe dans sa conception. On pense aux haïkus, formes poétiques d'une apparente simplicité, mais demandant un art consommé de l'économie de moyens…
Au-delà de cette technicité, c'est la beauté des constructions de Tadao Ando qui frappe, en ce qu'elle est véritablement génératrice d'émotion. Qu'il s'agisse d'une modeste maison toute en longueur, coincée entre deux bâtiments que l'architecte ouvre vers l'intérieur et la lumière naturelle. Ou encore de l'immense construction sublimant un Bouddha haut de douze mètres comme naissant d'une colline artificielle plantée de lavande, l'intention du créateur semble universelle et hors du temps.
Tadao Ando s'est vu ainsi confier la réalisation de nombreux musées, écoles, théâtres, mais aussi temples, églises, chapelles. Il alterne ces constructions institutionnelles avec des programmes d'habitation aussi ambitieux que les résidences Rokko I, II et III, à Kobe, qu'il intègre avec audace dans une colline présentant une pente de 60 degrés.
Dans l'île musée de Naoshima, ce sont plusieurs musées que l'architecte fond dans le paysage déjà somptueux de ce bout de terre escarpé situé dans une mer intérieure de l'archipel nippon.
Saluons à cet égard la scénographie extrêmement réussie de cette splendide rétrospective où l'on peut voir les dessins, les plans, les maquettes et de petits films pour presque chaque bâtiment, le spectaculaire grand triptyque vidéo consacré à Naoshima où le film accéléré de la construction de la colline du Bouddha d'Hokkaido.
L'interview de Tadao Ando par Fréderic Migayrou, commissaire de l'exposition et qui a dirigé le beau livre catalogue, précise les axes de recherche et les intentions de ce grand architecte, aujourd'hui justement célébré et qui n'a pas fini de surprendre. Un événement muséal rare et dépaysant.
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