
ACI Group : la justice accorde un sursis
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De gauche à droite: Jean-Louis Peyren (chimie), Carlos Tunon (Filpac), Stéphane Flégeau (métallurgie), Sophie Binet, secrétaire générale, Fabrice Coudour (énergie), Philippe Thibaudet (verre), Julien Huck (agroalimentaire), Hassen Nassi (textile)
Avec la régularité d'un métronome, la CGT actualise sa liste noire des plans de licenciement en France et la remet aux chefs du gouvernement qui se succèdent à Matignon depuis bientôt un an et demi. En mai 2024, la carte recensait 130 plans de licenciement. Dix-huit mois plus tard, la jauge est montée à 483. Soit 107 582 emplois directs menacés ou supprimés, dont 46 560 pour la seule industrie, selon le syndicat. De Gabriel Attal à Sébastien Lecornu en passant par Michel Barnier et François Bayrou, « aucune mesure n'a été prise par ces quatre Premiers ministres successifs », dénonce lors d'une conférence de presse Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, entourée de sept dirigeants de fédérations industrielles (chimie, imprimerie, métallurgie, énergie, verre, agroalimentaire et textile). Devant l'inconséquence coupable de l'État, la CGT annonce la tenue de ses rencontres du Made in France, le 12 mars 2026, à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), siège de Duralex. L'objectif : « Rassembler celles et ceux qui veulent produire local et agir global, montrer les réussites que les salariés ont réussi à arracher et mettre en avant tout ce qui empêche de généraliser ces bonnes expériences », explique Sophie Binet.
En attendant, les représentants syndicaux ont alerté une fois de plus sur la vague de désindustrialisation en cours dans leurs champs respectifs et ont dénoncé les ravages de la politique de l'offre menée par Emmanuel Macron depuis son accession au pouvoir. « Cette politique du chèque en blanc aux multinationales s'est traduite par une explosion des aides publiques et donc, par une explosion de la dette. Des réformes structurelles ont affaibli les droits des travailleurs, le résultat, c'est qu'il n'a jamais été aussi facile de licencier. En parallèle, le taux de marge des entreprises a atteint un record à 32 % en 2024, contre 28 % en 2013. Or, cette marge sert essentiellement à augmenter la rémunération des actionnaires puisque les dividendes ont augmenté de 75 % alors que l'investissement n'a augmenté que de 25 % », dénonce Sophie Binet. Parmi les exemples récents qui alimentent la chronique, l'annonce chez Nokia de ruptures conventionnelles collectives qui concernent 427 salariés dans un secteur pourtant stratégique, la cybersécurité ; le Groupe ACI en redressement judiciaire, avec à la clef 1 450 emplois ; un plan de suppression de 80 % des effectifs chez Erasteel dans l'Allier ; le verrier Owens Illinois qui raye de la carte 316 emplois… La liste n'est pas exhaustive. Stéphane Flégeau, secrétaire général de la CGT Métallurgie fait ses calculs : « Plus de 10 000 emplois sont menacés en 2025, avec d'énormes restructurations dans la filière automobile, la sidérurgie. Ces suppressions d'emplois affectent tout un territoire, c'est toute une vie économique et locale qui est laminée. Une fois qu'une usine ferme, ça ne repousse pas. Et ramener de l'activité industrielle, c'est compliqué. »
De son côté, Jean-Louis Peyren, pour la Fnic-CGT (industries chimiques) s'inquiète des regroupements des laboratoires d'analyse biologique. « Vous allez vous retrouver avec des départements où il n'y a plus qu'un ou deux laboratoires. » Lui aussi compte les morts au combat mené au nom d'une logique de profits effrénée. « Dans l'industrie pharmaceutique, 10 000 emplois ont été supprimés depuis 2022. Sanofi a supprimé plus de 12 000 postes en vingt ans. » Avec dans plusieurs secteurs stratégiques, une perte de souveraineté industrielle qui, hélas, n'est plus à démontrer. « Pourtant, des données économiques démontrent qu'il est rentable de produire en France. Selon l'Union des industries textiles, un produit fabriqué localement réinjecte 84 % de son chiffre d'affaires dans l'économie nationale, contre seulement 35 % pour un produit importé, en tenant compte des retombées économiques et fiscales. Un produit importé revient même 1,8 fois plus cher à la collectivité. Ignorer ces chiffres révèle un non-sens économique et social », bat en brèche Hassen Nassi, dirigeant de la CGT Textile-habillement-cuir et blanchisserie.
« Les seules bonnes nouvelles ont été arrachées grâce à la mobilisation des salariés et de la CGT », se console Sophie Binet, faisant référence à Valdunes, à la Fonderie de Bretagne, à la centrale de Gardanne, à Duralex, au vote de l'Assemblée nationale sur la nationalisation d'Arcelor, à Auchan où la CGT a gagné l'annulation du plan de licenciement de 2 400 personnes. « On a lancé cette liste noire dans le monde d'avant. Depuis, l'élection de Donald Trump rebat les cartes du capitalisme au plan international. Il est indispensable pour la survie de la France et de l'Europe de changer de braquet. Il faut relocaliser notre outil industriel pour répondre aux besoins des populations localement », assure Sophie Binet. Parmi les mesures que défend la CGT : une loi de programmation pluriannuelle pour l'industrie ; un moratoire sur les licenciements et un renforcement de la loi Florange (qui oblige toute entreprise de plus de 1 000 salariés qui veut fermer un site en France et/ou licencier ses salariés à chercher un repreneur) ; la nationalisation d'activités stratégiques ; le remboursement des aides publiques pour les entreprises qui font des bénéfices et qui licencient ; la réforme des tribunaux de commerce ; de véritables pouvoirs d'intervention accordés aux travailleurs ; l'adoption de la loi dite GM&S pour responsabiliser les donneurs d'ordre.

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