Où est passée la démocratie sociale ?
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Après les syndicats de site, de zone et les syndicats départementaux, voici venu le syndicat inter-entreprises. Comme son nom l'indique, cette nouvelle forme d'organisation made in CGT vise à regrouper des salariés, en particulier des isolés, ne disposant pas des moyens de se doter d'un syndicat au sein de la ou des entreprises qui les emploient.
Plusieurs raisons à cela qui vont de la taille de l'entreprise qui ne permet pas l'implantation légale d'un syndicat, à l’émiettement des collectifs de travail qui fait obstacle à la constitution d'un collectif de travail, jusqu'à la répression antisyndicale exercée par certains employeurs qui refusent farouchement aux salariés leur droit fondamental de s'organiser syndicalement. Le SIEMMVE (syndicat inter-entreprises pour Malakoff, Montrouge, Vanves et environs) doit permettre à ses quelque 220 adhérents actuels de s'affranchir de toutes ces contraintes.
Porté sur les fonts baptismaux de la bourse du travail de Malakoff (Hauts-de-Seine) lors de son congrès fondateur, le 20 février, en présence de Philippe Martinez (secrétaire général de la CGT) et de Gisèle Vidallet (direction confédérale), venus inaugurer ce temps fort du syndicalisme du XXIe siècle, le SIEMMVE est le fruit d'une longue genèse. « Depuis le congrès de l'UL de Malakoff en 2012, nous réfléchissions à une forme d'organisation multiprofessionnelle qui permette aux 20 % des salariés isolés syndiqués à l'UL ainsi qu'aux nouvelles formes de salariat (indépendants, ubérisés, auto-entrepreneurs, vacataires…) de s'organiser et d'agir avec les mêmes droits et selon les mêmes prérogatives légales que celles des syndicats d'entreprises traditionnels », explique Nawel Benchlikha, secrétaire générale de l'UL CGT de Malakoff.
C'est en étudiant les documents d'orientation issus des congrès confédéraux de la CGT que l'UL découvre la possibilité de se constituer en formes alternatives, depuis le syndicat de zone (commerciale, par exemple) à celui de site, en passant par le multiprofessionnel, le syndicat départemental ou encore, le fameux syndicat inter-entreprises. À la différence des quatre autres, ce dernier modèle n'avait jamais été mis en œuvre « alors qu'il semble répondre aux besoins et problèmes identifiés par l'UL », précise Nawel.
À savoir : organiser à une échelle locale des syndiqués et des salariés isolés, d'horizons très divers (EHPAD, construction, services, commerces) aux statuts multiples (vacataires pour des services publics et CDD ou CDI, indépendants, intermittents, intérimaires, migrants sans-papiers, auto-entrepreneurs, ubérisés…) ainsi que des retraités et des privés d'emploi.
Jusque-là, l'UL remplissait cette fonction de syndiquer ceux qui, n'ayant d'autre option, adhéraient à l'UL-CGT. Avec cette limite que ces adhérents-là n'avaient pas de droit de vote aux congrès de l'UL, aucune prise sur ses orientations et sa vie syndicale et par ricochet, aucun moyen de peser au sein de leur entreprise faute de pouvoir se présenter aux élections professionnelles. « Il fallait donc adapter la CGT à leurs besoins en termes d'organisation syndicale spécifique pour qu'ils bénéficient d'une qualité de vie syndicale adaptée à leurs réalités et aux évolutions des formes d'emploi », précise Nawel.
« Avec le SIEMMVE, nous disposons désormais d'un lieu et un outil pour définir ensemble nos revendications spécifiques et ne plus rester isolés », a ajouté Moïse Ramier, secrétaire général du SIEMMVE élu à l'unanimité lors du congrès fondateur du 20 février. « Le SIEMMVE ne se veut ni ne doit être un syndicat administratif, mais un outil à la disposition de tous ses adhérents », a-t-il ajouté, avant d'énoncer les orientations phares fixées pour la première mandature du SIEMMVE :
Autant de moyens pour faire du SIEMMVE un syndicat de combat et de conquêtes sociales.
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